Chronique Album
Date de sortie : 30.11.2018
Label : Dirty Hit
Rédigé par
Camille Edel, le 6 décembre 2018
Le grand retour des 1975 a sonné, après des semaines de teasing, de sorties de vidéo clips et de singles (oui, cinq sur un total de quinze chansons). Deux ans après la sortie de leur acclamé deuxième album, I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It, le groupe Mancunien revient avec son non moins réussi (et très attendu) troisième disque, A Brief Inquiry Into Online Relationships, publié sur le très en vogue label anglais Dirty Hit.
L'essence même de ce nouvel album tient compte de l'histoire personnelle du chanteur du groupe, Matthew Healy. En effet, à la fin de leur tournée marathon au TRNSMT Festival en 2017, ce dernier prend la décision d'aller soigner ses addictions aux différentes drogues (notamment l'héroïne) aux Barbade pendant quelques semaines. Commence alors l'écriture de ce troisième album qui sera une remise en question et une façon d'exorciser ses anciens démons.
Le groupe Anglais n'a jamais cessé d'aborder des thèmes actuels, de les pousser à leurs limites et de les dépasser. Ainsi, il est ici grandement question de l'influence des nouvelles technologies sur nos comportements, de l'hyper connectivité qui nous isole et du monde post-moderne dans lequel nous déambulons sans forcément nous soucier des autres et des interactions avec l'extérieur. Les nouvelles technologies se sont emparées de nous et de notre manière de fonctionner en tant qu'humains, ce qui a conclu à nous cloisonner.
L'album met parfaitement en évidence ces thèmes en réalisant la satire du monde post-moderne à travers Love It If We Made It avec ses multiples références notamment envers Donald Trump ("I moved on her like a bitch", référence à une ancienne déclaration de 2005 du Président Américain) et Kanye West ("Thank you Kanye, very cool").
Le quatuor s'est aussi risqué à de nouvelles approches musicales, d'inspirations bien éloignées de leur premier album éponyme sorti en 2013. TOOTIMETOOTIMETOOTIME souligne l'intérêt du groupe pour l'Auto-Tune et leur inspiration envers Drake. I Like America & America Likes Me n'y échappe pas non plus. Mais bizarrement, on ne leur en tiendra pas rigueur longtemps car d'autres morceaux retiennent davantage notre attention. Parmi ces derniers, Mine, qui reprend les codes d'un jazz venant de la côte ouest (endroit où le groupe a enregistré une partie de l'album), le néo-jazz de Sincerity Is Scary ou encore le premier single de ce nouvel album, Give Yourself A Try, hommage non dissimulé à Joy Division et leur morceau .
Comme pour Love Me issu de leur précédent album (inspiré de Fame de David Bowie), The 1975 s'inspirent (peut-être un peu trop) à nouveau de leurs aînés. Leurs aînés d'ailleurs, également originaires de Manchester et monstres sacrés de la musique Britannique, Oasis, ont également droit à leur référence, moins frappante mais non moins impactante en clôture de l'album, sur le magnifique I Always Wanna Die (Sometimes). Le morceau est non sans nous rappeler les arrangements (progression, présence de violons, guitares...) qui ont fait la gloire des frères Gallagher.
Mais le titre le plus intriguant, audacieux et dénonciateur des problèmes de notre société hyper connectée est bien The Man Who Married A Robot, entièrement narré par la voix de Siri et qui dénote les dangers d'Internet.
Si l'on se concentre sur les chansons qui n'ont pas fait l'objet de sorties sous forme de singles, l'atmosphère de l'album est toute autre. Une atmosphère bien distincte s'en dégage, plus calme, plus construite, moins pop et qui tend à faire valoir la maturité et l'authenticité du groupe. L'acoustique reprend une place dominante et la voix de Matthew Healy nous perce à jour.
Cet album n'est certes pas aussi pop que l'a pu l'être I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It, mais A Brief Inquiry Into Online Relationships marque sans nul doute le passage à l'âge adulte du groupe. Ceci grâce à une réflexion sur le monde qui nous entoure et les interactions que nous pouvons avoir dans un contexte de libre circulation de l'information et de libre échange de pensées.
Une chose est certaine, leur quatrième album, Notes On A Conditional Form, prévu au cours du mois de juin 2019, sera tout aussi attendu et pourrait marquer un nouveau tournant musical dans la carrière de The 1975 (orienté garage comme a pu l'indiquer Matthew Healy). En attendant, nous profitons pleinement de ce nouvel opus pendant encore quelques mois.
Thank you, The 1975, very cool !