Adoubée tant par la presse que le public outre-Manche suite à la sortie de son second album
Tough Love l'année passée, Jessie Ware construit a contrario sa carrière avec patience de l'autre coté de la Manche. Après une première apparition au Trabendo en septembre dernier, la chanteuse anglaise effectuait cette semaine son retour dans la capitale, en clôture de sa tournée sur le continent, dans la salle du Trianon pour le Festival A Nous Paris Fireworks 2015.
En guise de première partie, les jeunes pousses de
Burning Peackocks assurent une jolie mais peu mémorable prestation d'une petite trentaine de minutes, le temps d'égrainer quelques huit titres d'obédience folk face à une salle patientant patiemment. Un changement de plateau plus tard, la salle partagée entre trentenaires confortablement installés aux deux balcons ou une assistance plus jeune et féminine en fosse peut montrer son enthousiaste lorsque les lumières s'éteignent. Les quatre musiciens de l'anglaise peuvent alors prendre place devant un voile affichant en fond de scène le nom et prénom de la tête d'affiche du soir, appelée à apparaître quelques dizaines de secondes plus tard sous les applaudissements de la salle alors que
Running a été entamée par son groupe.

Habillée de noir, à l'image des quatre jeunes hommes l'accompagnant à la guitare, basse, batterie et claviers, et présentant sa queue de cheval désormais caractéristique, Jessie Ware ne mettra ce soir pas plus d'une chanson pour faire la démonstration de son talent vocal, salué comme il se doit par la salle une première fois durant
Champagne Kisses. Probable conséquence de la diffusion en direct de sa prestation sur Fip, l'anglaise semble toutefois quelque peu crispée durant les premières minutes, préférant ainsi se consacrer sur ses interprétations que sur l’interaction avec son public. Un reproche toutefois gommé au fil des minutes, la jeune femme semblant plus décomplexée au fil des minutes et n'hésitant plus, à intervalle régulier, à multiplier les tirades ou notes d'humour et d'affection envers une salle appréciant grandement son comportement des plus chaleureux.
La setlist proposée ce soir, dans la lignée de celles présentées tout au long de sa tournée entamée début 2015, se veut classique mais comportera toutefois une surprise de taille : évoquant la Saint-Valentin et remerciant par la même occasion celles et ceux ayant choisi de la célébrer en sa compagnie, Jessie Ware s'excuse de ne pouvoir jouer le titre
Valentine du fait de l'absence de Sampha mais se fait pardonner en proposant sa dernière composition en date,
Meet Me In The Middle, extraite de la Bande Originale du film Fifty Shades Of Grey. Un slow envoûtant et tout en retenue introduisant à merveille le très attendu
You & I (Forever).

Si l'on aurait aimé que les interprétations de l'anglaise se révèlent plus libres vis à vis de ses enregistrements studio, et surtout que les envahissants choeurs entendus sur de nombreux titres soient assurés par une choriste plutôt que des pistes pré-enregistrées, la montée en puissance assurée tout au long du concert est à saluer. Après une entame un peu lente et trop ancrée dans les 80s, la fin de la prestation est quant à elle exempte de tout reproche. Du sensuel
Sweetest Song ponctué par une ovation du public au tube
Wildest Moments, en passant par le moderne
Want Your Feeling, rythmé et dansant, la voix de Jessie Ware fait des merveilles dans une salle conquise.
Qu'importe si la prestation s'achève sur
Say You Love Me sans rappel, une habitude chez elle, ou que certaines de ses compositions récentes semblent parfois un peu lisses ou pencher vers le mainstream, Jessie Ware aura ce soir fait la démonstration d'un talent et d'une aura indéniables.