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Noel Gallagher's High Flying Birds - Who Built The Moon?
Chronique Album
Date de sortie : 24.11.2017
Label : Sour Mash Records
2
Rédigé par Claire, le 24 novembre 2017
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Un jour, il y a très longtemps, ma merveilleuse cousine m'a dit « tu achèterais le nouvel album de Noel Gallagher même s'il jouait avec Rika Zaraï ». J'avais balayé cette assertion d'un rire gras d'adolescente qui croit que son héros ne rate jamais rien. Manque de chance : le point Zaraï est atteint ce vendredi avec la sortie de Who Built The Moon?.

Car oui, comme l'a récemment déclaré Noel Gallagher, les fans de la première heure vont se scinder en deux : ceux qui détestent mais achèteront quand même l'album parce que Noel Gallagher reste leur héros, celui qui bercé leur jeunesse (et qu'il chantera de toute façon Don't Look Back In Anger en live) et ceux qui vont aimer parce que c'est Gallagher Senior mais l'auraient détesté si c'était venu d'un autre groupe ou de son frangin. Là n'est pas le principe pour le « Chief » : le but étant de conquérir ceux qui n'aimaient pas Oasis à la base. Le but, dans ce cas précis, pourrait bien être atteint.

Car que dire de cet album ? Chacun y cochera ce qui lui convient : des lyrics tenant péniblement la route / une réverb montée à son niveau maximum sur chaque titre/ trop d'instruments mélangés sur une même chanson rendant l'ensemble brouillon et anarchique/ des clochettes, des foutues clochettes façon bande son de Love Actually / un manque d'émotions auquel le mancunien nous avait pourtant habitué depuis vingt-cinq ans / des paroles parfois susurrées / un manque cruel de guitares. Soyons réaliste, Noel Gallagher tente de nous vendre un album dont lui-même ne semble pas bien convaincu et le côté synth-pop / techno-dance / mauvaise copie des Chemical Brothers lui va aussi bien qu'un manteau en fausse fourrure rose bonbon H&M sur le dos de Theresa May. On accusera le passage au demi-siècle, une mid-life crisis un peu costaud, une fille qui atteint la majorité et d'un seul coup vous fait passer le cap de l'andropause, des fans qui encensent votre frère qui, en mode Phoenix renaissant éternellement de ses cendres, publie un album de très bonne facture et en deux tweets trois photos rallie ses « parka monkeys ».

Mais revenons à l'objet de la discorde. Who Built The Moon?, c'est onze titres et un bonus track. La moitié est déjà sortie depuis quelques semaines, que ce soit en single ou en live. L'album ouvre sur Fort Knox qui, pour le coup, convient bien comme premier titre : il met les pieds dans le plat et à sa façon, est relativement rock n'roll. Suit Holy Mountain qui avec ses inspirations Plastic Bertrand laisse dubitatif mais devient une de ces chansons qu'on finit par écouter en boucle. Sans aucun doute l'un des meilleurs titres de l'album avec Keep On Reaching. Son côté Northern Soul sous acides avec trompettes, chœurs, batterie efficace et refrain facilement chantable en live (« Can you keep a secret ? ») est plutôt plaisant. De même que If Love Is The Law où on ose enfin se dire « ça y est, on a du Noel Gallagher ». Enfin, jusqu'à l'apparition des clochettes et cette sensation désagréable d'une Christmas song par un boys band.

Dans la lignée des titres déjà diffusés, on retrouve It's A Beautiful World qui avec ses intonations The Prodigy / Chemical Brothers nous fait revenir en 1995. Dommage que le refrain soit sans saveur et plat. Et qu'on y retrouve des paroles, en français, semi-ésotériques, sur le réchauffement climatique. « Avant-Garde is French for bullshit », Oasis nous l'avait diffusé sur grand écran à Wembley en 2000. Noel a dû l'oublier. She Taught Me How To Fly aussi est finalement décevante, plus Top 50 que Stone Roses, des paroles répétitives sans grande couleur, dispensable. Quant à Be Careful What You Wish For, elle aspire à être Come Together. La caution Beatles se prend toujours. On sera surtout déçu des effets sur la voix de Noel qui la rendent méconnaissable. Black And White Sunshine laisse dubitatif : un mélange de Oasis époque 1993 et de REM. Passons les deux instrumentaux Interlude (Wednesday Part 1) et End Credits (Wednesday Part 2) qui, pour le premier, conviendra en bande sonore chez Nature et Découvertes pendant que l'autre ressemble aux musiques en accès libre pour création de powerpoint. Heureusement, le titre éponyme est plutôt correct et conclut l'album sur une touche positive.
Reste la bonus track, la lumière au bout du tunnel qu'est cet album, la démo live Dead In The Water, le clin d'œil de Noel à ceux qui l'aiment version guitare acoustique / voix / piano. Et laissera ceux rêvant encore à une reformation d'Oasis avec ces paroles : « I've been thinking about the days when we had no money, the photograph of you still seems funny ».

Malgré tous ses défauts, et même si nous étions sans chemise, sans pantalon, nous continuerons d'écouter et d'aller voir Noel Gallagher en concert. Parce que l'erreur est humaine. Parce que le symbole est plus fort qu'un album en demi-teinte. Parce que Noel Gallagher.
tracklisting
    01. Fort Knox
  • 02. Holy Mountain
  • 03. Keep On Reaching
  • 04. It's A Beautiful World
  • 05. She Taught Me How To Fly
  • 06. Be Careful What You Wish For
  • 07. Black And White Sunshine
  • 08. Interlude (Wednesday Part 1)
  • 09. If Love Is The Law
  • 10. The Man Who Built The Moon
  • 11. End Credits (Wednesday Part 2)
  • 12. Dead In The Water (bonus track)
titres conseillés
    Fort Knox - Holy Mountain - Keep On Reaching
notes des lecteurs
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