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Benjamin Clementine

I Tell A Fly

Benjamin Clementine - I Tell A Fly
Chronique Album
Date de sortie : 29.09.2017
Label : Virgin EMI
3
Rédigé par François Freundlich, le 18 octobre 2017
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Faisant suite à son premier disque récompensé par le Mercury Prize en 2015, Benjamin Clementine nous prend par surprise en proposant I Tell A Fly, album concept de folie douce, narrant l'histoire de deux mouches amoureuses, parcourant le monde et livrant un regard sur sa décrépitude. Nous retrouvons le songwriter plus inventif que jamais avec des compositions aux influences multiples et aux orchestrations plus que complexes.

Benjamin Clementine a du batailler avec son label pour pouvoir sortir ce disque personnel et sans concession, s'inscrivant à mille lieux du confort radiophonique de compositions plus accessibles de son premier disque At Least For Now. Ce « Now » est révolu, Clementine nous plonge ici au beau milieu d'un opéra baroque où sa voix chaude et grave se mêle à ses propres chœurs en falsetto. Des incursions de clavecin s'échappent du foisonnement d'orchestrations. On imaginerait aisément cette musique jouée sur scène par des personnages en costume, ayant presque l'impression en l'écoutant, qu'il manque un spectacle vivant à regarder. Il est compliqué de pénétrer dans ce disque, cela nécessite une écoute pleine et attentive tant I Tell A Fly semble venir d'une autre planète. Pourtant, c'est bien de la jungle de Calais dont il est question sur God Save The Jungle terminant sur une reprise de God Save The Queen, ou des enfants migrants déplacés d'Alep sur Phantom of Allepoville. Il n'oublie pas son pays d'adoption, la France, et ses égarements nationalistes, sur Paris Cor Blimey ou le mot Pen est utilisé comme un double sens.

On retrouve Benjamin Clementine rageur, rappelant parfois Screaming Jay Hawkins tentant de nous jeter un sort. Chaque instrumentation semble provenir d'une époque différente, sonnant au final comme une mixture rococo intemporelle de pop synthétique contemporaine, musique baroque, film de vampire angoissant des années 1920, ou musique classique du 19ème siècle avec cette reprise de Clair de Lune de Debussy sur Paris Cor Blimey. Arrivé sur la fin de l'album avec des titres incantatoires comme One Awkward Fish, on a parfois l'envie d'arrêter d'écouter pour cause de surmenage cérébral. Nous voilà perdus, lâchés comme si on regardait passer un train étrange sans pouvoir y prendre un ticket. On frôle l'indigestion sur un disque parfois trop chiadé, intellectuel, donnant parfois l'impression à l'auditeur non averti d'être trop idiot pour comprendre. Heureusement, quelques passages plus simples comme le piano-voix de Quintessence possèdent toujours cette simplicité touchante, délaissant ce trop plein de manière pour parler davantage à notre cœur qu'à notre cerveau.

Cet entretien avec Benjamin Clementine se vendra, comme il l'avoue lui-même, certainement moins que son premier album. Le géant bizarre aux intonations lancinantes et aux textes poétique tente de nous décrire la manière dont il perçoit le monde : cela peut être fascinant ou rébarbatif mais ne laissera pas indifférent. Le songwriter s'est transformé en metteur en scène. On serait curieux de voir une adaptation scénique prenant la forme d'un opéra romantique à la mode italienne du début du 19ème sièce. Où la folie prendrait le dessus sur tout.
tracklisting
    01. Farewell Sonata
  • 02. God Save the Jungle
  • 03. Better Sorry Than a Safe
  • 04. Phantom of Aleppoville
  • 05. Paris Cor Blimey
  • 06. Jupiter
  • 07. Ode from Joyce
  • 08. One Awkward Fish
  • 09. By the Ports of Europe
  • 10. Quintessence
  • 11. Ave Dreamer
titres conseillés
    Quintessence, Better Sorry Than A Safe, God Save The Jungle
notes des lecteurs
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