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Morrissey

California Son

Morrissey - California Son
Chronique Album
Date de sortie : 24.05.2019
Label : BMG Rights Management
3
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 27 mai 2019
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Un an et demi après le décevant Low In High School, Morrissey revient avec un album pour le moins singulier : un disque de reprises. On savait le Mancunien friand de covers; les b-sides des singles extraits de Low In High School en étaient déjà. Cependant au-delà de cette idée pour le moins originale, on n'était pas forcément rassuré en apprenant qu'une fois encore c'est Joe Chiccarelli qui est aux manettes de California Son. Titre d'album pour le moins surprenant pour quelqu'un qui arbore un badge "For Britain" sur sa veste et qui n'a jamais daigné répondre publiquement aux attaques dont il fait l'objet depuis de nombreuses années maintenant. Même si les chansons de ce disque ont été écrites et interprétées par des artistes californiens, cela ne suffit pas à dédouaner cette inlassable ambiguïté dont il commence sérieusement à payer les conséquences.

Cependant revenons à ce qui constitue tout de même l'essentiel, en l'occurrence le contenu de ce disque. Douze compositions ou plutôt réinterprétations de chansons de Bob Dylan, Roy Orbison ou encore Joni Mitchell avec plus ou moins de réussite, il faut bien l'avouer. Le disque débute avec Morning Starship, un des premiers extraits dévoilés de California Son. Plaisante sans pour autant s'avérer séduisante, la reprise downtempo de Jobriath fait amende honorable avant toutefois de frôler le ridicule lorsque celui qu'on appelle Moz, voire le vieux, s'élance dans une collection de vocalises ‘La la la la la' à la limite du supportable. Don't Interrupt The Sorrow et son côté 80's, malgré sa sortie originelle en 1975, notamment avec les lignes de saxophone, s'avère déjà un cran au-dessus du morceau d'ouverture.
A contrario, son interprétation de Only A Pawn In Their Game de Bob ylan est martiale et digne d'un mémorial militaire américain. Si Suffer The Little Children, à ne pas confondre avec Suffer Lttle Children de The Smiths, frise le ridicule, Days Of Decision est le premier grand moment du disque. Posée, simple, la ballade de Phil Ochs aurait peut-être pu trouver une place dans Vauxhall And I, le chef d'œuvre absolu de Morrissey. Mais, ça c'était il y a vingt-cinq ans.

Depuis les temps sont durs pour le Mancunien, malgré le toujours très bon World Peace Is None Of Your Business paru en 2014. It's Over, à ne pas confondre là encore avec I Know It's Over de The Smiths, annoncé un temps comme single mais finalement laissé aux oubliettes, n'est pas non plus transcendant. Mais que dire de Wedding Bell Blues, où l'ancien Smiths se fait accompagner par Billy Joe Armstrong de Green Day. Urgh... Certes, il n'est pas le seul invité de ce disque, mais quand même, on n'imaginait pas Morrissey tomber aussi bas (Et ne venez pas me dire que U2 ont également collaboré avec eux, ça n'excuse rien !).
Loneliness Remembers What Happiness Forgets constitue un croisement entre Benny Hill, The Divine Comedy et Belle And Sebastian. Quant à Lady Willpower, on se demande si cette interprétation n'a pas pour objectif de figurer au prochain concours de l'Eurovision avec un Morrissey parodiant Tom Jones...

Il ne reste plus que trois chansons et le bilan de California Son est déjà inquiétant. Pourtant tel un boxeur proche du K.O., Morrissey va tout de même se relever et réussir une fois encore à nous émerveiller. Si When You Close Your Eyes est plaisante, la complainte Lenny's Tune est un des grands moments de California son. Sombre et funéraire, la reprise de Tim Hardin fait mouche grâce à cette simplicité avec ce mariage voix/piano qu'on n'espérait plus. Mais le clou du spectacle figure bien dans la conclusion de ce disque. Some Say I Got Devil est majestueuse et poignante. En une chanson, Morrissey réussit à nous faire oublier ses frasques et les nombreux loupés de California Son.

Alors certes ce disque mineur en soi n'apporte pas grand-chose à la discographie de l'anglais. Cependant, avec un tel final où le maintenant soixantenaire daigne à nouveau s'aventurer vers l'intimiste, on ne peut que s'agenouiller et réaliser combien Morrissey possède toujours quelque chose en lui et combien il reste capable de nous émouvoir.
tracklisting
    01. Morning Starship
  • 02. Don't Interrupt The Sorrow
  • 03. Only A Pawn In Their Game
  • 04. Suffer The Little Children
  • 05. Days Of Decision
  • 06. It's Over
  • 07. Wedding Bell Blues
  • 08. Loneliness Remembers What Happiness Forgets
  • 09. Lady Willpower
  • 10. When You Close Your Eyes
  • 11. Lenny's Tune
  • 12. Some Say I Got Devil
titres conseillés
    Days Of Decision - Lenny's Tune - Some Say I Got Devil
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