Lusts

Nous avions rencontré Lusts, pour la première fois, lors du Record Store Day 2015 au Pop-Up du Label à Paris. Invités à se produire sur la scène de la salle située sous la coulée verte René Dumont dans le 12ème arrondissement de Paris, le duo issu de Leicester avait fait très forte impression. Andy et James Stone, frères de leur état, sont encore très jeunes mais déjà sûrs de leur style et de leurs ambitions. Signés sur 1965 Records (on se souvient que James Endeacott signa les Libertines à leur début), Lusts sortent ce mois ci leur premier album, intitulé, Illuminations ; un nom bien inspiré.

Même imprégné d'une certaine noirceur – celle qui, paradoxalement, a fait de la musique des années quatre vingt une période créatrice lumineuse – Illuminations est un disque qui fera du bien au moral des quadras comme à celui des plus jeunes ; ceux que l'on aperçoit, depuis quelques temps, cheveux peroxydés, imper trop courts et lunettes rondes sur le nez. Nostalgie pour les uns, sensation de découverte pour les autres, la musique de Lusts s'identifie facilement à des groupes comme Echo And The Bunnymen, New Order et, surtout, The Cure.

Certains grincheux diront qu'ils ont tout pris au son et aux effets de guitares entendus sur Seventeen Seconds, mais ce serait aller un peu trop vite dans le constat. Bien sûr, les vidéo clip sépia tournés sur de vieilles caméras VHS ne laissent aucun doute quant aux références distillées dans ce premier album, mais Andy et James Stone possèdent ce talent qui permet, comme à tout artiste (relativement parlant), de faire du neuf avec du vieux.
Les titres Sometimes, Temptations ou Illuminations ne laissent aucun doute quant à la qualité musicale et aux idées qui animent les frères Stone. La new wave et le shoegazing réunis donnent à leurs titres le souffle nécessaire pour faire briller leur culture musicale tout en rénovant la maison eighties, de fond en comble. Quant au titre, le douzième de l'album, clôturant Illuminations, Mouthwash, il recèle un final en opposition avec son entame, une fois le curseur de la time line avancé de deux minutes ; une fin de titre cachée après un long silence. Sympathique, mais peut-être inutile...

Produit par MJ du groupe psychédélique Hookworms dans son studio de Leeds, Illuminations tient son nom du recueil de Rimbaud, Les Illuminations, que le plus jeune des frères a offert, dans sa version française (une erreur), à son ainé. Un coup de projecteur néo romantique réjouissant sur les sombres quartiers de Leicester. Lusts for Life ?