On le sait, ce n'est pas vraiment une nouveauté, la Route du Rock est un des, si ce n'est le, meilleur(s) festival de France. Sa programmation à la fois pointue, accessible et pertinente en fait l'un des rares festivals défricheurs de l'hexagone (avec les Transmusicales ou Nuits Sonores). Depuis quelques mois, la Route du Rock a lancé, via sa récente agence de booking, des concerts estampillés dans les salles parisiennes. C'est ainsi que nous avons l'occasion de voir les formidables Jeff The Brotherhood ou The Babies à l'Espace B. Dans leur roster, ils ont également l'un des secrets les mieux gardés (pour l'instant) de l'indie pop britannique : Fear Of Men. Preuve que le groupe avait séduit lors de sa première venue parisienne en première partie de The Pains Of Being Pure At Heart, de nombreuses personnes croisées à cette occasion sont revenues ce soir.
C'est à 23h que le concert commence finalement, les premières parties ayant pris beaucoup de temps. La salle s'est d'ailleurs légèrement vidée, je suppose qu'une bonne fraction était venue pour les groupes français. Malgré la faible densité, l'ambiance est plutôt chaleureuse et assurément bienveillante, le groupe anglais est attendu. La bande à Jessica Weiss met vite le pied à l'étrier avec deux de leurs meilleures chansons,
Your Side et surtout
Doldrums, une manière efficace de mettre tout le monde dans sa poche.

Une nouvelle bassiste est venue remplacer (définitivement d'après leurs dires) celle rencontrée au Trabendo, renforçant ainsi l'atout charme du groupe. Assurément, les esthètes mâles de l'Espace B n'y sont pas insensibles. Le concert se poursuit avec l'essentiel des chansons qu'on leur connaît, notamment
Ritual Confession, toujours extraordinaire et tube du groupe. Fear Of Men profitent de la seconde partie du set pour mettre un peu de nouveauté, notamment avec
Waterfall et
America, inconnues au bataillon. Ces titres font bonne impression et annoncent un album intéressant (et qui se fait attendre).
Fear Of Men, à l'instar de Veronica Falls, font partie de ses rares groupes britanniques purement indie pop au potentiel crossover à pouvoir se sortir d'un microcosme souvent bien trop orthodoxe. Si, évidemment, leurs références sont assez évidentes (ce n'est pas un hasard si le groupe interprète le classique
Pink Frost des Chills, reprise pas essentielle par ailleurs) il le fait avec suffisamment de subtilité. Fear Of Men termineront ce soir leur set sur l'excellente
Green Sea et un mignon rappel guitare/voix.

Si la taille de salle joue un rôle, la musique de Fear Of Men donne l'impression d'être intime avec celle qui l'a composée, qu'elle est en train de la jouer à vos côtés dans une chambre d'étudiant. Leur humilité et leur accessibilité contribue également beaucoup à cet effet. TOut cela donne envie de s'approprier leur musique et de la défendre.