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HMLTD

Interview publiée par Albane Chauvac Liao le 3 août 2018

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Six joyeux lurons, habillés à l'identique, se croisent à plusieurs reprises dans des soirées arty du Londres underground. Osmose. Ils décident de former un groupe : Happy Meal Limited, enfin HMLTD - la multinationale de la malbouffe s’est fâchée - . Ce sera un sextuor à cordes et paillettes punk (leurs habits extravagants rendent à Vivienne Westwood ses lettres de noblesse). Rencontre nocturne avec les glam boys James (guitare), Achilleas (batterie) et Henry (chant), à l’occasion de l’édition 2018 du festival les 3 Éléphants, à Laval.

Alors les garçons, le public est-il plus intense à Paris ou ici ?

Henry : Ça dépend d'où au Royaume-Uni. A Londres, c'est incroyablement intense. Le plus intense qu'on puisse imaginer. Beaucoup de gens nous connaissent. On s'est imposés, comme nulle part ailleurs. A Paris par exemple, comme à Bristol, c'est fou.
Achille : On a donné nos meilleurs comme nos pires concerts en France, le public est si différent, tu ne sais jamais sur qui tu vas tomber.

Ah oui ? Pire comment ?

James : Je n'aime pas dénoncer. Mais parfois, il y a cinq personnes, âge moyen 40 ans. A mon avis on fait de la musique pour jeunes, donc c'est étrange quand on se produit devant un public non-réceptif.

Quel est votre rapport au vice ?

Henry : Notre plus gros vice est sûrement de fumer.
Achilleas : Je suis chrétien, oh god. Je crois que le vice est nécessaire, tu dois tomber pour te relever.
Henry : On est un groupe multi-croyances, athés, juifs, chrétiens... J'adore la musique croyante chrétienne. Pas le gospel, mais à mon avis les chansons de Van Morrison et Bob Dylan étaient meilleures lorsqu'elles résultaient de leur foi.

En tant que athé, comment trouver la spiritualité ?

Henry : C'est plus difficile, je pense que beaucoup d'athés sont perdus. J'éprouve de la pitié pour les radicaux. Je ne suis pas un homme de foi mais pas athé non-plus.
James : Certains athés sont plus radicaux que des religieux. Si tu prends un humaniste comme Richard Dawkins. Un extrémiste de la dévotion.
Henry : La foi en une vie après la mort doit être un grand réconfort.

Vous vous dites je devrais croire, j'irai mieux ainsi ?

Henry : En vieillissant oui, ce sera ainsi moins difficile. Je crois en la réincarnation. Je crois que tu reviens sous la même forme. Si tu vis bien, tu vivras toujours bien, à l'inverse si tu mènes une existence de péchés, ces vices te suivront et tu devras vivre avec.

Vous êtes très amis avec le groupe français Faire ?

James : Oui, très ! Musicalement on est vraiment différent, mais ils mettent beaucoup dans la performance, on a cette dévotion en commun. Aujourd'hui, beaucoup de groupes sont fucking boring à ce niveau, malgré tous les efforts fournis. Je ne dirais pas qui, je déteste bitcher. Si tu regardes la plupart des artistes rock aujourd'hui, ils n'essaient même pas. Alors qu'avec Faire, il y a de l'effort.
Achille : D'ailleurs, ils sont aussi croyants, ils apportent beaucoup de pouvoir religieux sur scène.

Achilleas, tu pratiques ?

Achilleas : Je vais à l'église, j'ai une croix à la maison, je lis. Je ne suis pas fondamentaliste, c'est plus symbolique pour moi. C'est l'histoire qui m'intéresse, on devrait toujours croire aux bonnes histoires.

Cela produit beaucoup de mal...

Achilleas : Évidemment, les deux faces d'une même pièce de monnaie, n'est-ce pas ?

Vous venez d'où et que font vos parents ?

James : Ma mère est une assistante de prof à l'école primaire, mon père est dans l'informatique, j'ai étudié la littérature.
Achilleas : Mon père est artiste, il peint, crée des sculptures, mais il est aussi producteur TV et il bosse dans la publicité. Il fait beaucoup de yoga. Ma mère est chorégraphe, prof de pilates, et elle danse. J'ai étudié la philosophie de Thomas Aquinas à l'université pendant trois ans, mes meilleurs comme mes pires années. Parce que c'est de la masturbation mentale, "circle jerk".
Henry : Mon père est un spécialiste de Shakespeare et ma mère est dentiste équine (pour les chevaux), j'ai étudié la philosophie.

Des changements ?

Henry : On fait ça depuis 2 ans, ça nous change. Regarde, quand on a commencé il était athée dévoué et aujourd'hui il est chrétien, et toujours aussi dévoué. La musique change nos coeurs surtout.
James : On a passé six étapes depuis la création.

Comment trouvez-vous tous vos fringues ?

Henry : On a plein d'amis designers à Londres, comme Charles Jeffrey, qui nous offrent des tas de fringues superbes.

Quel lieu idéal pour votre prochain concert ?

Henry : On adore la Russie. La culture des jeunes là-bas est si limitée, c'est de l'underground forcé. Lorsqu'on se produit en Russie, le public est à fond. Puis qu'on se le dise, les Russes sont les meilleurs gens de la planète.