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The Wombats

Interview publiée par Fab le 6 novembre 2007

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Alors que le single Let's Dance To Joy Division est sur toutes les lèvres depuis quelques semaines, The Wombats s'apprêtent à publier ce mois-ci leur très attendu premier album. A cette occasion, Tord Øverland Knudsen et Dan Haggis s'entretenaient avec nous quelques heures seulement avant leur concert à la Maroquinerie de Paris...

Avant le concert de ce soir à la Maroquinerie vous avez déjà joué trois fois à Paris en l'espace d'une année, c'est une ville qui vous réussit bien ?

Dan : On adore venir ici ! C'est une ville magnifique mais c'est surtout l'accueil que nous réserve le public à chaque fois qui nous étonne... lors de notre dernier concert à la Flèche d'Or, la scène a été envahie par une partie du public qui voulait danser avec nous, c'était la première fois que cela nous arrivait.

Votre popularité est très récente en France, est-ce que vous pouvez expliquer comment le groupe a commencé pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Dan : Tout a commencé dans une école de musique de Liverpool il y a quatre ans. J'y avais rencontré Matthew lors de mon arrivée un an plus tôt et Tord est arrivé de Norvège puis nous y a rejoint par la suite... c'est donc ainsi que notre rencontre à tous a eu lieu. On a commencé par donner des concerts acoustiques dans des bars mais il n'était même pas question de groupe à cette époque, ce n'est qu'au bout de quelques mois que l'idée est née. On n'aurait jamais eu l'idée de monter un groupe lors de notre rencontre initiale mais au final...

Vous n'aviez donc jamais envisagé de vivre de la musique un jour ?

Dan : On n'avait vraiment aucun but quand on a commencé à jouer ensemble, c'était un hobby comme les autres. On aimait la musique et on voulait juste prendre du plaisir tous ensemble sans chercher plus loin. On le prenait comme une simple expérience au départ mais on a fini par réaliser qu'on était plutôt bon dans ce qu'on faisait et qu'il y avait une possibilité de faire un bout de chemin ensemble. J'ai arrêté de jouer du folk, Tord a quitté la demi-douzaine de groupes dans lesquels il jouait de la basse et on s'est mis au travail. Je pense que les choses sont devenues sérieuses au bout de deux années. Ainsi sont nés les Wombats...
Tord : J'ai commencé à réaliser l'importance du groupe quand on a commencé à partir en tournée au Royaume-Uni. On louait une petite voiture tous les trois, on remplissait le coffre avec tous les instruments et on partait à l'aventure. Et nous voilà maintenant en France !

J'ai entendu dire que votre intérêt pour les animaux vous a poussé à choisir le nom de The Wombats, vous pouvez m'en dire un peu plus ?

Dan : Tout a commencé après une soirée bien arrosée avec quelques amis. Je me suis levé le matin en étant encore saoul et j'ai commencé à jouer de la guitare et à chanter une chanson sur les chèvres... on est ensuite allés faire un tour dehors et on a vu une peinture du même animal dans une boutique qu'on a absolument voulu acheter. C'était une idée complètement stupide mais sur le moment on était tous d'accord. Dans les jours qui ont suivi on a donc décidé d'écrire de nouvelles chansons sur les animaux puis donner des concerts en espérant amasser un peu d'argent avec l'aide de nos amis... pour acheter le tableau en question. Notre passion pour les animaux s'est arrêtée là mais un jour j'ai écrit une chanson sur une personne tombant amoureuse de Wombo le wombat. C'était un personnage imaginaire parmi d'autres comme Donald l'alligator, Robert le rhinocéros... on aimait beaucoup ces idées à l'époque. Le jour où un organisateur de concerts nous a demandé notre nom on a donc repris un de ces animaux de manière temporaire. C'est du moins ce que l'on pensait à l'époque car on n'a jamais changé depuis !
Tord : Ca aurait pu être pire, on aurait pu prendre le nom de The Squirrels ou The Alligators !

Il vous a fallu près de deux années avant de signer chez 14th Floor Records, pourquoi ce label et non un autre ?

