Après quelques frayeurs et une reprogrammation due à des soucis de santé de Crispian Mills, leader de
Kula Shaker, la soirée Gonzaï aux relents kaléidoscopiques et psychédéliques pouvait enfin prendre place à la Maroquinerie avec une pièce en trois actes.
Le premier, face à un public épars, à chauffer la salle est
Judah Warsky, remplaçant Baston initialement prévus. Le Français, ancien membre de Turzi, manie avec espièglerie et poésie la langue française, à la manière d'un Philippe Katerine, n'hésitant pas à faire rimer « Bruxelles, capitale de l'Europe » avec « trompes de Fallope ». Uniquement accompagné de ses claviers et autres machines, Judah Warsky ne se démonte jamais, même lors de quelques ratés qu'il prend avec philosophie. Ses beats lancinants et son humour cynique seront la première des réjouissances de cette soirée, dont les sets ne cesseront d'aller crescendo.
La scène est rapidement envahie par des énergumènes affublés de capes de Nosferatu, de lunettes de soleil vintage et autres foulards de diseuse de bonne aventure et un joueur de sitar s'assoit au premier rang : le set de
The Loved Drones s'annonce de haut vol ! Les membres de cette secte loufoque délivrent un rock psychédélique à souhait, parfaitement dans le thème de ce qui s'ensuivra. Les longues plages instrumentales laissent parfois place à des mantras psalmodiés par un Mark E. Smith version psyché. Seul bémol de ce set enivrant : la durée, bien trop courte !
La mise dans l'ambiance pour la suite va être progressive ; alors qu'un parfum d'encens boisé commence à hanter les lieux et que l'écran sur la scène diffuse des images ésotériques, la musique indienne commence à retentir.
La venue de
Kula Shaker à Paris, il faut bien l'avouer, paraissait presque inespérée pour les éternels fans du groupe le plus psyché des 90's. L'annonce d'une soirée Gonzaï avec Crispian Mills et sa bande en tête d'affiche a donc fait exploser les préventes et rapidement, le concert a affiché complet. C'est donc dans une Maroquinerie pleine comme un œuf que les Anglais débarquent sur scène avec un grand sourire sur le visage.
Crispian Mills, chanteur et frontman, semble ne pas avoir pris une ride depuis la sortie de leur premier album,
K, il y a maintenant vingt ans de cela. Venus célébrer l'arrivée dans les bacs de
K 2.0, ils comptent bien offrir à leur public un set digne de l'attente. Comme une « messe hindouiste » façon rock psychédélique, Kula Shaker joueront près d'une vingtaine de titres, n'oubliant pas les
Grateful When You're Dead / Jerry Was There,
303,
Tattva ou encore
Mystical Machine Gun de la grande époque, pour la plus grande joie des fans surexcités. Les titres du dernier album ne sont pour autant pas oubliés et
Mountain Lifter et
Infinite Sun, premier single présenté, marquent des temps forts du set. L'ultime rappel sur
Govinda, chanson entièrement en sanskrit, reprise en chœur par le public nous fera comprendre le pourquoi de l'excitation autour de cette soirée : Kula Shaker, même s'ils ne sont jamais devenus des incontournables de la scène UK des 90's, sont un groupe exceptionnel en live.
Les guitares sont puissantes et les riffs appuyés, les titres catchy et inspirés et surtout, les musiciens sont visiblement ravis d'être sur scène face à un auditoire qui le leur rend bien. Il nous aura donc fallu vingt ans pour voir enfin sur scène les auteurs du fantastique
K mais force est de constater qu'au vu de la performance de Kula Shaker, les attentes ont été pleinement comblées.
Cette Gonzaï party aux accents de spiritualité aura été une franche réussite et aura mérité l'engouement suscité.