HMLTD

Objet de toutes les passions en 2017, HMLTD nous livrent enfin leur premier album studio West Of Eden, lequel, réunissant les premiers singles et les nouveautés composées depuis lors, permet d'avoir une vision complète de leur univers protéiforme.

Que de temps passé et pour des raisons bien futiles. Le groupe ayant bénéficié d'un énorme enthousiasme de la part des médias lors de son apparition et suite à ses premières scènes en 2017, il s'est alors vu signé par la major Sony. Le brassage des genres porté en étendard par la bande à Henry Spychalski a étonné, réjoui et excité bon nombre d'entre nous à juste titre.
Le mix des influences autant visuel que musical a eu le mérite d'offrir un revival dont le curseur temporel se place entre le glam pailleté et envoûtant des mid 70s et entre l'élégance robotique et romantique de la new wave des débuts 80s. Une petite odyssée qui sait cependant piocher dans des samples et sonorités bien plus modernes et qui place HMLTD dans une catégorie difficilement définissable.

Conscients de l'imagerie queer qu'ils dégagent mais sans pour autant brandir la bannière LGBT car plutôt dans un esprit de détournement des codes de la masculinité, le manque de clarté de ce parti pris a semé le doute et suite à un article paru en mai 2017 dans la presse britannique, HMLTD ont été accusés d'user de l'imagerie queer sans pour autant en comprendre ni en porter le principe.
S'en est suivi un tollé sur les réseaux sociaux et bien que n'ayant pas confirmé que telle en était la raison, Sony a tout simplement lâché le groupe.

Est-ce cette mésaventure qui a augmenté le pessimisme que portait déjà le groupe sur sa génération ? Il en ressort aujourd'hui des nouveaux titres qui évoquent un Occident qui tendrait vers sa propre fin, à grand coups de drames écologiques et de pertes totales de valeurs humaines.

Tous ces aléas les ont néanmoins inspiré et HMLTD proposent sur un véritable disque quinze titres qui nous baladent au travers d'un univers très riche. Les deux premiers, The West Is Dead et LOADED, sont plutôt sombres et tendent vers un rock goth à la limite du mystique. Le virage est presque à 180 degrés avec The Ballad Of Calamity James et To The Door qui empruntent un son aux guitares presque country.

La palette est très large et le disque continue avec Satan, Luella & I, ballade munie de chœurs féminins qui reviennent de ci-delà un peu plus loin dans le disque et d'un duo saxophone/piano assez kitch mais efficace. La patine année 80 fonctionne parfaitement pour des jeunes nés après cette décennie !
Les deux premiers ovnis arrivent à mi-chemin avec Mickey's Song au synthé Moog assez hypnotisant et Why, single glaçant utilisant le japonais et un langage tout inventé accompagné d'un clip animé futuriste.

Le reste de l'album est très fantasque et tout de même un peu difficile à suivre. Cohabitent des morceaux plus simples dans leur composition et assez intemporels comme Joanna et War Is Looming, des odes synthétiques presque lyriques (Blank State, Nobody Stays In Love) qui enchainent avec du synth-rock caverneux (Death Drive) et de l'electro pas très bien dégrossi (MMXX A.D).

Le tout n'est pas du tout homogène mais nous n'en attendions pas moins de HMLTD qui jouent toujours sur l'inattendu mais revendiquent néanmoins une certaine esthétique et musicalité art rock. La voix puissante et profonde de Henry culmine au travers de morceaux dont les variations et déstructurations ont un effet un peu déstabilisant. Le tracklisting semble à l'image du parcours de HMLTD : ses premières écoutes sèment le trouble mais finissent par nous convaincre de par sa sincérité.

Rendez-vous est donc pris sur la scène du Badaboum le 24 février à Paris pour en prendre plein les oreilles et surtout plein les yeux tant les tenues brillent.