Noel Gallagher's High Flying Birds

Dix ans de carrière en solo. Oui, 10 ans de carrière (Seulement ? Déjà ?) pour Noel Gallagher's High Flying Birds, car c'est bien de ce groupe que nous allons parler le temps de cette chronique de la première compilation Back The Way We Came : Vol 1 (2011 - 2021).

Il semble que dans tout article traitant d'un frère Gallagher, le glissement vers les références à un passé glorieux soit généralement de coutume. Or, et c'est bien le souci, 50% de ces écrits occultent l'objet même de l'article, tant continuer de parier sur la reformation providentielle semble indissociable de toute nouvelle production d'un frère ou de l'autre.
Dès lors, du passé faisons table rase (du moins le temps de cet article) pour évoquer cette première compilation montée par Noel Gallagher lui-même. Une décennie passée semble un moment propice au bilan d'étapes et en effet, nous retrouvons au travers des dix-huit titres de ces disques le chemin parcouru et surtout l'évolution du son de Noel.

La version de base propose une rétrospective qui tape réellement dans le mille. Chronologiquement présentée, nous retournons en 2011 lorsque, avides de nouveautés, nous découvrions avec bonheur et soulagement le projet solo de Noel Gallagher.
Noel Gallagher's High Flying Birds proposait une entrée en matière des plus convaincantes tant les hits se succédaient. Le génie des textes de Noel, sa maitrise des harmonies toutes dévouées à cette pop-rock mélodieuse plus ou moins dynamique selon les titres, nous faisaient oublier quelques déconvenues survenues un soir d'été 2009. Vous y étiez vous aussi ? Cela crée des liens...

Deux ans ont suivi et le successeur Chasing Yesterday, comme un message subtil mais ferme sur ce à quoi s'attendre, persistait dans cette lignée qui faisait quasiment passer le disque dans la catégorie des classiques du genre. Ces deux années ont également vu se succéder de nombreuses prestations live des High Flying Birds avec un Noel toujours sage sur scène mais jamais avare en parlotte, le public répondant présent en déversant sa traditionnelle pluie de cannettes de bière. Nous étions alors confortés dans l'idée que nous aurions toujours un « fucking good Gallagher's record » à nous mettre sous la dent.


Puis vint un jour glacé de novembre 2017 le troisième album Who Built The Moon. L'exercice n'étant pas de réécrire l'histoire, ce disque audacieux pour certains, incompréhensible pour d'autres, a eu le mérite de faire sortir l'ami Noel de sa zone de confort et de le laisser s'adonner à de nouvelles activités teintées de disco/dance/electro. Mais cela ne rendait pas forcément hommage à sa voix timide et n'allait pas dans le sens des propos qu'il a toujours tenu sur le côté désuet voir totalement « bullshit » (pas besoin de traduction) de la musique de boîte. S'en suivirent trois EP aux pochettes contestables qui confirmèrent la reconversion sonore de Noel Gallagher vers des univers aux beats aussi étourdissants que déconcertants.

Dès lors, notre compilation se trouve concrètement scindée en deux : le premier disque nous projetant avec délice sur la période des deux premiers albums, les tubes tels Everybody's On The Run, AKA... What A Life! , Ballad Of The Mighty I ou If I Had A Gun... rappellent pour ceux qui l'oublieraient à force de se noyer dans les nombreux propos dispensables de Noel ici et là que ce dernier maitrise son art. Ce premier disque se clôture sur un inédit qui étonnamment, nous prouve que le musicien n'oublie pas d'où il vient : We're On Our Way Now, bien qu'entouré de ces chœurs un brin pompeux, offre la balade pop parfaite où la guitare retrouve sa place.


Le second disque consiste en une rétrospective de ce que l'on peut appeler la phase deux des High Flying Birds : sans aucune transition, le démarrage sur Black Star Dancing est abrupt et la suite rendra compte de la tendance pop electro-groovy avec laquelle Noel prend plaisir à jouer depuis quelques années maintenant. Des morceaux tels Holy Mountain, This Is The Place ou Blue Moon Rising ne sont pas dénués d'intérêt, loin s'en faut. Il est quand même appréciable, quelle que soit la digression sonore, de réaliser qu'un musicien se renouvèle et expérimente. L'honnêteté devant toujours guider une œuvre, à nous d'y adhérer ou non. Reconnaissons ici qu'il y a néanmoins matière à commenter.
Le deuxième inédit Fliyng On The Ground est une conclusion qui permet de préparer l'après Volume 1. Nous retrouvons les chœurs (dommage), et c'est tout de même un sentiment de déjà vu qui s'empare de nous. Cependant, malgré les arrangements à coup de violons et de trompettes qui alourdissent le tout, on retrouve la voix et ce sens de la mélodie qui touchent au but. On imagine déjà ce titre en live, en acoustique, et l'on sait que cela sera réussi.


Dix ans de carrière, donc. C'est généralement une très honorable première étape de franchie. De par les dires de Noel Gallagher dans la presse, l'envie, l'énergie et surtout malgré tous les vœux et autres candélabres brulés en faveur d'un retour aux sources, il semble que le groupe se dirigera vers un volume 2, soit une réponse claire et sans concessions aux pronostiqueurs de tous poils. La compilation Back The Way We Came : Vol 1 (2011 - 2021) et ses nombreuses versions Deluxe sont en tout cas une belle occasion de se rappeler que nous avons à faire à l'un des meilleurs compositeurs britanniques de ces trente dernières années, et de convertir quelques oreilles néophytes à l'école Gallagher. Une valeur sûre.