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Suede

The Blue Hour

Suede - The Blue Hour
Chronique Album
Date de sortie : 21.09.2018
Label : Warner Music
45
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 17 septembre 2018
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Depuis leur reformation en 2010, Suede n'avaient jamais réussi à vraiment convaincre avec les disques publiés. Je ne parle pas de leurs prestations scéniques toujours impeccables, mais de Bloodsport (punchy mais au final assez ennuyeux) et de Night Thoughts (relativement décevant). Autant dire que l'on n'attendait pas grand-chose de ce nouvel album, The Blue Hour, même si au fond de nous, on espérait encore et toujours un petit miracle. Allait-il survenir ?

Au-delà d'une jolie pochette, ce sont pas moins de quatorze titres qui composent le disque. C'est donc un album long qui nous attend. Cependant dès l'entame de As Ane, plage d'ouverture de l'opus, on comprend qu'on ne sera pas confronté à une énième tentative de faire le buzz avec un disque à tubes. Posée et enlevée, la chanson est orchestrale et atypique. Même si la guitare grinçante y accompagne une ambiance de fin du monde, ce sont bien les chordes qui se font une place de choix. Tel un survivant, Brett Anderson lance dans celle-ci un « Here I am, talking to my shadow » sombre et puissant. On ne peut que s'avérer dérouté par un tel début d'album. D'autant que Wastelands qui lui fait suite de manière enchainée s'apparente à une pop song simple mais addictive avec ce faux rythme sur lequel la voix de l'anglais se glisse magnifiquement, accompagnée par la guitare scintillante de Richard Oakes. L'interlude en fin de chanson ne gâche en rien l'entame une fois encore accouplée à la chanson suivante, Mistress. Belle et profonde la balade nous permet déjà de comprendre que ce disque sera un grand cru.

Car oui, on peut déjà l'affirmer, Suede n'effectueront pas de faux pas, ne retomberont pas dans leurs travers et n'auront donc pas besoin de sauver l'album à l'aide d'une ou deux pépites. The Blue Hour se montre particulièrement cohérent dans sa structure. Alternant les morceaux à guitares tels que Beyond The Outskirts, Cold Hands ou encore Don't Be Afraid If Nobody Loves You, et les plages symphoniques telles que All The Wild Places ou The Invisibles, Suede se libèrent de cette (brit)pop qui leur a collé à la peau pendant très (trop) longtemps. Au-delà d'être atmosphérique, le disque s'apparente à une odyssée. Celle d'un enfant affrontant le monde et ses peurs, notamment lors de la découverte d'un oiseau mort. Oscillant parfois entre les travaux solo de Brett et les compositions de groupe, les compositions affichent une forme d'épanouissement, voire d'accomplissement malgré le ton solennel parfois employé, comme sur Chalk Circles ou Life Is Golden.

Suede semblent avoir pris un nouvel élan avec The Blue Hour. Probablement fatigués d'entendre à tout bout de champ parler de Dog Man Star comme étant leur meilleur album, les londoniens tiennent sans doute là un nouveau disque référence. Bien plus matures que leurs précédentes sorties, même si profondément plus sombres, les cinquante-deux minutes de l'opus ne se révèlent jamais ennuyeuses. La production d'Alan Moulder n'y est probablement pas étrangère. En attendant une tournée qui passera par Paris le 3 octobre, on se délectera encore et encore d'un disque terriblement abouti.
tracklisting
    01. As One
  • 02. Wastelands
  • 03. Mistress
  • 04. Beyond The Outskirts
  • 05. Chalk Circles
  • 06. Cold Hands
  • 07. Life Is Golden
  • 08. Roadkill
  • 09. Tides
  • 10. Don't Be Afraid If Nobody Loves You
  • 11. Dead Bird
  • 12. All The Wild Places
  • 13. The Invisibles
  • 14. Flytipping
titres conseillés
    Wastelands - The Invisibles - Cold Hands
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