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Wild Beasts

Boy King

Wild Beasts - Boy King
Chronique Album
Date de sortie : 05.08.2016
Label : Domino Records
4
Rédigé par Julien Soullière, le 2 août 2016
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2016 est une année anniversaire pour Wild Beasts, car en novembre prochain, leur Brave Bulging Buoyant Clairvoyants fêtera sa première décennie. En autant de temps, les petits gars de Kendal auront su se faire une place de choix sur la scène indépendante britannique, non sans affirmer une identité musicale forte et rafraîchissante. Pédants ? Non. Maniérés ? Oui, ce qui n'a jamais empêché presse et public d'accueillir chacune des sorties du groupe avec une franche bienveillance, même lorsque celui-ci se décida, en 2014, à rectifier quelque peu son assaisonnement (via une incorporation plus nette de l'électronique sur Present Tense). Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement. C'est ce qu'on dit. Et alors, concernant Wild Beasts, on en est où, aujourd'hui ?



Boy King chagrinera sûrement celles et ceux qui n'en peuvent plus de voir des guitares abandonnées sur les aires d'autoroute. Il pourra déplaire à celles et ceux qui peinent à utiliser leurs dix doigts lorsque vient le moment fatidique de dénombrer les groupes en activité et auxquels ils jugent encore possible d'adosser le terme « rock ». Pas que Boy King ait muselé les six-cordes en son royaume (elles donnent du cœur à l'ouvrage, tels des pneus qui écorchent le bitume, sur Though Guy et Eat Your Heart Out Adonis), mais ce nouvel opus persiste clairement dans la trace d'eau écumante, faite de boites à rythmes et autres synthétiseurs, laissée par son prédécesseur. Mieux encore, Boy King la prolonge pour que s'écrive sa propre histoire.

Car il souffle sur ce nouvel opus une atmosphère rétro-futuriste qui lui est propre. Jamais chez Wild Beasts l'enchevêtrement entre des sonorités si profondément actuelles et des consonances synthétiques d'un autre temps n'avait été aussi marqué. Jamais non plus le groupe n'avait fait preuve de si peu de retenue, extériorisant plus qu'à l'habitude ses aspirations les plus libertines. Moins lyrique, plus pop, Boy King est assurément l'album le plus primaire, charnel et fiévreux de la formation anglaise, et si la seule voix de Hayden Thorpe nous évoquait déjà bien des choses, la voilà maintenant qui soupir sans pudeur (Eat Your Heart Out Adonis) et qui s'associe à un groove racé pour mieux nous donner de crasses envies de jouissance (Get My Bang).



D'aucuns diront des effluves érotiques qui émanent de Boy King qu'elles s'accompagnent d'une bonne dose de testostérone. Difficile de leur donner tort, tant les indices s'accumulent, du nom de l'album aux titres et passages de certains morceaux (Tough Guy, Celestial Creatures, et autres « Alpha female, I'll be right behind you »), en passant par la preuve de virilité la plus flagrante : avec Alpha Female et He The Colossus, Wild Beasts décochent les titres les plus athlétiques de leur carrière.

Sans mauvais jeu de mot, la chose est donc plutôt excitante, mais ce qu'elle gagne en immédiateté, elle le perd inévitablement en profondeur. Boy King, c'est du sexe sans les préliminaires. C'est très bon là où ça aurait pu être franchement excellent. Le reproche pourra paraître des plus légers, et en vérité, il l'est. Ceci dit, Wild Beasts nous avaient tellement habitués à cette rasade de « pas comme les autres », à cette place finalement pas si inconfortable entre les deux eaux, qu'on éprouve forcément une louchette de manque à l'heure de faire les comptes. A moins que la grave et délicate Dreamliner (et ses chœurs qui nous rappellent le pas si lointain Wanderlust) nous fasse changer d'avis. On ne sait plus. Décidément, un coït a de quoi vous faire perdre la tête.
tracklisting
    01. Big Cat
  • 02. Tough Guy
  • 03. Alpha Female
  • 04. Get My Bang
  • 05. Celestial Creatures
  • 06. 2BU
  • 07. He The Colossus
  • 08. Ponytail
  • 09. Eat Your Heart Out Adonis
  • 10. Dreamliner
titres conseillés
    Alpha Female, Eat You Heart Out Adonis
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