L'électrisante Martina Topley Bird était de passage à Paris en début de semaine, au Café de la Danse. Un live intimiste et hypnotique à la hauteur de l'une des plus envoûtantes voix d'Angleterre.
Aux abords de la rue de la Roquette, iPod aux oreilles bloqué sur
Sandpaper Kisses depuis trois stations de métro, on se pose une question. Qui sont les fans de Martina Topley Bird ? Existe-t-il un « Martina Code » ? Ont ils le look excentrique de leur idole ? Arborent-ils un style rockabilly façon
Janelle Monae ou une explosion vestimentaire à la
Ebony Bones ? Portent ils au contraire des mini perfecto en hommage aux influences rock de la grande dame ? A quelques mètres de la salle, force est de constater qu'il n'en est rien. Public sage et stylé, petits trentenaires discrets, bobos et auditeurs férus de Radio Nova (qui soutenait l'événement), les amateurs de Martina se font discrets. Qu'attendent ils, au bar surplombant la salle, mis à part un demi à 4 euros ? Un peu de
Quixotic pour l'un, avec cette voix feutrée, des instrumentations aériennes et totalement planantes. Pour l'autre ce sera une revisite de ses titres phares, façon décalée, dépouillée, comme sur
Some Place Simple, son dernier album.

Vers 21h, les lumières tamisées s'éteignent pour de bon. Elle arrive sur scène, comme une petite danseuse d'un ballet classico-trash chorégraphié par Lady Gaga et Ebony Bones. Paillettes autour des yeux, robe vaporeuse façon tutu, Martina se place sur le côté de la scène et joue au claviers les accords de
Orchids. La salle écoute religieusement et attend le dernier écho de son souffle pour applaudir. En quatre minutes, la britannique transpose le Café de la Danse au cœur d'une sphère féerique. Après
Lying, Martina s'avance enfin au centre de la scène. Armée d'un bâton de pluie, elle entonne le magnifique
Sandpaper Kisses. Derrière elle on distingue son fidèle Ninja, un percussionniste burlesque, vêtu de noir dont on ne distingue que les yeux. Elle aurait pu être accompagnée de cinq musiciens, dix danseuses juchées sur des éléphants roses, de toute façon, on n'aurait vu qu'elle.
Martina Topley Bird possède un charisme de diva malgré sa discrétion et son humilité évidente. Ses mots susurrés, ses yeux a demi-fermés, le silence qui l'entoure parfois, sont aussi percutants et violents qu'une Peaches en rut. Classe, élégante, Martina impose le respect. Elle continue sa setlist dans les contrées enchantées de
Quixotic, son premier album, avec
Anything, une chanson pop poignante qui donne la chair de poule à de nombreuses personnes ce soir, à observer les yeux exorbités et la bouche à demi ouverte des premiers rangs.

Petit retour au clavier : « je vais vous chanter une vieille chanson ». Les premiers accords ne trompent pas, les Stranglers et leur
Golden Brown sont de retour ce soir. Une très belle reprise qui fait dodeliner les têtes.
Need One, puis
Ylyah concluent la première partie du concert. Et oui, car Martina Topley Bird impose un entracte. Une très bonne occasion pour aller braver le froid pour une cigarette ou poursuivre un débat autour d'une bière. La suite arrive une quinzaine de minutes après avec
Overcome, un hommage à son mentor,
Tricky, avec cette chanson issu de son album
Maxinquaye. Quelques intrépides encouragent le reste du public à se mettre debout. C'est chose faite !
Le concert prend des allures plus rock et déjantées avec une Martina qui commence à parler avec la foule, échanger quelques blagues. Le second opus est à l'honneur avec les excellents
Carnies et
Baby Blue, avec un Ninja de plus en plus fou qui utilise des baguettes géantes pour sa batterie. Le duo burlesque quitte un instant la scène. Sous les acclamations du public, Martina et son Ninja reviennent pour une reprise inattendue et en français :
Marlène de Noir Désir. Un hommage salué par toute la salle. Enfin, la chanteuse prend la parole : « on a une surprise pour vous ». Soudain, elle et son Ninja lancent une dizaine de ballons gonflables géants, sortis des coulisses sur toute la salle. Un clin d'œil à Noël qui transforme la Café de la Danse en terrain de jeu ; les ballons-boules de Noël n'en finissant pas de rebondir sur scène , et parfois, sur Martina elle-même, pendant
To Tuff to Die.

Un live exalté et passionnant !