Martina Topley Bird

Tout, jusqu'au nom de l'album, Forever I Wait, sonne juste et authentique sur ce disque. Martina Topley Bird a travaillé plus de dix ans pour réussir à exprimer les sentiments qu'elle voulait transmettre. Ce qu'elle considère maintenant comme son véritable premier album solo, c'est le quatrième, un véritable voyage démarré dans l'insécurité et qui, par un long processus créatif, achève sa quête de sérénité. Le voyage n'est pas que symbolique. Commencé à Londres, puis aux Etats-Unis et finalement en Espagne où elle s'est installée, cet album transporte l'auditeur.

Les ambiances, pour la plupart très sombres, illustrent la mutation de ses sentiments, de l'adolescence à sa vie d'adulte actuelle. Pour ce travail éminemment introspectif et personnel, Martina s'est quand même entourée de musiciens qu'elle connaît bien, comme Rich Morel (Deep Dish), Christoffer Berg (Fever Ray), Benjamin Boeldt (Adventure) et Robert Del Naja (Massive Attack). L'histoire avec ces derniers remonte à ses débuts puisque c'est Tricky qui l'a repérée, propulsant une adolescente qui chantait dans la rue devant chez lui en icône du trip-hop. Fidèle en amitié et en musique, elle a accompagné le groupe sur leur dernière tournée.

Même si elle s'en défend, il est naturel de faire de parallèle entre cet album hyper sensible et le suicide de sa fille Mazy Mina qu'elle a eue avec Tricky. Alors que l'album était en grande partie écrit au moment du drame, il a néanmoins forcément eu un impact sur sa production. Le déchirant morceau d'ouverture Pure Heart donne le ton d'un album sur lequel la chanteuse exprime fragilité et assurance. Le travail de production est impressionnant et l'ampleur du son rivalise avec les mégas productions de Massive Attack, Depeche Mode ou Björk, incroyable pour un disque auto-produit.