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CHVRCHES

Interview publiée par Fab le 19 septembre 2013

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Doucement mais sûrement, single après single, CHVRCHES n'ont eu de cesse au cours des douze derniers mois d'assoir leur réputation de phénomène synthpop. Si les trois membres du groupe, Iain Cook, Martin Doherty et la jeune Lauren Mayberry, ne sont pas tout à fait de parfaits inconnus pour quiconque suit de près l'actualité de la scène écossaise, leur popularité semble destinée à connaître une croissante exponentielle en cette fin d'année 2013. Rencontre avec le trio le plus en vue de la scène pop !

Tout a débuté pour vous en mai 2012 lors de la mise en ligne du titre Lies. Vous attendiez-vous à une telle réaction ?

Martin : Sûrement pas, il est impossible de s’attendre à ce genre de chose ! Personne ne nous connaissait alors et beaucoup de personnes ont immédiatement adhéré à notre musique. C’était démesuré et très excitant, nous sommes encore aujourd’hui très reconnaissants pour tout cela.

A l’époque vous étiez encore tous impliqués dans différents projets et CHVRCHES n’était alors qu’un simple side-project. A quel moment avez-vous perçu la possibilité de voir le groupe s’installer ?

Iain : A partir du moment où nous avons écrit quelques chansons tous les trois, nous nous sommes dit qu’il était sans doute possible de faire quelque chose d’intéressant ensemble, mais la mise en ligne de Lies a constitué un tournant. En voyant les réactions, nous avons pris conscience de la réalité du groupe. Nous avons alors commencé à nous pencher sur la possibilité de jouer en live pour passer un nouveau cap.

Personne n’aurait pu prévoir le chemin que nous avons parcouru en l’espace d’une année mais je n’ai pas l’impression que nous ayons sauté des étapes.

En l’espace d’une année vous avez sorti plusieurs singles, enregistré un album et donné des concerts aux quatre coins de la planète. N’avez-vous pas l’impression que tout va peut-être trop vite ?

Iain : C’est très facile à vivre ! (rires)
Lauren : Personne n’aurait pu prévoir le chemin que nous avons parcouru en l’espace d’une année mais je n’ai pas l’impression que nous ayons sauté des étapes. Nous avons eu la chance de donner des concerts dans des lieux incroyables et de faire beaucoup de rencontres, mais nous ne nous sommes pas précipités. Nous avons pris notre temps pour développer nos prestations scéniques et peaufiner notre premier album, nous sommes heureux et fiers de là où nous sommes aujourd’hui.
Iain : Toutes les décisions prises durant l’année écoulée l’ont été pour le bien du groupe, et si nous sortons un album aujourd’hui, c’est que nous pensons avoir été capables de faire ce qu’il fallait pour en arriver là.

Avez-vous toujours su que le groupe tournerait autour de vous trois seulement ou avez-vous envisagé d’intégrer de nouveaux musiciens ?

Lauren : Lorsque nous avons commencé à travailler sur des chansons tous les trois, ce n’était qu’un simple side-project, nous n’envisagions pas de proposer à de nouvelles personnes de nous rejoindre. Lorsque nous avons étudié le fait de donner des concerts, nous avions déjà créé notre propre personnalité, ce n’était donc plus envisageable. Il ne faut jamais dire jamais, mais désormais je ne nous imagine pas faire appel à des musiciens supplémentaires.

Pouvez-vous m’en dire plus sur la naissance du groupe ? Iain et Martin se connaissent depuis des années, mais comment la rencontre avec Lauren s’est-elle déroulée ?

Martin : Je connais Iain depuis très longtemps maintenant et nous avions des amis en commun avec Lauren. Je l’ai rencontrée et lui ai proposé d’écouter des démos que nous avions enregistrées avec Iain, elle a immédiatement été très excitée par le projet et nous a rejoints en studio. Tout est parti de là.

Votre musique est fortement influencée par les années 80s et la musique électronique, de quels groupes vous êtes-vous inspirés pour créer votre univers ?

