Nous étant pourtant promis de ne pas commencer ce live report en cédant à la facilité, c'est donc en totale contradiction avec nos propres intentions que nous débutons notre papier avec cette généralité d'une platitude absolue : « Jamais deux sans trois ! ». Cette année 2024 aura été pour votre chroniqueuse placée sous le drôle de logo d'October Drift, avec pas moins de trois concerts à Paris, le dernier au Point Ephémère devenu quasiment un lieu de résidence pour nos amis du Sommerset. Nous retrouvons donc Kiran, Dan, Alex et Chris là où ils ont officié en mars dernier en première partie des mancuniens de IST IST, faisant alors forte impression et poussant presque à regretter qu'ils n'aient pas occupé le haut de l'affiche. Plus tard, en mai, un petit passage au Supersonic s'était tenu pour donner un avant-goût de leur troisième album
Blame The Young paru en septembre, le temps pour les quatre anglais d'aller tester leurs nouvelles compositions un peu partout au Royaume-Uni afin de revenir en Europe en cette fin décembre pour servir à leurs fans les plus fidèles comme un petit avant-gout de fêtes.
Il est à noter qu'à ce jour, la France est le pays où October Drift se sont le plus produit en dehors du Royaume-Uni. Paris tient une place de choix dans le cœur des jeunes musiciens, comme une seconde maison nous précisera-t-on durant le concert, et les fans devenus depuis leurs tous premiers pas sur la scène du Supersonic une communauté fidèle, sont prêts à braver le froid, la nuit précoce et les appels d'autres prestigieuses affiches se déroulant le même soir un peu plus loin. Un juste choix qui va se confirmer avec l'incroyable prestation que vont nous livrer Kiran et ses camarades, réussissant à démultiplier encore plus leurs points de charisme, créant tout au long de la soirée une véritable osmose dans la salle, toujours au plus près des spectateurs.
Armés de leur troisième album, October Drift ne sont évidement plus des débutants. Leur point fort à toujours été le live, comme nous l'avons souligné tout au long des live reports de leurs concerts et surtout à l'écoute de leurs précédents opus. Un fait qui continue de nous étonner est cette différence flagrante entre les atmosphères très cadrées que l'on trouve dans les albums à la production un brin cloisonnée et l'explosion atomique que déclenchent les Anglais sur scène. Pour celles et ceux qui n'ont à ce jour qu'expérimenté les disques, il est impossible d'anticiper l'incroyable puissance que dégagent ces garçons une fois réunis face à un public. C'est donc à nouveau un tsunami qui a renversé le Point Éphémère et ce dès les premières secondes du set quand Kiran, Alex et Dan s'emparent de leurs guitares et basse et se mettent à bondir de façon anarchique sur les morceaux
Demons et
Tyrannosaurus Wreck.
Priorité est donnée au dernier album et nous pouvons enfin apprécier l'interprétation des singles
Blame The Young,
Hollow et
Everybody Breaks, qui prennent des accents punk, voire carrément métal, avec toute l'amplification nécessaire pour permettre aux nombreux circle pits de s'enchaîner dans la fosse. L'intensité monte brusquement, tant dans le volume de la musique que dans l'énergie des musiciens alors branchés sur pile électrique. Arrive le moment tant attendu par le public, soit la séance d'escalade par Kiran des rampes de projecteurs, venant microphone à la main continuer de chanter d'où, toujours avec la peur un jour de le voir se briser la nuque, nous l'observons se laisser chuter d'une certaine hauteur pour se faire rattraper en toute confiance par un matelas de bras tendus. S'en suit un crowd surfing qui prend des allures de foule en liesse hissant son champion olympique en faisant atteindre des sommets à la température de la salle. Les spectateurs s'entrechoquent joyeusement et avec bienveillance, Kiran réitèrera quelques sauts dans la foule, mettant ses fidèles porteurs au service de Dan qui à son tour viendra goûter la robustesse des muscles du fan parisien, et plantera ensuite son micro parmi les spectateurs pour interpréter un
Wallflower de toute beauté. Magnifique sensation de convivialité qui se dégage de la petite salle du canal Saint-Martin, les membres du public formant un cercle protecteur autour de Kiran, se tenant bras dessus bras dessous et initiant une ronde toute en mouvement autour de l'intéressé, tout sourire aux lèvres.
Vient le temps des rappels sous les vivas des admirateurs qui ne cessent d'en réclamer plus, où le groupe nous confie que ce concert restera exceptionnel du fait de son accueil si chaleureux. Le set se termine sur un petit retour aux premiers succès avec
Cherry Red et
Oh The Silence issus de
Forever Whatever et la promesse de revenir le plus rapidement possible dans la capitale. Promesse immédiatement suivie d'effet avec Chris le batteur qui se présente alors seul sur le devant de la scène pour venir se poster à son tour parmi les présents, sans microphone, suivi par Kiran à la guitare dorénavant débranchée pour une interprétation à capella de
Like The Snow We Fall d'une grande sobriété.
Ce nouveau concert d'October Drift aura réussi à monter encore d'un cran le niveau scénique du groupe en alliant la férocité du set à une émouvante complicité entre musiciens et fans, certains d'entre eux de fidèles compatriotes anglais croisés précédemment dans la foule cette année, armés de tee-shirt personnalisés aux logo et paroles du groupe. On savait donc déjà qu'October Drift étaient littéralement des bêtes de scène, on aura depuis ce lundi soir la conviction qu'ils continuent à gravir les échelons qui les mèneront au titre de meilleurs performers de la scène indie rock britannique.