Graham Coxon

Graham Coxon, dans ses pérégrinations hors Blur, nous a habitués à de la diversité : de ses albums solo (dont Happiness In Magazines et A+E ont été des représentants de haut niveau) à l'écriture de bandes originales pour des séries (The End Of The F***ing world), l'Anglais aime s'essayer à de nouvelles expériences. Ne souhaitant pas se reposer sur ses lauriers, il nous emmène dans un concept totalement fou avec Superstate.

Aujourd'hui, place au roman graphique. Cet album vient accompagner le comics du même nom : quinze titres faisant écho aux quinze dessinateurs contribuant au recueil de science-fiction écrit par les auteurs Helen Mullane et Alex Paknadel. D'ailleurs, sur cet album, Graham Coxon, au même titre que les autres contributeurs, apparaît en featuring, inscrivant cette œuvre dans une collaboration complète et non comme une concrétisation de SON idée unique.
Plus que comme un album à part entière, ce dernier est à considérer comme une escorte aux œuvres graphiques car, pris seul, il peut paraître un peu longuet (près de 1h30) ; quinze bandes son pour accompagner les quinze scénarios dystopiques sortis de l'esprit prolifique de Coxon. Il résume d'ailleurs Superstate en ces mots : « un monde dystopique où les anges et les méchants promettent au peuple le paradis, où les enfants désenchantés vivent à l'état sauvage dans de vastes dépotoirs et où les masses sont apaisées par des paysages de rêve numériques, drogués et mandatés par le gouvernement et des partenaires robots en attendant de périr sur cette planète mourante »... Tout un programme !

Musicalement parlant, l'anglais décrit cet album comme « explorant [son] amour pour le prog rock et la disco, comme si King Crimson et Sly & The Family Stone se rencontraient pour ne former qu'un ». Cette phrase résume très bien le mélange d'influences. Tout est très différent de ce qu'il avait pu faire en solo jusqu'à maintenant ; ambiance funky avec Uncle Sam, disco sur Only Takes A Stranger, prog rock avec L.I.L.Y. ou encore The Astral Light. On découvre également quelques OVNI tels Bullets qui plane au-dessus de ses consœurs.

Les dernières limites de ses possibilités étant tombées lorsque Graham Coxon a enregistré la bande originale de The End Of The F***cking World dans son home studio, l'idée de créer un concept album autour d'une œuvre graphique ne lui est plus parue insurmontable et après un travail de quatre années, cet OVNI qu'est Superstate a enfin pu voir le jour.
Son goût pour les mangas et les animes l'a mené vers ce projet un peu fou, allant jusqu'à dessiner la couverture du livre, et le résultat, même s'il présente quelques longueurs, est intéressant et abouti, avec ou sans ses identités graphiques. A quoi peut-on s'attendre pour la suite ?