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Daniel Blumberg - Minus
Chronique Album
Date de sortie : 04.05.2018
Label : Mute Records
45
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 27 avril 2018
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Après plusieurs années en retrait du monde musical, Daniel Blumberg est de retour avec un tout nouveau projet musical. Sept nouvelles compositions figurent sur son disque très sobrement intitulé Minus. On se doutait bien, suite à l'expérience Hebronix que musicalement celui-ci ne serait nullement noisy pop. Aussi ceux qui espèrent encore une replongée vers l'univers de Yuck ou de Cajun Dance Party peuvent passer leur tour, même si en définitive ils passeront à côté d'un bien bel album.

Car en effet, le résultat constitue vraiment un très beau disque. Enregistrées en cinq jours, les quarante-quatre minutes de Minus transcrivent parfaitement l'esprit live voulu par Daniel Blumberg et ses musiciens. Ceux-ci ont axé, et c'est bien là l'essence même du disque, l'enregistrement d'une manière souvent improvisée afin d'obtenir un disque somme tout unique. Accompagné de Jim White, Billy Steiger, Thom Wheatley, Seymour Wright, Ute kanngiesser et Ross Lambert, l'anglais n'a pas lésiné sur les moyens musicaux. Pourtant, cet enregistrement a parfois des consonances assez intimistes. C'est le cas du premier extrait, Minus, qui donne son nom à l'album, où Daniel Blumberg distille au piano, en compagnie d'un violon, une basse, une guitare et une batterie résolument minimalistes, une complainte de toute beauté. Lorsque ce dernier lance « I'm here ! », on a l'impression qu'il cherche à nous indiquer qu'il est enfin de retour. Mélancolique à souhait, la chanson donne le ton du disque.

The Fuse qui lui ensuit navigue dans une atmosphère pesante. Toute en retenue dans la première partie, la chanson devient beaucoup plus inquiétante lorsque les guitares électriques viennent lacérer les parties désenchantées du morceau. Mais c'est avec Madder que survient le véritable choc du disque. Longue de plus de douze minutes, la chanson est un voyage à travers un tourbillon tortueux. L'inattendu est le maître de la composition. Après plusieurs envolées folles et hypnotiques, la vague se conclut dans un raffut électrique de plus de deux minutes. Le fantôme de My Bloody Valentine n'est pas loin !
Évidemment les moments légèrement désaccordés de Stacked et de Permanent font presque pâle figure à côté du tsunami Madder. Toutefois ces deux plages font partie de l'univers de l'anglais qui a visiblement enfin trouvé sa voie musicale avec cet album. Ses chansons évoquent Mark Hollis, Scott Walker ou encore Robert Wyatt avec leur côté parfois baroque. L'album se termine sur The Bomb, petite ode remplie de désillusion, et surtout Used To Be Older qui voit le collectif s'envoler dans une progression musicale belle, folle, compliquée et reflétant finalement assez bien l'ensemble du disque.

On ne ressort pas indemne d'une écoute de Minus. Le disque n'est d'ailleurs pas vraiment facile d'accès, mais en se laissant porter, on parvient à pénétrer dans le monde joliment torturé de Daniel Blumberg. A l'instar de ses dessins, l'anglais gravite dans une dimension qui peut paraitre abstraite. Il n'empêche que Minus est un vrai retour en fanfare qui ravira les uns et déstabilisera les autres.

A découvrir sur la scène de l'Olympic Café à Paris le 12 juin !
tracklisting
    01. Minus
  • 02. The Fuse
  • 03. Madder
  • 04. Stacked
  • 05. Permanent
  • 06. The Bomb
  • 07. Used To Be Older
titres conseillés
    Minus - Madder - The Fuse
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