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Fear Of Men

Fall Forever

Fear Of Men - Fall Forever
Chronique Album
Date de sortie : 03.06.2016
Label : Kanine Records
35
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 6 juin 2016
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Loom, le premier album de Fear Of Men faisant suite à leurs Early Fragments, fête à peine ses deux ans que le trio nous revient avec un nouvel album qui, semblerait-il, aurait dû être prêt depuis déjà plusieurs mois si ce n'était pour leur sens du détail. Tout venant à point à qui sait attendre, et après écoute, on ne saurait comment leur reprocher ces délais supplémentaires. Tout droit venue des rives de Brighton, l'indie pop éthérée de Fall Forever est plus électronique que celle de son prédécesseur, plus aboutie aussi, en ce qu'elle apparaît comme si le groupe avait finalement trouvé l'identité qui leur sied au mieux.

Vesta, premier morceau de cet album à la tension presque religieuse, confirme, après Alta sur Loom, le penchant du groupe pour les introductions minimales. A la différence peut-être que Vesta pousse, elle, à ses extrêmes les intentions de Fear Of Men qui livrent d'emblée leur composition la plus épurée, hantée par les échos des envolées vaporeuses, presque lugubres de Jessica Weiss. Le retour de la guitare de Daniel Falvey ne se fait tout de même pas attendre bien longtemps, et apparaît sur Undine. Elle est cette fois-ci distordue à l'extrême, frôlant le rendu d'un synthé, faisant de Fall Forever un album délicat et planant, quand bien même boite à rythme et batterie entament un dialogue passionné sur la réussie Until You. La voix claire de Jessica n'est non plus étrangère au maintien de cette atmosphère, y compris sur les morceaux emprunts d'une pop bien plus rythmée comme Trauma. C'est par ces biais que Fear Of Men parviennent à proposer un ensemble cohérent de bout en bout, dont l'harmonie remarquable prévaut par-delà les digressions rythmiques.

Pour autant, et voyant cette délicatesse mélodique, il faut toujours voir plus loin dans l'œuvre d'un groupe qui tire, tout de même, son nom de l'androphobie. Les relations amoureuses que content les morceaux de Fall Forever sont des plus instables, oscillent perpétuellement entre idéalisation, voire fusion (« I want to build a world with you / You're the one I want, you're the one I need ») sur Vesta et dissociation des êtres (« I don't need what I left behind, I don't need to please you this time ») sur Erase (Aubade). L'album n'est pas tant celui d'un amour heureux que de la reconquête d'une indépendance menacée par de violentes passions qui opèrent sur les plans tant spirituels que physiques, comme le chante Jessica Weiss sur A Memory (« Free from flesh / You're a memory, you're divine »). Celles-ci ne trouveront d'ailleurs pas forcément résolution ici, prenant la forme de tourments cycliques, jamais entièrement repoussés. Onsra agira ici comme la deuxième composante de la structure en miroir qu'elle établit avec Vesta (« I don't need you, I don't want you so much »), sans que l'on ne sache vraiment si celle-ci est vouée à se répéter, une fois de plus, ou non.

Ce qui relève davantage d'une certitude, c'est que Fear Of Men atteignent ici avec Fall Forever de nouveaux sommets, forgés par une simplicité sublimée par ce minimalisme prononcé. Quant à nous, il nous reste sans doute - encore - à poursuivre la recherche de ces détails dissimulés que cet effort continue de révéler d'écoute en écoute
tracklisting
    01. Vesta
  • 02. Undine
  • 03. Island
  • 04. A Memory
  • 05. Until You
  • 06. Ruins
  • 07. Trauma
  • 08. Erase (Aubade)
  • 09. Sane
  • 10. Onsra
titres conseillés
    Island, Until You, Trauma
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