Maxïmo Park

Après As Long As We Keep Moving, le dernier disque enregistré avec Lukas Wooler, claviériste et membre fondateur de Maxïmo Park, le groupe de Newcastle est de retour en format trio avec son septième disque studio. Paul Smith, Duncan Lloyd et Tom English ont enregistré Nature Always Wins pendant une période de confinement. Son titre forcément inquiétant en ces temps incertains laisse interrogatif quant à la teneur de son contenu.

Child Of The Flatlands, son premier extrait dévoilé lors de l'annonce de la parution de ce nouveau disque en septembre dernier, et qui figure curieusement en toute dernière position du disque, avait beaucoup surpris. La chanson est très posée, davantage synthétique que d'accoutumée, et aurait possiblement pu figurer sur une escape solo de Paul Smith, d'autant que celle-ci parait très personnelle. Cependant ce single constitue un véritable trompe-l'œil. En effet, dès l'entame de Partly Of My Making, plage d'ouverture de l'album, on peut constater que le groupe a choisi de revenir à un son plus rock, même si les nappes synthétiques occupent également une place de choix sur plusieurs des douze compositions de l'album.
Il est vrai que Paul Smith et sa bande avaient emprunté une voie plus funky et beaucoup moins électrique sur Risk To Exist, et celle-ci ne nous avait pas vraiment emballé. C'est donc dans une forme de retour aux sources, certes moins brut que sur A Certain Trigger, leur premier opus, que Maxïmo Park nous reviennent et cela pour notre plus grand plaisir.

Bien plus harmonieux que sur l'album paru en 2017, le groupe débite certaines pépites, telles que Versions Of You, tube mélancolique par excellence, qui n'a pourtant même pas été teasé au titre de single, alors que quatre des douze compositions de l'album ont été dévoilées. A contrario, Baby Sleep, avec ses guitares acérées et son clavier parfaitement calibré, fut un des premiers titres à être disponible dès l'année dernière. Maxïmo Park n'ont rien perdu de l'énergie qui les caractérisent si bien. On appréciera à juste titre la batterie martiale accompagnant la mélodie de l'efficace Placeholder.
All Of Me, dernier extrait en date sorti tout récemment, résume assez bien la qualité d'écriture de Paul Smith et Duncan Lloyd. La chanson est joliment calibrée notamment grâce à la production de Ben Allen qui se retrouve dans le rôle de quatrième larron. Ce dernier a possiblement influé sur la réalisation de Nature Always Wins. Par exemple sur Meeting Up qui nous ramène un peu en arrière, dans l'esprit de Is It True, initialement face b de Hips And Lips parue en 2012, devenue morceau à part entière, dans une version différente, sur l'album Too Much Information paru un an plus tard. Au-delà des quatre extraits, l'album regorge de parfaites pop songs comme Why Must A Building Burn comme Paul Smith et ses comparses savent si bien en écrire.

Étant donné le titre de l'album et le contexte dans lequel il a été conçu, on pouvait s'attendre à un disque déprimant, mais au final il n'en est rien. On a plutôt retrouvé un Maxïmo Park ragaillardi et plaisant à écouter tout au long des quarante-cinq minutes de Nature Always Wins. De par la qualité des performances live antérieures du groupe, on a hâte de découvrir ces compositions sur scène. Pour le moment, on se contentera de ce disque, ce qui en soit n'est déjà pas si mal.