Francis Lung

Francis Lung est un de ces artistes qui n'a eu de cesse de créer durant cette année et demie de pandémie. Dès le premier confinement, il a enchainé sessions live avec différents médias (toutes gratuites, précisions-le), a participé à quelques festivals en ligne et publié un EP confiné, le bien nommé Songs Fron A Living Room en septembre dernier. Après seulement un premier album (A Dream Is U en 2019), l'ex WU LYF a su convaincre par son énorme talent de songwriter.

C'est ainsi que Francis (Tom Mc)Lung nous revient avec son deuxième LP Miracle, riche de treize titres confirmant la productivité de notre larron. Mais surtout, son éternelle source d'inspiration qui ne connait pas de tarissement. Ce second album tient bien son rôle, c'est-à-dire appuyer et conforter le style poétique et diablement harmonieux de l'artiste, tout en continuant à se perfectionner dans sa pratique. S'éloignant définitivement du son WU LYF, Francis Lung délivre treize morceaux de pop gracieuse et majoritairement portés par un piano et une guitare aux mélodies saisissantes.


De par sa voix douce et triste, couchée sur des harmonies qui touchent directement au cœur, le musicien nous rappelle l'un de ses grands mentors auquel il a d'ailleurs rendu hommage l'an passé au sein d'un de ses streamings, le magnifique Elliott Smith. Blondes Have More Fun, Miracle, Don't Call Me Baby ou Comedown (Again) évoquent cette forte inspiration tout en ne tombant pas dans la mimique grossière. Francis Lung s'empreigne des compositions à fleur de peau du regretté Elliott et y distille sa petite touche, notamment grâce à des textes plus légers.


Bien que situés dans un registre aux angles arrondis et plutôt molletonné, d'autres morceaux penchent vers des atmosphères plus rythmées, appuyées d'arrangement au synthé très 60s qui les rendent pétillants. Say So évoque les Teenage Fanclub les plus gais, Uncommon et sa guitare plus léchée ainsi que The Let Down et sa rythmique funky rappellent que Francis Lung ne se contente pas d'une étiquette de chanteur pop jolie qui serait bien trop facile à lui coller. De nombreuses influences bouillonne sous cette coupe de cheveux sage : Intro suivi de Bad Hair Day, à titre d'exemple, constituent un express vers l'univers onirique du brillantissime Jason Lytle de Grandaddy, perché dans ses montagnes de Californie du Nord.

De nombreuses sensations se dégagent de ce Miracle de Francis Lung qui s'écoute d'une traite. Chaque morceau détient sa propre identité et les mélodies qui semblent de prime abord plutôt simples révèlent en réalité des structures particulièrement habiles car ne sonnant à aucun moment redondantes. C'est beau, doux et réconfortant. Un parfait disque pour l'été, à déguster dehors ou dedans selon la jauge autorisée.