Circa Waves

Nous voilà enfin parés de l'intégralité du nouveau Circa Waves avec les sept derniers titres de ce qui compose dorénavant Sad Happy. L'attente n'a pas été très longue et c'est une bonne chose car la première vague dévoilée en début d'année sous la bannière Happy nous avait alors bien aiguisé l'appétit.

Circa Waves ne font pas dans la procrastination. Le quatuor actuellement le plus en vue de Liverpool et son prolifique compositeur Kieran Shudall nous offrent un albums riche en titres, en émotions et en très bonnes mélodies une année à peine après le percutant What's It Like Over There? sorti début avril 2019. Ce dernier tapait parfaitement dans le mille, avec un bon équilibre entre morceaux rock jubilatoires et petite odes pop magnifiquement orchestrées.

Sad Happy, dont on sait qu'il a été réalisé dans la même période que l'album précédent, se détache néanmoins de celui-ci du fait qu'il couvre de façon encore plus juste le panel des émotions ressenties par son compositeur lors de l'écriture. L'expérience du succès et des tournées dans le monde, le très bon accueil des fans et la nouvelle paternité rendent la plume de Shudall, à l'origine de l'intégralité des chansons, d'une précision et d'une élégance appréciées chez un jeune groupe.

Les membres de Circa Waves ont expliqué cette scission en deux parties comme une représentation du spectre de ces émotions au travers desquelles nous passons d'une seconde à l'autre. La première partie du disque semblait de par son libellé Happy nous délivrer la partie lumineuse du disque. Mais la suite nous prouve que l'ensemble n'est pas binaire et forme un tout homogène.

L'entrée en matière qu'est Jacqueline avec ses percussions festives et sa vidéo ode aux meilleures « chenilles » tous mariages confondus, ouvre le bal de façon réussie. L'enchaînement avec le titre punk de l'album Be Your Drug rappelle les origines du groupe et leur attachement aux bonnes vieilles ficelles du rock.
C'est à partir de Move To San Francisco que le disque offre un écrin vraiment approprié au chant de plus en plus délicat de Kieran Shudall. Et la voix fine mais solide permet de valoriser ce morceau comme certains autres (Call Your Name ou Love You More) qui n'offrent pas une grande originalité mais qui restent dans les esprits en nous faisant battre la mesure instinctivement à leur écoute.

La seconde moitié du disque fait prendre une belle ampleur au tout. Sad Happy et son hommage aux thérapies du sourire dans la vidéo est une pépite pop aux arrangements brillants. Ça débute tout doux et l'envolée lors du refrain est redoutable.
Le morceau le plus émouvant du disque est Sympathy. Il ne s'agit pas seulement d'une ballade acoustique très bien interprétée mais d'un moment vraiment poignant de par la variation habile dans le chant.
Autre titre nous prouvant la montée en puissance des musiciens dans leur maitrise de la production est Hope There's A Heaven. Tout colle : le chant assez puissant est parfaitement emballé dans un package electro-mélodieux aux petites touches acidulées et au rythme bien entrainant.

L'album se termine sur deux morceaux qui sonnent plus matures que tout le reste. Train To Lime Street (ndlr : Lime Street étant une gare de Liverpool et la grande rue menant au centre) est un petit instrumental aux résonances industrielles mélancoliques. Avec en arrière-plan un léger écho de bruits de fond comme on peut en trouver dans une gare, c'est comme si le groupe amorçait en cette fin de disque un retour au bercail. Le final qu'offre Birthday Cake revient vers une recette plus classique avec un arpège simple à la guitare et une rythmique légère qui viennent habiller le chant et les chœurs de façon naturelle. Le violon rend le tout simplement beau.

On sent dans ce Sad Happy que bien que toujours fougueux notamment en live, Circa Waves ont passé un nouveau cap dans leur musicalité. Le très bon mélange de titres punchy et de morceaux plus raffinés, voire complexes, entérine le groupe dans les très bonnes formations de la jeune scène britannique actuelle. Cette frénésie d'écriture continue de produire des petits bijoux de pop-rock bien léchés et surtout adaptés à tout type de situations : tristes ou heureux, on se délectera de ces quatorze morceaux sans modération.