The Boxer Rebellion

Deux ans après la sortie de leur Ocean By Ocean, treize après celle de Exits, The Boxer Rebellion ne semblent pas être arrivés au bout de leurs palettes musicales et émotionnelles, réactivées chaque fois de façon plus vibrante et sincère.

Ce sixième album, Ghost Alive, n'était pas vraiment destiné à en être un. Le groupe travaillait sur ce qui devait être une compilation de titres retravaillés en version acoustique, lorsque le cours de la création artistique a repris ses droits. Les quelques chansons inédites devant figurer sur cette compilation sont devenues album ; un album à de nombreux égards plus intime et personnel que les précédents. Cette direction plus affirmée doit à la fois à ce processus d'enregistrement particulier, mais aussi au décès du père de Nathan Nicholson, chanteur et guitariste du groupe, quelques temps avant les premières sessions d'enregistrement. La rencontre des sessions collectives et les tourments personnels a ainsi donné vie à une mélancolie particulièrement lancinante, qui court tout au long de l'album et permettent aux harmonies instrumentales d'atteindre de nouvelles hauteurs.

Bien qu'il ait été au départ pensé comme un disque acoustique, ce nouvel album de The Boxer Rebellion est loin de n'être qu'une collection de chansons aux lignes épurées et arrangements simplifiés. Le groupe dévoile ici une nouvelle facette de son œuvre, bien loin située des penchants électro de Ocean by Ocean, peut-être plus proche d'un The Cold Still, mais faite d'une folk bien plus luxuriante. La progression harmonique de son premier titre, What The Fuck, annonce à elle seule une œuvre soigneusement enveloppée d'un écrin de sonorités toujours délicates et riches, qu'elles tendent du côté des guitares, des synthés, des cordes ou encore des cuivres. À cette partition soignée s'ajoute l'émotion portée par les textes, qui pénètre cette folk qui trouve habilement son équilibre dans une tonalité entre ombre et lumière, ni rayonnante ni affligée.

C'est à mesure qu'il se déploie que Ghost Alive se révèle comme un bel album dans toute sa douceur et sa sensibilité. Beau, car il sait ménager ses effets, mêlant des instants précieux tels qu'Here I Am, magnifiée par les envolées de la voix claire de Nathan Nicholson, aux ballades plus légères que sont Rain ou Don't Look Back. Aussi car il semble l'expression d'une intimité toute profonde, ici racontée avec une sincérité des plus évidentes. Elle emporte d'un même mouvement son auditeur dans un tourbillon d'émotions vives, qui perdure jusqu'aux dernières notes de l'épurée Goodnight, tout juste contée à la guitare et à quelques touches de batterie.

The Boxer Rebellion revêtent, encore, un costume différent de ceux déjà connus pour ce Ghost Alive. Il faut croire que celui-ci leur sied particulièrement bien, tant leur maturité musicale et la qualité de leurs compositions se voient plus reluisantes que jamais, portées par la pureté des sentiments qu'elles contribuent à exprimer. Les années passent et il semble que le groupe a toujours autant à nous offrir ; c'est avec une hâte non dissimulée qu'il nous tarde déjà de découvrir leurs prochains horizons.