Kula Shaker

Cette année 2016 vient dès ses premiers jours nous rappeler à la nostalgie avec le grand retour de plusieurs formations brillantes des années 90. Aujourd'hui, c'est Kula Shaker, mené par le spirituel Crispian Mills, qui propose rien de moins qu'un K 2.0, référence direct à son premier album, K, et plus grand succès à ce jour. Très discret ces dernières années depuis Pilgrim's Progress, dernier album du groupe, sorti en 2010, tentons de voir si les Londoniens relèvent le lourd défi proposé.

Il est difficile d'évoquer Kula Shaker et son leader Crispian Mills sans faire allusion à un trait récurent dans la carrière des Londoniens : l'Inde en général et sa spiritualité en particulier ; sorti en 96, K faisait éclater au grand jour les influences orientales, en osant même des paroles en sanskrit (Govinda ou encore leur immense tube Tattva). Malheureusement, le groupe splitte très vite et c'est en 2005 qu'il décide d'une reformation. Depuis, les succès sont plus que mitigés et coup de poker, les Anglais annoncent non seulement un K 2.0 mais aussi une tournée (sold out à Berlin, Paris, Bruxelles ou encore Londres), événement rarissime s'il en est.
L'album a été présenté il y a quelques semaines grâce à un premier single, Infinite Sun, qui vient renouer avec les sitars et les ambiances rock 60's. Il faut bien avouer que retrouver le timbre nasillard de Mills n'aura jamais été aussi plaisant.

Outre les références à l'Inde, que ce soit dans les sonorités (Infinite Sun, Oh Mary ou encore Mountain Lifter) ou les évocations aux mantras (Hari Bol), Kula Shaker nourrit substantiellement ce K 2.0 de rock psychédélique tout droit sorti des 60's (Oh Mary) à gros coups de guitares en reverb'. Ce qui étonne un peu plus, c'est cette référence omniprésente à la culture musicale américaine de la même époque ; à l'écoute de Death Of Democracy ou 33 Crows, on penserait même à certains moments à du Dylan old school (la voix nasillarde y est également pour quelque chose, il va sans dire) bien teinté d'americana et d'une tantinet de blues.

Finalement, le défi de ce K 2.0, vingt années après l'album originel, est plus que réussi. La spiritualité et l'attrait pour la culture indienne n'ont pas faibli et l'intérêt pour le chant polyphonique indien ou les prières sous forme de mantras parsèment cet album. A la manière d'un Cornershop, l'ésotérisme en prime, Kula Shaker marie les cultures et relie l'Orient à l'Occident à l'instar de ce Mountain Lifter qui clôt K 2.0. Crispian et sa bande reviennent donc en force, avec un album solide qui promet une tournée excitante.