The Chap

Comme si le monde de la musique ne regorgeait pas d'assez de timbrés, comme si leur discographie n'était déjà pas assez prolifique, comme si l'électro-rock expérimentale nécessitait que l'on repousse encore ses frontières, The Chap ont décidé de remettre ça. Le groupe « européen » d'origine britannique revient avec un septième album, The Show Must Go, dont la particularité est de contenir pas moins de dix-sept titres. Écoute d'un ovni conceptuel.

Il faut d'emblée préciser que certains titres n'excèdent pas les vingt secondes, ce qui réduit quelque peu l'ampleur de cet album. Il faut attendre la cinquième chanson pour redécouvrir pleinement les l'esprit insensé de ce groupe. Le titre parle de lui-même : Joy In Depression est un morceau sur lequel le groupe alterne entre voix cold et hurlements punk, guitares dissonantes et piano classique.



A dominante rock, cet album explore des recoins du genre : une basse saturée de distorsion se mélange parfois avec des arpèges classiques comme sur Guitar Messiah. La voix ne sert pas qu'à énoncer des paroles politiquement engagées. Les deux minutes cinq secondes qui composent Jammer sont d'ailleurs animées par des enchaînements d'onomatopées étonnantes sur fond de guitare furieuses.

He'd Rather Die, He's Getting Ready et Hey Youth soulignent néanmoins que le groupe n'a rien perdu de son esprit rock. Traduisant le sentiment d'urgence que le groupe souhaitait insuffler à ce disque, les guitares sont matraquées à vitesse phénoménales, presque occultée par les cymbales rugissantes d'une batterie martelée en continue.



L'album s'achève littéralement sur une note de larsen, à l'image de ce disque décousu, déstructuré et anti-conventionnel au possible. Que peut-on en retenir néanmoins ? Le concept est relativement intéressant, rafraîchissant du moins. L'inconvénient d'alterner entre des sonorités parfois à la limite de l'audible et des chansons de rock pur, est que l'aspect expérimental, pourtant audacieux, se transforme en sorte de mélange incompréhensible et guère emballant.

Quelques chansons se distinguent au milieu de ce flot de notes rugissantes et dissonantes. The Chap livrent ici un album correct mais pas franchement voué à la postérité. Intéressant sans être passionnant, conceptuel sans être troublant, The Show Must Go n'échappera probablement pas à la règle de ses prédécesseurs, qui sont bien vite tombés aux oubliettes.