HMLTD

Le Badaboum à Paris s'est orné d'une aura chatoyante pour la venue des londoniens de HMLTD, attendus avec impatience par une salle pleine, le concert affichant complet depuis quelques jours. Le public dont on peut penser qu'il est en majorité plutôt jeune, se compose en réalité de toutes les générations, et surtout se pare de tous les styles, à l'image du melting pot d'influences et du foisonnement artistique dont font preuve les HMLTD sur leur premier album sorti il y a quelques semaines, West Of Eden.

S'étant faits la main sur scène en France dès 2017, forts de leurs premiers singles déjà détonants comme le très bon Is This What You Wanted?, le retour se faisait réellement attendre car l'abandon du groupe par le label Sony a fait retarder la sortie du disque. La bande à Henry Spychalski ne s'est pourtant jamais démontée et le concert à Paris en unique date française nous prouve que toutes celles et ceux qui ont alors misé sur cette formation des plus surprenante ne s'y sont pas trompés.


La chaleur monte doucement au Badaboum et les néons rouges du plafond laissent la place à un enchaînement stroboscopique de lumières flashies roses et vertes. Le leader Henry, à la coupe redevenue sage et très blonde, arbore cependant un costume argenté aussi fantasque que les titres choisis ce soir.

Le ton est donné avec le morceau d'ouverture The West Is Dead, ode au déclin de notre civilisation devenue si individualiste et sans âme. La cadence presque kraftwerkienne de ce morceau puissant est mise en valeur par les pas de danses robotiques d'Henry et par son insatiable interactivité avec le public. Il n'a de cesse de venir haranguer la foule, et au fur et à mesure que le concert avance se déleste de sa veste et de son marcel de marin devenus superflus, alors qu'une partie du public se lance dans un crowd surfing moite et glissant. Les morceaux un peu plus harmonieux comme Satan, Luella and I et Joana permettent de réellement apprécier la voix d'Henry Spychalski, cette dernière étant profonde et ne sonnant jamais faux.


L'univers musicalement complexe de HMLTD qui brasse allégrement dans la new wave, l'art rock, le garage et l'électro pure pourrait en décontenancer plus d'un et laisserait imaginer que le résultat puisse être brouillon en live. Mais bien au contraire, l'enchainement des titres est plutôt bien pensé, aucun temps mort n'est à déplorer hormis les quelques problèmes techniques qui offrent quelques minutes propices à l'échange en français dans le texte entre Henry et les fans.

Le public ressort de ce concert trempé et comblé, car quatorze titres pour un groupe qui ne dispose que d'un album est une belle marque de générosité. HMLTD ont remporté le challenge de ne pas être devenu lassants, un retour de boomerang à craindre quand on a été catapulté comme phénomène hype il y a à peine trois ans. On attend donc un retour en studio pour découvrir dans quel nouvel univers foutraque et addictif les HMLTD vont nous mener.