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Jessie Ware

Londres, The Boston Arms - 22 février 2012

Live-report par Vincent Poisson

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Parmi les nombreuses soirées organisées par le magazine anglais NME au mois de février, on remarquait que la soirée du mercredi 22 avait pour particularité de se dérouler dans un lieu bien moins connu que les autres. Ce lieu, c'est le Boston Arms, un pub du nord de Londres disposant d'une salle suffisamment grande pour rassembler deux ou trois cent personnes. Bien loin du Koko ou autre Roundhouse, ce pub n'en est pas moins accueillant, en témoigne le prix plume de la pinte de bière.
Ce n'est pas un hasard si la salle est plus petite que d'habitude car ce soir le NME a invité Jessie Ware et Alabama Shakes, formation récemment révélée par Internet et aussi rapidement par la presse musicale anglaise qui en a fait son chouchou de la nouvelle année. Les cinq membres du groupe s'apprêtent à vivre leur première escapade en dehors de leur pays d'origine, les États-Unis, où ils donnent depuis quelques mois des concerts en Alabama ainsi que dans plusieurs grandes villes. Leurs débuts prometteurs n'ont fait que renforcer cette popularité naissante.

Aussi impatient que l'on pouvait être d'entendre Alabama Shakes jouer les chansons de leur premier album, il ne fallait pas pour autant perdre de vue Jessie Ware, délicieuse anglaise choisie comme première partie de soirée. Vous n'avez sûrement jamais entendu parler d'elle, et c'est bien normal, sa carrière de chanteuse débute tout juste. Pour preuve, elle donne ce soir là son premier concert à Londres, ville qu'elle connaît bien, elle habite d'ailleurs à Brixton, dans les quartiers sud. Ses premiers pas dans un studio, elle les a fait avec SBTRKT, avec qui elle a eu la chance de collaborer l'an dernier. Plus récemment, elle fut auteure de deux singles, Strangest Feelings et Running, soit la promesse d'un premier album rempli de pépites.
Sur scène, elle oublie vite le trac pour livrer une prestation surprenante, loin de l'idée que l'on peut se faire d'un premier concert. Autour d'elle, ses musiciens assurent, apparemment ravis de montrer au public le fruit des répétitions. Trente minutes de concert suffisent à nous convaincre que l'on assiste peut-être à la naissance d'une grande artiste. Ses chansons pop, soutenues par sa voix soul, oscillent parfois vers le jazz, à la recherche d'un son chaud et entraînant. Du haut de ses vingt-sept ans, SBTRKT ose déjà la comparer à Aaliyah, tandis que d'autres l'imaginent faire aussi bien que feu Amy Winehouse. Nul doute que cette année 2012 apportera à la nouvelle venue son lot de réussite, mais aussi de médiatisation.

Après une première partie de cet acabit, le public n'en attent pas moins de la tête d'affiche de la soirée, j'ai nommé Alabama Shakes, fiers de jouer dans une salle complète, performance peu anodine pour un groupe débutant. Leur arrivée déclenche cris de joie et applaudissements de la part d'un public ayant manifestement apprécié leur premier EP, pourtant sorti discrètement l'an dernier alors que nos jeunes américains étaient encore inconnus. Sur les cinq membres que compte le groupe, on aurait presque tendance à oublier les musiciens s'ils ne se démenaient pas pour suivre la cadence infernale imposée par Brittany Howard, chanteuse et véritable pile électrique. Celle-ci puise dans ses racines afro-américaines pour écrire des textes touchant et pleins d'humanité, chantés avec entrain, d'une telle force que ses montées dans les aigus nous transporte jusqu'aux portes du gospel. La seule faiblesse d'Alabama Shakes réside dans des compositions un peu faibles, guitares, batterie et basse ne suffisant pas à donner un peu de fraîcheur à leur son, et laissant le goût amer d'un manque de variété. Leur set s'achève après une heure quinze de show et un rappel ponctué d'une reprise réussie de Led Zeppelin, How Many More Times.

C'est en avril que le groupe sortira son premier album, l'occasion de justifier une fois de plus toutes les attentes placées en eux.