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Outfit

Slowness

Outfit - Slowness
Chronique Album
Date de sortie : 15.06.2015
Label : Memphis Industries
35
Rédigé par Julien Soullière, le 15 juin 2015
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Après Django Django il y a quelques mois, voici maintenant venu le temps d'Outfit. Bien qu'armés d'une popularité moins acérée que celle dont jouissent leurs cousins, eux aussi ont été salués par la critique à l'heure de leur premier disque, et sont aujourd'hui de retour avec un second opus dans leur aumônière.

On prend souvent comme point focal le deuxième album d'un groupe pour juger de sa qualité réelle, de son potentiel de pérennité. Difficile de trouver cela anormal tant la popularité d'un artiste lors de sa première sortie, surtout si elle a été précédée d'attentes, parfois démesurées d'ailleurs, peut en devenir aveuglante, empêchant tout un chacun de voir au-delà des bordures de la galette suivante. Mais en vérité, sortir un disque est toujours, tout le temps, partout, un exercice délicat pour qui souhaite faire les choses proprement.
La complexité, c'est qu'il faut avancer sans aller jusqu'à se perdre, se faire plaisir sans se parjurer, savoir être simple sans en devenir simpliste. Outfit n'en sont qu'au début de leur histoire, mais semblent avoir compris la démarche. Déchargés de toute pression, ils évoluent en douceur, restent bien à l'ombre des modes et des exigences FM, et nous servent un disque certes maniéré, mais en tout point accessible. Un petit exploit.

On le disait à l'instant, Slowness est apprêté. Mais à quelques rares exceptions près (les assauts électroniques qui habillent l'arrière-plan de New Air sont agaçants, de même que les effets qui travestissent la voix de Thomas Gorton sur Genderless), tout ceci apparaît comme plutôt raffiné et globalement équilibré. A la manière du plus célèbres des cowboys solitaires, on se dirige vers l'horizon à dos de canasson, laissant sans aigreur le premier LP du groupe derrière nous pour le troquer contre de nouvelles contrées musicales. Exit les territoires électro-surf allègrement explorés par Performance (I Want What's Best, Thank God I Was Dreaming), Slowness joue à fond les ballons la carte piano-bar, abusant des ambiances cosy et des instrumentations feutrées qu'ont pour habitude de déployer Wild Beasts. Comme chez ces derniers, tout est fait avec parcimonie et en nuances, et s'il n'est pas ici question d'harmonies vocales (Gorton est le seul maître chanteur), la voix est également érigée au rang de personnage principal. Homogène, Slowness laisse à ses morceaux le temps de déployer leurs ailes, au risque de nous donner cette impression étrange que le disque dure plus longtemps que ça n'est réellement le cas.

Et quand un disque nous donne cette impression, c'est qu'il lui manque quelque chose. Le pouvoir de synthétiser pour mieux ménager ses temps forts et s'éviter d'avoir à remplir du vide. En somme, ce petit truc qui fait la différence entre un très bon et un excellent album. Slowness est diablement soyeux, parfaitement consciencieux, mais pêche parfois du côté de la justesse (New Air, Genderless, ou encore Happyness). A défaut de rejoindre le liste des inoubliables de l'année en cours, le disque aura donc au moins fait bonne impression.
tracklisting
    01. New Air
  • 02. Slowness
  • 03. Smart Thing
  • 04. Boy
  • 05. Happy Birthday
  • 06. Wind or Vertigo
  • 07. Genderless
  • 08. Framed
  • 09. On the Water, on the Way
  • 10. Cold Light Home
  • 11. Swam Out
titres conseillés
    Smart Thing, Cold Light Home, Swam Out
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