Chronique Album
Date de sortie : 09.02.2018
Label : Kobalt Music Recordings
Rédigé par
Solène Caudron, le 9 février 2018
Trois ans après le grand succès de l'album Glitterbug, notre trio préféré de Liverpool The Wombats revient en force avec Beautiful People Will Ruin Your Life, aussi pêchus qu'à leurs débuts, à l'heure où leur iconique tube Let's Dance To Joy Division souffle bientôt ses onze bougies.
On avait déjà eu un petit aperçu de l'enregistrement avec quelques titres dévoilés au compte-gouttes depuis novembre dernier, dont Lemon To A Knife Fight, qui annonçaient la couleur d'un album aussi psyché que délirant. Avec des clips farfelus s'apparentant grandement aux récits visuels ultra-caricaturaux qu'ils nous avaient offerts à l'occasion de l'album Glitterbug, ils ressortent une recette qui avait porté ses fruits avec l'histoire folle d'un citron envoyé par accident à un combat sanglant, ou encore d'étranges grand-mères bien dynamiques en cours d'aérobic pour illustrer le morceau Cheetah Tongue.
L'album s'ouvre d'ailleurs sur ce dernier qui nous plonge directement dans l'inimitable univers des Wombats. Excentricité et frivolité s'avèrent d'emblée être les maitres mots. Fluide, la mélodie à base de guitare électrique et de synthé est joliment travaillée, si onctueuse qu'on se laisse volontiers emporter dans sa vague légèrement tourbillonnante.
Si on y retrouve bien la signature du groupe, la construction musicale de cet album sonne indéniablement moins punk-rock que les précédents, s'affirmant plus électro-pop. Une prise de parti qui peut surprendre aux premières écoutes tant celles-ci paraitraient presque laisser un arrière gout fade au souvenir de leurs premiers disques énergiques.
Ce choix n'arrive pas non plus sans prévenir puisqu'il s'inscrit sur la même lancée que leur dernier album, dont les influences pop avaient attiré moult nouveaux adeptes. Les guitares déchainées laissent ainsi place à un son plus travaillé, plus propre, qui ne s'avère finalement pas moins dansant. Ice Cream fait partie des titres dont la recherche musicale est la plus intéressante, avec un refrain particulièrement prenant et bien que la voix du chanteur reste dans les graves, le synthé s'harmonise parfaitement avec des sons plus rock qui fondent comme la glace. White Eyes brille également, d'une mélodie plutôt intense faisant exceptionnellement grésiller le son de la guitare.
La plume décalée de leurs textes n'est pas délaissée, quoi qu'ils semblent laisser entrevoir un peu plus de maturité. Comme à son habitude, le trio n'hésite pas à nous parler d'insécurités mentales, les dédramatisant avec une bonne pointe de dérision comme Matthew Murphy sait si bien la transmettre de son timbre joliment fluet (on pense notamment à Anti-D de l'album This Modern Glitch, titre sur lequel il s'ouvrait sur son combat contre la dépression et l'anxiété). Dans le même genre, on retrouve Out Of My Head ou encore le fort d'ironie I Only Wear Black auquel il est très facile de s'identifier. L'album nous offre même des élans quelque peu sérieux, comme avec I Don't Know Why I Like You But I Do où Matthew Murphy expose sans sarcasme sinon avec simplicité une passion amoureuse naissante sous un groove tournoyant ma foi très efficace.
Si les morceaux de l'album sont globalement prenants, certains marqueront malheureusement moins les esprits, comme Dip You In Honey dont la musicalité est assez plate ou Black Flamingo qui laisse une impression de déjà-vu, qui plus est plutôt insipide.
Quoi qu'il en soit, c'est toujours avec grand plaisir qu'on retrouve la bizarrerie surréaliste du groupe. Les Wombats auront toujours le don de démocratiser la poésie des grands maux autant qu'ils les rendent plus légers ; et mine de rien, cette tactique est remplie de fraîcheur. Voici donc, mesdames et messieurs, un concentré de second degré à consommer sans modération !