The Wombats

Après une dernière tournée mondiale extrêmement longue, les Wombats s'étaient presque immédiatement mis à l'ombre des studios de Los Angeles et, surtout, de Londres. Deux ans durant ils ont préparé leur retour et ce troisième album très attendu, tant ce groupe a su transcender le rock anglais depuis son explosion avec l'inoubliable Let's Dance To Joy Division. Seuls rescapés de cette scène aux sonorités résolument adolescentes apparue outre-Manche au début des années 2000 - que reste-t-il des Kill The Young, Hard-Fi et autres Fratellis ? -, le trio de Liverpool n'a pas encore l'intention de rendre les armes.

Qualifié par leur leader Matthew comme étant leur album le plus personnel, Glitterbug vient donc à l'aube de ce printemps prendre la suite de This Modern Glitch. Zane Lowe a même eu le temps d'en faire la chaleureuse promotion avant son départ pour Apple, et force est de constater qu'il ne s'y est pas trompé. Le disque démarre sur un riff distordu dont la ressemblance avec celui de Heroes que nous avait offert le seigneur David Bowie en son temps n'est pas pour déplaire au trio. Ils y ajoutent d'ailleurs bien vite leur propre identité : couplet apaisé, choeurs aigus sur fond de synthétiseur années 80, refrain intensifié par une guitare acérée et le tout emmenant un texte sentimental « We crave the fiction when we need the truth ».

Confirmant leur capacité à produire des singles grand public, Greek Tragedy intervient donc en troisième position, ayant déjà rencontré un certain succès sur les réseaux sociaux, le trio distille ici sa recette favorite: des choeurs et claviers mélancoliques, une guitare et une batterie explosives, tandis que Matthew promène sa voix d'un extrême à l'autre. Isabel s'inscrit pour sa part dans la lignée des quelques précédentes ballades que les Wombats s'attachent à placer sur chacun de leurs albums à coup de synthétiseur légers, de batterie sourde emplie écho auxquels se joint une voix dont les accents rappellent parfois celle de Joseph Mount, chanteur de Metronomy.
Pour autant la deuxième partie du disque est quelque peu en retrait par rapport aux tonitruantes premières chansons, cependant The English Summer s'y distingue par ses sonorités guitaristiques peu communes pour le trio, bien moins pop qu'à l'ordinaire, qui s'apparentent par endroits à celles qu'ont pu utiliser les Arctic Monkeys.

Pour être honnête, lors de la première écoute de cet album, rien ne me laissait imaginer que je lui attribuerais une telle note, mais il faut bien reconnaître qu'après plusieurs écoutes, et à l'aune des performances scéniques du groupe, Glitterbug détient désormais une saveur particulière. Et n'en déplaise à ceux qui trouveront que les Wombats ne se renouvellent pas, se complaisent dans une musique juvénile, naïve et peu originale, ils auront probablement raison, mais c'est ce qu'ils font de mieux. Le retour à un peu de simplicité mélodique sur fond d'airs nostalgiques et mélancoliques le temps d'un album, dépasse finalement largement toutes ces considérations.