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Maxïmo Park

Interview publiée par Fab le 30 mai 2005

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Fortement influencés par la France et son coté romantique, Maximo Park ont sorti ce mois-ci leur prometteur premier album A Certain Trigger. Leur style efficace, basé sur des titres pop-rock au rythme soutenu, devrait rapidement leur ouvrir les portes du succès en cette année 2005...

Vous avez déjà donné beaucoup de concerts en hors du Royaume-Uni mais vous restez des inconnus pour les français. Vous pouvez présenter le groupe ?

Paul : Oui bien sûr ! Le groupe existe depuis environ trois an et demi maintenant, même si je n'ai rejoint les autres qu'un an plus tard. A cette époque, Duncan et Archis se partageaient le chant mais ils avaient besoin d'une personne capable de se focaliser uniquement sur coté vocal. Musicalement, nous avons toujours voulu écrire des chansons pop très enjouées et directes car c'est ce que nous aimons écouter. Nous voulions pouvoir toucher un maximum de personnes avec notre musique, et il nous fallait donc écrire des mélodies accrocheuses pour réussir.

Je suppose que votre nom, Maximo Park, a une signification particulière pour vous ?

Paul : C'est une idée de Duncan. Il regardait la télévision et un documentaire sur les parcs de Havane et Cuba a été diffusé ce jour-là. Le présentateur a alors parlé du Maximo Park où les gens jouent au domino et discutent de leurs idées tout en écoutant celles des autres. Cette vision des choses nous plaisait dans le sens où chacun dans notre groupe donne son avis sur les chansons et apporte ses idées pour améliorer les choses. Nous n'avons aucun leader, chaque personne a la même importance et peut faire les chœurs ou écrire des morceaux.

Avant d'être signés sur Warp, vous avez sorti un premier single avec votre propre argent...

Paul : Cela date d'il y a environ un an et demi maintenant. C'était un vinyle rouge qui contenait de vieilles versions de Going Out et Graffiti que nous avions enregistré chez Ducan car il possède une formation d'ingénieur du son. Comme nous n'avions pas de maison de disque, nous avons essayé de faire les choses nous-mêmes pour permettre aux gens d'écouter nos chansons ailleurs qu'en concert. Quand tu habites Newcastle, tu ne peux pas te permettre d'attendre que les choses se fassent naturellement, tu dois tout faire pour te mettre en valeur afin que les recruteurs des labels te remarquent. Nous avons donc pressé 300 copies de ce vinyle, nous les vendions à nos concerts et nous en avons également envoyé quelques copies dans des magasins de disques comme le Rough Trade de Londres. Un employé de Warp a acheté une de ces copies par curiosité et l'a envoyée à son patron qui a aimé notre musique ! Il nous a contacté afin de demander s'il était possible d'écouter d'autres chansons, puis nous lui avons envoyé quelques démos à partir desquelles il a décidé de nous faire signer un contrat.

La chance a donc joué un rôle important pour la suite de votre carrière...

Paul : Tout à fait, car à partir du moment où le contrat a été signé tout a été bien plus simple. Nous avons pu enregistrer notre album sans nous soucier de l'argent. Nous avons alors recruté le producteur Paul Epworth, une personne avec une bonne mentalité, qui a travaillé avec d'autres jeunes artistes comme Bloc Party, The Futureheads ou Babyshambles.

Voir un groupe de rock signer un contrat avec une label réputé pour la musique électronique est une chose peu banale. Pourquoi avoir choisi Warp ?

Paul : Nous avons eu des offres de la plupart des labels habitués à travailler avec des groupes de rock ! Mais le problème avec ce genre de labels, qu'ils soient indépendants ou non, c'est qu'ils s'attendent à avoir du rock classique, ils veulent pouvoir mettre les groupes dans des cases pour mieux les vendre ensuite aux gens. En signant avec Warp, nous avons voulu mettre un maximum d'atouts de notre coté tout en écrivant des chansons à notre façon. Bien entendu nous n'avons pas inventé la roue avec notre musique, mais si nous pouvons apporter quelques nouvelles idées avec notre album... c'est aussi pour cela que nous avons choisi de travailler avec eux, ils ne nous ont jamais dit quoi faire, nous avons carte blanche pour tout. Cela nous permet de ne prendre aucun risque, d'être nous-même, et advienne que pourra ! Nous ne recherchons pas le succès à tout prix, nous avons le temps.

