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Lusts

Paris, Le Pop-Up du Label - 18 avril 2015

Live-report par Olivier Kalousdian

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Record Store Day. Dans tout Paris et dans de nombreuses autres villes du monde les concerts « découverte » sont aujourd'hui légions et, le plupart du temps, gratuits. Au Pop Up du Label, pas moins de quatre groupes sont programmés à partir de 19h : Cabuco, Burning Peacocks, Lusts et Babe, soit deux français et deux britanniques.

Dans un tout petit volume exploitable devant une scène tout aussi intime, le Pop Up du Label fait salle comble et toutes et tous ne pourront pénétrer à l'intérieur, profitant jusqu'au bout du soleil qui brille à l'extérieur. S'il y a peu de choses à dire sur le premier group en lice, Cabuco et son kaléidoscope d'influences qui distille les rythmes de la pop music des années 90, les Burning Peacocks provoquent un intérêt plus soutenu de la part du public. Est ce lié à leur style, très en vogue surfant sur une french touch froide et synthétique issue des Taxi Girl et autres Jacno et récemment remis au goût du jour par La Femme ou Aline ? Est-ce lié à la beauté froide et au charisme immobile de leur chanteuse, la magnétique Alma Jodorowsky (petite fille de...) ? Toujours est-il que celle qui officie également en tant qu'actrice (notamment aux cotés de Léa Seydoux dans « La vie d'Adèle » d'Abdellatif Kechiche) attire tous les regards, à défaut de convaincre par une voix très intériorisée. Leur premier EP, composé de quatre titres, arrivera tant bien que mal à nous transporter dans leur univers pop psychédélique et souvent mélancolique. Synth-pop, priez pour nous.

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Andy et James Stone ont une idée bien précise de la musique qu'ils composent et qu'ils font résonner sur scène depuis quelques mois à peine. Nés dans les années 90, mais amateurs de musiques des années 80, les deux frères Stone n'ont encore qu'une poignée de titres à offrir et, déjà, certaines compositions renvoient au meilleur de leurs aînés : The Cure, Echo And The Bunnymen... Autant de références prestigieuses que Lusts ne renient absolument pas et modernisent, même. À deux sur scène, aidés d'une technologie qui n'existait pas à l'époque de Robert Smith et Ian McCulloch, Lusts jouent un rock déterminé, ouvert à des influences englobant new wave et krautrock, et ce avec une assurance rare pour un duo qui s'est formé en septembre de l'année dernière ! James Endeacott, patron du label 1965 Records qui a rapidement signé le duo, est lui-même de la partie en ce Record Store Day à Paris.

Débutée au Point Éphémère, cette journée musicale particulière a démarré tôt pour Lusts et leur acolyte de 1965 Records dont la ressemblance avec Robert Herbin et sa coupe de cheveux légendaire ne souffre que d'une différence poids notable, mais parfaitement assumée chez l'Irlandais. Avec un premier set donné à 14h sur la scène du Canal Saint-Martin et à raison d'une bouteille de vin à l'heure, le staff entourant Lusts ne déroge pas à l'image que l'on se fait d'Anglais en goguette à Paris à l'heure où les prémices du printemps prennent des allures de plein été.

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Sometimes, Waves mais surtout Cross, titre instrumental au rythme en constante élévation qui lorgne à la fois du coté du krautrock et de The Cure, période Seventeen Seconds, vont mettre tout le monde d'accord : les groupes anglais ont décidément la science du rock infuse et sont plus prompts à intellectualiser leurs riffs que leurs textes et leur tenues de scène. Illuminations et Temptation, deux titres qui fleurent bon New Order et les années 85, verront même un James Endeacott déchaîné monter sur scène avec ses deux poulains dans une gigue des vendanges mémorable !

Babe est le dernier à se produire ce soir. Un nom assez mal trouvé pour un groupe inclassable. Venus de Glasgow, Londres, Bruxelles et Bordeaux, ce quatuor pop électronique à fortes composantes funky (certains membres font partie de Frànçois and The Atlas Mountains) pratique un style difficile à appréhender, pour ne pas dire incompréhensible notamment dans la partie vocale portée par Gerard Black. Aériens et baroques, les chants s'inspirent, toute proportion gardée, d'un Klaus Nomi dans des harmoniques qui passent de l'aigu au suraigu dans un flow tout en break qui vient gâcher un style musical parfois non dénué d'intérêt et que s'escriment à mettre en avant de ce que beaucoup considèrent comme des cris étouffés, des musiciens au talent certain.

Chaleur, convivialité et engouement non démenti pour les cassettes et vinyles en vente au merchandising, la journée du Record Store Day aura été, une fois de plus, l'occasion de rendre hommage à tous ces artisans du rock qui, bon gré mal gré, tentent de vivre et survivre dans une industrie du disque en pleine mutation.