Tord : La personne en charge de la signature des groupes chez 14th Floor Records possède un petit label indépendant, Kids, sur lequel on a sorti nos premiers singles en édition limitée. Il aimait beaucoup notre musique et il venait très souvent nous voir jouer au quatre coins du pays... quand les choses sont devenues un peu plus sérieuses pour nous, que nos disques se vendaient bien et que nos concerts devenaient de plus en plus important il nous a alors proposé de rejoindre 14th Floor Records. On a reçu beaucoup de propositions de Polydor, B-Unique et même V2 mais aucune ne nous semblait suffisamment convaincante.
Dan : On connaissait déjà une partie des employés de 14th Floor Records et signer un contrat avec eux nous permettait de conserver une sorte de confort. On a fait le choix de la sécurité tout en conservant un contrôle total sur l'aspect artistique du groupe. On pouvait aller en studio quand on le voulait, choisir les artworks... tout cela était très important pour nous.
Tord : 14th Floor Records est un label de petite taille qui ne travaille qu'avec très peu d'artistes afin de pouvoir se consacrer totalement à ceux en activité. On connaît toutes les personnes qui s'occupent du groupe, depuis la secrétaire à la personne en charge du marketing. On sait qu'on peut téléphoner à leurs bureaux à n'importe quel moment et obtenir une réponse à notre problème dans la minute, ce qui est vraiment très appréciable.

Avec du recul, pensez-vous que la décision d'attendre si longtemps avant de signer avec une maison de disque était la bonne ?

Dan : Ca ne fait aucun doute. On a pu prendre tout le temps qu'il nous fallait pour progresser et développer notre musique dans la bonne direction. Pour être honnête, je ne crois pas qu'on était prêts à travailler de manière sérieuse avec une maison de disque à nos débuts... on a préféré attendre le bon moment et au final ça nous a plutôt bien réussi.
Tord : Peu de temps avant la signature du contrat on a commencé à réaliser qu'on ne pouvait plus continuer à raisonner de cette manière car on n'avait pas de travail et plus beaucoup d'argent pour vivre. On était tous les trois à Liverpool et nos études étaient une bonne excuse pour ne pas chercher un job, mais lorsque notre cursus a été terminé il a fallu aller de l'avant.
Dan : Durant quelques semaines on a donc été contraints de retourner chez nos parents et c'est là qu'on a compris qu'il fallait vraiment réagir ! [rires]

L'année passée vous avez sorti un premier album uniquement destiné au marché japonais, pourquoi ce choix ?

Dan : Ce n'était pas un album à proprement parler mais une compilation de la plupart des titres qu'on avait enregistrés depuis nos débuts. Un petit label japonais nous avait écrit pour nous proposer une collaboration de ce type et l'idée nous a plu.
Tord : Notre manager nous avait poussé à le faire. On a donc sélectionné quelques vieilles démos et enregistré un certain nombre de nouvelles idées qui n'étaient pas encore utilisées. Il n'y avait donc pas vraiment de cohérence interne dans ce disque mais il nous a permis de progresser et je pense que notre premier album n'aurait pas été aussi bon sans cette première expérience.
Dan : Le disque n'a pas connu un succès important mais on a quand même écoulé environ 2000 copies ! Ca n'a pas fait de nous des stars mais nos fans anglais de l'époque ont entendu parler du disque et ont cherché à tout prix à se le procurer, même s'il coûtait une fortune en import. Peut-être que dans cinq ou dix ans ce sera un objet de collection...

Votre popularité a pris une certaine ampleur depuis la sortie du single Let's Dance To Joy Division, pensez-vous que cette chanson a provoqué une sorte de déclic ?

Tord : Je pense que tout a commencé à changer avec Kill The Director, ne serait-ce qu'au Royaume-Uni. Pour la première fois une de nos chansons a été diffusée sur les radios nationales durant la journée, ce qui ne nous était encore jamais arrivé jusque là ! On n'a pas réalisé immédiatement l'impact de ce single car on était partis en tournée aux Etats-Unis durant quelques temps lors de sa sortie... à notre retour on a eu la chance de jouer au V Festival et on a vraiment eu une énorme surprise. On pensait jouer devant quelques dizaines de personnes mais il y a en avait des centaines qui nous attendaient et qui ont commencé à chanter les paroles avec nous. On avait décidé de commencer le concert avec Kill The Director ce soir là et je pense qu'on n'oubliera pas ce moment de sitôt.
Dan : Kill The Director nous a ouvert beaucoup de portes dans notre pays et Let's Dance To Joy Division a réalisé le même effet en France et en Europe. C'est un peu surprenant pour nous de voir à quel point les gens aiment cette chanson car elle n'a été écrite qu'une fois l'album enregistré... on l'a donc intégrée au dernier moment, c'était une surprise de dernière minute.

Parler de Joy Division dans le titre d'une de vos chansons, c'était un hommage à ce groupe ou une sorte de blague ?