Warp était donc le choix idéal pour vous ?

Paul : De mon point de vue, Warp est un label sérieux qui ne sort que de bons disques, au contraire de certaines maisons de disques que je ne citerais pas. J'aime beaucoup ce que font Vincent Gallo, Gravenhurst ou Broadcast et c'est une chance de pouvoir figurer parmi eux. Nous n'avons pas fait ce choix pour nous enrichir, le principal est d'avoir une liberté artistique tout en ayant assez d'argent pour vivre.

Quels sont les groupes important pour vous ? Ceux qui vous ont influencé et donné envie de faire de la musique...

Paul : Ce n'est pas une chose facile à décrire car notre musique est une sorte de croisement de beaucoup de styles différents. Chacun d'entre nous au sein du groupe possède ses propres influences et aime ou déteste certaines choses. Lukas écoute beaucoup de techno, Tom adore Bob Dylan alors que moi j'aime le post-rock et les songwriters
Tom : Et aussi Joy Division et The Fall pour moi !
Paul : Je n'ai rien contre The Fall mais je ne suis pas non plus fan au contraire de tout le reste du groupe qui apprécie beaucoup leur musique ! J'aime faire partie de ce groupe de personnes qui peuvent te faire découvrir de nouvelles choses, te faire partager leurs goûts.
Tom : Les influences te servent surtout à définir ta façon de travailler et d'écrire des chansons. Selon l'instrument dont tu joues, tu es forcément plus attiré par certains types d'artistes.
Paul : Life without buildings est un des rares groupes capable de faire l'unanimité au sein de Maximo Park, tout le monde aime ce qu'ils font. Et je trouve cela plutôt amusant que des personnes aux goûts si différents arrivent à s'accorder sur une même chose. Quand le reste du groupe m'a proposé de les rejoindre pour chanter, et qu'ils m'ont parlé de Sonic Youth et The Fall, je n'étais pas certain de pouvoir le faire, d'autant plus que je n’avais jamais été chanteur avant ! Je me suis dit que j'aimais les mots et la musique, et qu'il serait dommage de ne pas faire un essai avec eux.

Comment ta rencontre avec le reste du groupe s'est-elle produite ?

Paul : A une époque je jouais de la guitare dans un groupe instrumental appelé Me And The Twins. Lors d'un concert dans un club je me suis mis à chanter sur une chanson et j'ai donné l'impression d'être incontrôlable. A ma grande surprise, ma façon de me comporter en tant que chanteur collait totalement avec la musique. C'est ce soir là que le reste du groupe m'a vu pour la première fois et a tout de suite compris que je serais parfait en tant que chanteur !
Tom : Quand tu as la chance d'avoir un chanteur de cette trempe dans ton groupe, cela te conforte dans tes idées et dans ta façon de jouer de la musique. Le courant passe instantanément et tu as confiance en ce que tu fais.
Paul : Pourtant personne ne pouvait affirmer au début de notre collaboration que les choses allaient si bien marcher ! Nous aurions très bien pu ne pas nous entendre et nous séparer, ou ne pas trouver de contrat avec un label tout simplement. En venant d'une ville peu importante musicalement comme Newcastle, nous avions besoin de trouver une véritable osmose au sein du groupe pour réussir à nous faire remarquer. Notre amour commun pour les mélodies et les chansons dynamiques nous a rappprochés.

Ces goûts communs ont certainement beaucoup joué dans la cohésion du groupe ?