Martin : Je joue du clavier depuis des années et la musique électronique m’a donc logiquement toujours intéressé. Mes influences sont très vastes, certaines sont partagées avec Iain et Lauren mais chacun d’entre nous a apporté des éléments différents au groupe. Personnellement je m’intéresse de près au hip-hop et au RNB ainsi qu’à des artistes comme Rustie et Hudson Mohawke mais aussi à la musique de la fin des années 80s avec Michael Jackson ou Prince.
Lauren : Les synthés et la musique électronique tiennent une place importante dans nos chansons mais je ne crois pas que nous tombions dans le pastiche ou la copie, nous nous en inspirons seulement et la production de l’album nous permet de nous distinguer.

Lorsque nous sommes en studio tous les trois, il se dégage une énergie de notre collaboration, comme une étincelle.

Il est rare de voir un groupe produire lui-même son premier album, pourquoi ce choix ?

Iain : Nous n’avons pas eu le besoin de travailler avec une personne supplémentaire. Lorsque nous sommes en studio tous les trois, il se dégage une énergie de notre collaboration, comme une étincelle. Notre dynamique nous permet de toujours aller de l’avant et il n’a jamais été question d’intégrer un élément extérieur pour enregistrer l’album. Travailler tous les trois seulement nous a permis de rester concentrés sur nos objectifs.

La question ne s’est donc jamais posée ?

Iain : Je pense qu’avec nos précédents groupes nous avions acquis suffisamment d’expérience en termes de production pour ne pas avoir besoin de faire appel à quelqu’un pour la prendre en charge sur notre album.
Lauren : Durant la période où nous avons discuté avec beaucoup de maisons de disques différentes, nous avons insisté sur notre liberté dans le travail. Nous n’avons signé un contrat qu’en tout début d’année 2013, et à ce moment-là nous avions déjà une idée assez précise de ce que serait notre album. Il était important pour nous de travailler avec des personnes comprenant notre position et notre volonté de faire les choses à notre manière.

Votre album a pour titre « The Bones Of What You Believe », pouvez-vous m’en dire plus sur ce dernier ?

Lauren : C’est un extrait des paroles de la chanson Strong Hand présente sur l’édition limitée de notre album. Pour moi, cette expression représente tout ce que nous avons investi dans le groupe, notre énergie, notre travail et tout le reste... Tous ces éléments constituant l’ossature de notre groupe et ce que nous sommes.

Votre album inclut la plupart des singles que vous avez publiés à ce jour... mais pas la chanson Now Is Not The Time, présente sur l’EP de Recover, que vous jouez très régulièrement en concert. Pourquoi l’avoir laissée de côté ?

Lauren : Il était logique de placer nos précédents singles sur l’album mais nous ne voulions pas non plus que les gens aient l’impression d’acheter une seconde fois les mêmes chansons. Il est toujours possible de se procurer cet EP, donc n’importe qui a encore la possibilité d’obtenir Now Is Not The Time. Il fallait aussi laisser de la place pour nos nouvelles chansons, trouver le bon équilibre.

Ce n’est qu’en écoutant l’album que les choses se mettent en place et deviennent plus évidentes.

La majorité des chansons de l’album sont chantées par Lauren mais deux d’entre elles, Under The Tide et You Caught The Light, sont prises en charge par Martin. Comment vous partagez-vous la tache ?

Martin : J’ai toujours aimé chanter, cela m’a donc en quelque sorte semblé naturel. Les chansons dictent ce genre de choix, Lauren peut parfaitement chanter une chanson que j’ai écrite et inversement... Tout est naturel entre nous trois, nous prenons nos décisions de manière collégiale. La réaction des gens par rapport au fait que je chante est intéressante, ils perçoivent souvent les chansons en question comme des exceptions et peinent à voir l’album dans sa globalité. Ce n’est qu’en écoutant l’album que les choses se mettent en place et deviennent plus évidentes. Le chant masculin peut fonctionner tout aussi bien que le féminin.

Avant votre venue aujourd’hui à Rock en Seine vous n’aviez donné que deux concerts en France en juillet aux Eurockéennes de Belfort ainsi qu’en première partie de Depeche Mode à Nîmes. Comment avez-vous ressenti l’accueil qui vous a été réservé ?

Iain : C’était incroyable...
Lauren : Complètement. Quand tu n’as encore jamais joué dans un pays ou dans une ville, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Nous avions été très bien accueillis lors de ces deux concerts, et je pense que nous le serons encore mieux lorsque nous donnerons notre propre concert à Paris en octobre. Notre album sera alors sorti, le public connaîtra nos chansons, ce sera très différent.