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CHVRCHES

Love Is Dead

CHVRCHES - Love Is Dead
Chronique Album
Date de sortie : 25.05.2018
Label : Virgin Records
25
Rédigé par Yann Guillo, le 11 mai 2018
Depuis quand faire de la pop commerciale est-il devenu artistiquement acceptable, voire bien vu, pour un groupe indie ?

C'est que notre époque survalorise le succès. Musiciens, réalisateurs, photographes... Au diable l'expérimentation ou l'exploration. Ce qui compte, c'est la réussite rapide. La quantité de vues sur YouTube. L'efficacité et l'adhésion immédiates du plus grand nombre. Que les instruments synchrones provoquent ce vrombissement primaire qui flatte l'hémisphère gauche du cerveau.
Adieu, freaks géniaux, inventeurs fous, repousseurs de frontières. On préfère jouer en terrain connu. Et le terrain de jeu favori du moment, c'est la synth pop estampillée 1985. A l'écran, Stranger Things, Black Mirror, Kung Fury. Dans les écouteurs, Blossoms, Frickle Friends et CHVRCHES, donc. Leurs héros se nomment Madonna, Kylie Minogue ou Duran Duran. A l'époque, on appelait ça la Variété. Mais le monde a changé.

Pour résumer rapidement : CHVRCHES sonnent comme une Taylor Swift accompagnée par un groupe de synth pop. Ici, les années 80 sont passées à la sauce électro. Les synthés scintillent et crépitent comme des étoiles analogiques, tandis les drum machines compressées marquent le four-on-the-floor.
Côté mélodie, on fait dans l'évidence. Même si Lauren Mayberry n'a pas la subtilité vocale d'une Swift justement, intouchable dans le domaine, elle sait se montrer redoutablement efficace. Graffiti et Miracle marquent indubitablement des points. Get Out et son riff de clavier distordu est un single imparable. Really Gone, qui se développe sur de simples pulsations et nappes synthétiques, s'impose quant à elle comme un des beaux moments de l'album.

Côté réalisation aussi, l'efficacité est de mise. L'époque est aux ultra-producteurs. Aux commandes de tous les albums de pop mondialisée, d'Adele à Liam Gallagher, ils savent tirer les ficelles pour claquer une chanson capable de casser les internets. Ici, c'est Greg Kurstin qui s'y colle avec un savoir-faire de rigueur.

Sur la longueur pourtant, la formule tourne un peu en rond. Trop de synthé tue le synthé. Trop de lignes de chant rythmiques tuent l'impact mélodique. A force de vouloir chercher l'efficacité, l'émotion disparaît. Reste une impression générale de madeleine régressive 80s. L'orchestration uniforme n'aide pas à varier les plaisirs. Un butin au final bien maigre, parfois ennuyeux, sauf sur quelques tubes en puissance qui devraient, à eux seuls, assurer le succès de cet amour moribond (Love Is Dead).
tracklisting
    01. Graffiti
  • 02. Get Out
  • 03. Deliverance
  • 04. My Enemy
  • 05. Forever
  • 06. Never Say Die
  • 07. Miracle
  • 08. Graves
  • 09. Heaven/Hell
  • 10. God's Plan
  • 11. Really Gone
  • 12. ii
  • 13. Wonderland
titres conseillés
    Miracle - Graffiti - Get Out
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