Tom : Nous voulions faire la même chose. Le disque a un son très clair, très net, et nous n'avons utilisé aucun effet. Le plus important était de se servir des instruments de base pour un groupe de rock : guitare, basse, batterie et bien sûr une voix ! A partir de cette base, nous avons pu jouer la musique que nous aimons sans trop nous soucier de la mode ou d'autre chose. Nous nous percevons vraiment comme un groupe de rock traditionnel.

Vous êtes souvent cités comme faisant partie de la nouvelle scène rock britannique, avec des groupes comme Bloc Party, Franz Ferdinand ou The Futureheads. Ca ne vous dérange pas ?

Paul : Ce n'est pas important ! Franz Ferdinand sont de Glasgow, The Futureheads de Sunderland... mais notre seul point commun est d'avoir émergé plus ou moins en même temps.
Tom : Cela signifie aussi que les groupes ont été créés à la même époque, mais il n'y a pas d'autre lien particulier.
Paul : Je pense que nous faisons simplement partie d'une scène de jeunes groupes faisant de la musique très directe, très dansante. Nous avons sans doute des points communs de ce point de vue, mais notre façon de composer et les paroles de nos chansons sont totalement différentes.
Tom : J'aime énormément The Futureheads par exemple, même si beaucoup de gens sont rebutés par leur style très direct. Tu peux aussi prendre l'exemple de Franz Ferdinand : leur son de guitare est prenant, avec des sonorités disco très marquées, et je pense que leur musique est parfaite pour danser, mais ce n'est pas vraiment ce que je veux entendre quand je branche la radio.
Paul : Je pense que tous ces groupes veulent écrire de bonnes chansons, mais peut-être que certains n'arrivent pas assez à se détacher des standards. Pour Apply Some Pressure, nous chantons pas moins de 5 refrains différents et dans d'autres nous n'hésitons pas à effectuer de nombreux changements de rythme. Chaque titre est différent, nous n'essayons pas de refaire systématiquement la même chose

La chanson Graffiti a une signification toute particulière pour les français au niveau des paroles. Tu peux nous en parler ?

Paul : C'est une chanson très particulière dans la façon dont elle a été écrite. Les paroles de Graffiti en français étaient déjà prêtes, et la chanson parlait de dessiner sur un mur. Les paroles n'ont pas de signification particulière pour mois, mais elles sont très bonnes et ont réussi à capter mon attention très rapidement. La chanson a un coté très romantique né du mélange de la situation en France en 1968, des émeutes dans les rues et du simple fait de dessiner sur les murs. La romance est une chose très importante pour moi, elle fait totalement partie de ma vision artistique.
Je suis étalement très attiré par la culture française, et par tout ce qu'il se passe à Paris en général. Je viens de Birmingham, une petite ville à une heure de Newcastle, et cet endroit n'offre strictement rien au niveau culturel. Tu es donc forcé de chercher des distractions dans d'autres villes ou pays. Toute cette période des années 60 et 70 s'associe très bien à la romance, tellement de choses se sont passées...
Je pense que la France possède toujours ce coté romantique. Tu peux par exemple prendre le cinéma avec Juliette Binoche, Ludivine Saignier... ce sont de belles femmes qui représentent cette culture que je respecte énormément.
Graffiti représente toutes ces choses, et dans ce sens la phrase « romance isn't dead » est très importante pour moi. Beaucoup de nos chansons parlent de quitter un lieu pour essayer de trouver le bonheur au bon endroit, de retrouver une personne perdue. Il faut toujours essayer de voir les choses du bon coté pour trouver les solutions aux problèmes !

Le titre de votre album, A Certain Trigger, est donc lié à toute ce coté poétique ?

Paul : L'album parle principalement des évenements qui poussent certaines personnes à faire certains choix ou à avoir certaines réactions. Une sorte de réaction chimique dans l'esprit. Les nerfs dans ton cerveaux créent des décisions selon ce que tu perçois dans la vie, selon ce que tu fais. Les émotions naissent de cela.
Tom : Même la musique peut être perçue comme un déclencheur. Je pense que cet album représente aussi être la raison pour laquelle des gens vont aller les uns vers les autres ou avoir certaines réactions. Notre musique est une source d'énergie dans ce sens.