Jessie Ware

S'il y avait quelque chose que l'on ne pourrait retirer à Jessie Ware, c'est sa capacité à avoir chanté tous les amours avec justesse et intensité sur ses trois premiers albums. En effet, Glasshouse, la plus récente addition à cette trilogie, n'échappe ainsi pas à la magie de l'anglaise, qui après le tourmenté Tough Love livre un album qui sonne à l'inverse profondément apaisé, inspiré de ses relations avec son mari et sa fille - dont la naissance a coïncidé avec l'écriture de ce nouvel album.

Midnight, le premier extrait de Glasshouse, oscille entre pop vaporeuse et éclats soul, le tout accompagné de glorieuses harmonies vocales envolées. Le ton de l'album est ainsi donné, comme plus aérien encore que ces prédécesseurs, plus divers et orné d'incessantes variations sonores qui lui donnent toute sa splendeur. Le duo Thinking About You et Stay Awake, Wait For Me use ensuite d'une production minimaliste qui offre une place de choix à la voix de Jessie Ware, l'instrument essentiel de l'artiste, qu'elle semble d'ailleurs manier avec une assurance toute nouvelle. Ware n'aura pas attendu ce troisième album pour rencontrer son public, au moins conquis par Say You Love Me sur son précédent effort. Pourtant, Glasshouse résonne déjà différemment, et dès sa première moitié ; comme une œuvre dont la création aurait été guidée par un supplément de confiance et de sincérité émotionnelle qui permet au talent de l'artiste de rayonner pleinement.

Comme tout effort qui sait ménager son suspense, c'est dans sa seconde partie que Glasshouse révèle ses qualités principales, usant à merveille du nombre et de la diversité des compositeurs avec lesquels Jessie Ware a collaboré. Si ce troisième album la voit évoluer dans des registres amoureux qu'elle a déjà exploré, elle le fait avec d'autant plus de profondeur que les sonorités et les mots leur étant associés sont devenus pluriels. Selfish Love, produite entre autres par Cashemire Cat et Benny Blanco, se pare ainsi d'un air presque théâtral de bossa nova qui la distingue singulièrement de l'ensemble. Slow Me Down repose, elle, sur un R&B langoureux et un rythme bien plus lent, qui initie une cadence nouvelle pour le dernier quart de l'album. Une dernière partie qui, construite avec attention, culmine sur Sam, une ode délicate et touchante à la famille de l'artiste. Osant s'extirper d'une monotonie qui pouvait affecter ses efforts précédents, Glasshouse réussit ainsi à devenir, plus que des chansons, un album captivant qui ne cesse de se révéler jusqu'à son dernier morceau.

Pari ainsi réussi pour l'artiste, qui évitant les carcans de la pop trop facile dans lesquelles elle aurait pu tomber, magnifie un peu plus son art dans ce Glasshouse qui résonne comme l'ouverture d'un nouveau chapitre pour Jessie Ware. Un chapitre qui trouve à merveille son équilibre entre l'artiste et son entourage musical, et laisse évidemment présager le meilleur pour la suite à venir.