Gallops

On ne l'avait franchement pas vu venir. C'était en 2013, quelques jours à peine après leur prestation remarquée à la Maroquinerie de Paris. Sans plus d'explications, les auteurs de Yours Sincerely, Dr. Hardcore avaient tiré leur révérence sous les yeux rouges et ébahis des quelques amateurs qui avaient vu en Gallops les hérauts d'un post-rock désormais sous perfusion. Mais il n'y a que les idiots pour rester sur leur position, et 2016 restera l'année de leur reformation. Ce choix n'a pourtant rien d'opportuniste : tout intéressant qu'il est, le groupe reste finalement des plus confidentiels. Si rétropédalage il y a eu, c'est au nom de la seule et unique raison : Mark Huckridge, Liam Edwards et Brad Whyte sont faits pour écrire et jouer ensemble.


Ce qui fait d'un groupe qu'il est remarquable, c'est qu'il n'y a besoin d'écouter que quelques secondes de l'un de ses morceaux pour savoir, à y mettre sa main à couper, que ce dernier est de lui. Gallops n'ont ni inventé la musique, ni le mariage entre basiques rock et fulgurances électroniques. Ils n'ont pas l'apanage des cassures de rythme, des explosions sonores qui succèdent aux crescendos, et ne peuvent, bien sûr, se targuer d'avoir mis en évidence que raffinement et sauvagerie pouvaient cohabiter au sein de la même pièce musicale. En vérité, ce qu'ils ont pour eux, c'est ce qu'il y a de plus important à l'heure de l'hyper-choix : une signature.

Cette dernière s'exprime par le biais d'éléments multiples. Il y a tout d'abord cette vélocité remarquable, qui s'apprécie de bout en bout et maintien l'auditeur en état d'urgence permanent. Il y aussi ces éléments sonores parfois anodins (les chœurs robotiques qui hantent Actual Landscapes et Graverobber, les gloussements électroniques qui émaillent les débuts de Crystal Trap, ces aboiements menaçants qui appuient la férocité de Darkjewel, les râles hypnotisants qui suintent du glaçant Meta), mais qui sont autant de briques d'importance dans le solide mur bâti pat Gallops. Il y a enfin cette hybridation constante entre tout ce que le rock a de féroce et ce que la darkwave a d'intimidant, un métissage tout aussi constamment dynamité par la culture musicale du groupe Anglais, qui ne se prive pas de nous faire lever la tête vers les étoiles (l'incroyablement inspirant Pale Force rendrait jaloux 65daysOfstatic) ou de nous amener aveux eux sur la piste de danse (Graverobber est définitivement le morceau le plus groovy du groupe).


Incandescent, ambivalent, intelligent, Bronze Mystic est le nouveau hold-up d'un groupe en pleine possession de ses moyens. Rempli de morceaux vivaces qui ne durent que le temps de l'histoire qu'ils ont à raconter (nul besoin d'enchaîner les morceaux de dix minutes pour exister), le second album de Gallops devrait en toute logique survoler sa catégorie... si tant est qu'on veuille vraiment la définir.