Tord : On aime tous Joy Division mais d'un point de vue personnel je préfère New Order...
Dan : La chanson ne parle pas vraiment de Joy Division mais plutôt de Love Will Tear Us Apart... et elle n'a même pas été imaginée en ce sens ! Matthew a écrit les paroles après avoir passé une soirée complète à danser dans un club. Il y avait beaucoup de monde ce soir-là, on s'amusait tous vraiment bien et le DJ a joué Love Will Tear Us Apart. L'ambiance est montée d'un cran et tout le monde a commencé à monter sur les tables pour danser.
Tord : Il n'y a donc aucun rapport direct avec Joy Division, c'est un simple hasard... si les choses avaient été différentes ce soir là on aurait peut être écouté un autre groupe et on chanterait maintenant Let's Dance To Radiohead ! [rires]

La base de votre musique est une pop très enjouée... comment la décrieriez-vous ?

Dan : Je ne sais pas comment en parler car elle est née de la synthèse de toutes nos influences. Je pense qu'on a pris des éléments chez les groupes punks des 70s comme The Who avec une touche pop supplémentaire et des rythmiques très dansantes. D'un point de vue lyrique je crois que le contraste entre la musique et les textes tient beaucoup des Smiths. Pourquoi ne pas dire qu'on joue du pop punk indie rock ? [rires]

Votre premier album s'intitule A Guide To Love, Loss And Desperation. Est-ce que son titre synthétise les sujets qui vous sont les plus chers ?

Dan : Oui, ça me semble vraiment évident. Dans la vie de tous les jours ce sont trois états successifs que chaque personne est amenée à ressentir un jour ou l'autre : tu commences par tomber amoureux d'une personne puis tu la perds et c'est à ce moment que naît le désespoir... et la boucle recommence ! C'est la vie tout simplement.
Tord : Ce sont vraiment les trois thèmes principaux du disque mais il y en a beaucoup d'autres. On y parle notamment du fait de grandir et devenir adulte, de vivre des relations torturées ou de faire des rencontres un peu étranges, mais aussi de sujets qui touchent plus particulièrement les jeunes comme les fêtes, l'alcool et les filles.

N'avez-vous pas cherché d'une certaine manière à partager votre vécu avec vos fans via ce disque ?

Dan : Je suppose que oui car les textes sont inspirés de nos propres vies, on ne peut pas nier ça. Toutes les personnes de notre âge rencontrent les mêmes types de problèmes et je crois que nos chansons les touchent et qu'ils comprennent le message qu'on essaye de faire passer. L'interaction avec notre public est une chose qu'on apprécie plus que tout mais c'est surtout sur scène lors des concerts que cette complicité se crée. Même lors de nos premiers pas en tant que groupe on attendait avec impatience le jour où on pourrait jouer devant nos amis pour fêter ça tous ensemble. On veut que le public qui vient nous voir jouer puisse ressentir les mêmes choses que nous.

Vous avez enregistré de nouvelles versions de vos anciens singles pour ce disque, pourquoi cela ?

Dan : On a voulu partir sur de nouvelles bases pour l'album en enregistrant toutes les chansons sur une période de trois semaines. Je ne crois pas que le disque aurait été cohérent avec des chansons vieilles d'un an et des nouvelles fraîchement enregistrées, c'est pour cela qu'on a synchronisé l'ensemble.
Tord : Pour en revenir à nos premiers singles, je pense que ces chansons ont évolué durant les douze derniers mois. On a donné beaucoup de concerts, on a progressé et notre manière de les jouer a changé aussi. Elles n'ont pas été métamorphosées mais le changement était suffisamment marqué pour que cela nécessite un passage en studio.
Dan : On ressent toujours une certaine fierté vis à vis de nos premières démos et des singles qu'on a enregistrés à nos débuts mais il aurait été dommage de ne pas profiter du temps qui nous était imparti pour tenter d'améliorer le disque un maximum. On a pu travailler dans un studio vraiment fantastique avec un producteur très talentueux et on ne regrette pas d'en avoir profité.

Comment envisagez-vous les mois à venir avec la sortie de votre premier album ?

Tord : On est là pour durer et on espère bien y arriver. On ne sera jamais le meilleur groupe du monde et ça ne fait même pas partie de nos attentes mais on veut progresser tous les trois pour aller le plus loin possible en tant que groupe. Le succès ne nous intéresse pas, on veut continuer à écrire des chansons et jouer tous ensemble.
Dan : On attend avec impatience la sortie de l'album pour savoir si le public l'aime ou non. J'espère qu'on vendra assez de copies pour que notre maison de disques continue de nous soutenir quelques années encore ! [rires]