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2:54
Wild Beasts

Paris, Point Éphémère - 19 mai 2011

Live-report par Amandine

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Un peu plus d'un an après leur premier passage à Paris, Wild Beasts reviennent ce soir dans un Point Ephémère pris d'assaut pour nous présenter leur magnifique nouvel album, Smother. La salle annonce complet depuis de nombreuses semaines déjà et il nous tarde de voir éclore en live toutes les promesses annoncées par cette nouvelle sortie.

 

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C'est vers 20h30 que débute la première partie, sobrement nommée 2:54, en référence au passage préféré d'un morceau des Melvins des deux sœurs à l'origine du projet : Hannah et Colette Thurlow. L'une est à la basse tandis que l'autre opère au chant et à la guitare. Elles sont ce soir accompagnées d'un batteur et d'un deuxième guitariste.
Visuellement, le premier constat est qu'elles ne paient pas de mine : les cheveux ébouriffés, une tenue négligée, on se retrouve plongés au milieu des 90's et du grunge. Musicalement, c'est un peu la même chose ; rien qui n'ait déjà été fait maintes fois : de gros riffs, une batterie binaire et un chant monocorde. Les entames sont parfois hésitantes et pas toujours très justes. La voix rauque est envoyée avec beaucoup de réverb', comme pour masquer un manque de maîtrise. 2:54, c'est en fait un rock primaire pas forcément désagréable mais tout de même assez rapidement ennuyeux. Les morceaux s'étirent beaucoup trop, avec une répétition couplet/refrain à n'en plus finir.
Si les sœurs réclament leurs influences du côté de Kyuss, Mazzy Star, The Kills ou encore PJ Harvey, nous retrouvons plus de Garbage ou Hole des belles années.
Souffrant d'un manque d'inspiration et de contrôle, cette première partie ne restera pas dans les annales.

La salle est maintenant pleine comme un œuf et jamais il n'y a fait si chaud ; pour une fois, les trop nombreux flyers distribués à l'entrée servent à autre chose qu'à encombrer les poubelles : des éventails de fortune pour éviter de tourner de l’œil.
La scène est enfumée, les lumières se tamisent et le temps semble en suspens quand arrivent sur scène les très attendus Wild Beasts.

 

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On les avait quittés l'an dernier après la sortie de leur deuxième album, Two Dancers et le live n'avait fait qu'accroître tout le bien que l'on pensait d'eux. Il y a quelques semaines, Smother est arrivé dans les bacs et nous a fait découvrir le virage down tempo amorcé par le groupe sur cet album très atmosphérique, beaucoup moins dansant que le précédent, mais plus canalisé. Le constat le plus flagrant est que leur son s'est beaucoup étoffé et, pour obtenir un rendu acceptable sur la tournée, ils ont dû faire appel à un cinquième membre, une frêle jeune fille, Katie Harkin de Sky Larkin, cachée presque hors scène, principalement préposée aux claviers.
Ils entament leur set sur des morceaux de Smother, tout en finesse, en douceur et en intensité retenue. On comprend qu'ils ont réussi à faire encore mieux que précédemment : la voix d'Hayden Norman Thorpe, toujours aussi cristalline, paraît comme un instrument maîtrisé à la perfection tandis que Tom Flemming, visiblement plus sûr de lui qu'auparavant, a acquis une technique impressionnante lui permettant de tenir autant de place au chant que son blondinet de collègue.

Selon les chansons, le ressenti est totalement différent : si Albatross ou Lion's Share nous embarquent et nous font dodeliner de la tête, lorsque vient le moment de We Still Got The Taste Dancing On Our Tongues et Hooting And Howling, un peu plus tard dans la soirée, nous prend alors une furieuse envie de danser. Parce qu'en plus d'exceller dans leur performance, Wild Beasts tiennent une setlist parfaite sachant alterner quand il le faut les titres planants et ceux plus rythmés. Le public montre de plus en plus son enthousiasme, faisant voler en éclats les préjugés sur Paris.
Il fait chaud, de plus en plus chaud, trop chaud... nous sommes collés contre les bras moites de nos voisins mais tant pis, les deux vocalistes mènent d'une main de maître leurs compositions. Comme toujours, c'est empreint de délicatesse et de sensibilité, c'est frissonnant, émouvant et envoûtant... les qualificatifs nous manquent. L'ambiance si particulière est renforcée par un jeu de lumières énigmatique, ne laissant que rarement l'occasion aux spectateurs de voir le visage des membres du groupe.

Le temps d'un rappel avec All The King's Men, une clôture, comme on pouvait l'imaginer sur End Come Too Soon et que dire de plus si ce n'est que Wild Beasts ont frappé très fort ce soir !
setlist
    Plaything
    Loop The Loop
    Deeper
    We Still Got the Taste Dancin' On Our Tongues
    The Devil's Crayon
    Invisible
    Albatross
    This Is Our Lot
    Bed Of Nails
    Reach A Bit Further
    Hooting & Howling
    ---
    Lion's Share
    All The King's Men
    End Come Too Soon
photos du concert
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