Clinic

Clinic présente son neuvième album, Fantasy Island, et semble, pour notre plus grand plaisir, suivre les traces de son prédécesseur Wheeltappers And Shunters, dans le côté rétro euphorique 70s. Mais ici, nous prenons l'avion (l'empreinte carbone n'était qu'en mode pause) et décollons pour des paysages exotiques et colorés, aux accents dansants et chaloupés.

Fantasy Island, bien que ne révolutionnant pas le répertoire des Liverpuldiens (ce qui n'est jamais arrivé en vingt trois ans de carrière, soulignons-le) nous apporte une belle dose de gaieté et nous incite fortement à réinvestir les dancefloors. Le tracklisting est sûrement à ce jour le plus pop qu'ils aient proposé, et ne cherchez aucun sens péjoratif à ce qualificatif. Le groupe lui-même décrit ce nouvel album comme disco-funk, une « boîte de cocktail de fruits » dixit l'un des membres, qui n'a pas d'autre vocation que de nous divertir.
Verdict : aucun mensonge dans ces propos et ce qu'il en ressort est une légèreté qui fait du bien. Évidement, ce qui fait l'ADN de Clinic persiste : ces lignes de synthés vintage, ces petits samples dignes des Moog les plus basiques, au son si définissable et porteurs d'une nostalgie d'un temps où quelques touches au clavier et une petite boîte à rythmes suffisaient à faire se remplir un parterre de club.


Toujours au chant, Abe Blackburn reste le même vocalement parlant. On retrouve ainsi ce timbre nonchalant et les murmures caractéristiques qui donnent tout le côté psyché cool au groupe. Les singles se démarquant sont le titre éponyme Fantasy Island qui, avec son beat plus marqué et ses relents d'acid house tout en vocoder, est parfaitement calibré pour les clubs et les festivals. Le titre d'ouverture The Lamplighter à la rythmique toute boogie et au chant malicieux pose le décor d'un petit voyage sans prétention aucune. On continue de chalouper sur un Fine Dining très épuré mais d'une efficacité redoutable.


Le fil conducteur de cette bande son échappée d'un jeu Atari 2600 (alors les anciens, on se comprend !) persiste tout du long, ce qui pourrait éventuellement leur être reproché mais la pérennité est depuis maintenant plus de vingt ans la marque de fabrique de Clinic, et lorsque que le résultat opère, on ne s'en plaint pas.
Néanmoins, quelques morceaux sortent du lot avec On The Other Side et son dub hypnotique et I Can't Stand The Rain, reprise d'Ann Peebles, chanteuse soul américaine des années 70, passé au toilettage electro de qualité. Feelings à la basse un peu plus marquée ralentit sensuellement le rythme et Grand Finale, comme son nom l'indique, offre en guise de clôture des petits airs de type ukulélé et un souffle d'ailleurs qui en ce triste automne offre une vraie bouffée d'air frais. Le tout en ne cessant de se dandiner, que l'on soit assis au bureau ou lâchés sur une piste de danse.

Le retour de Clinic est donc réussi. Rares ont été les ratages pour ce groupe qui a le mérite de demeurer fidèle à ses valeurs musicales, quitte à en lasser quelques-uns. Néanmoins, nous ne sommes pas face au simple recyclage d'un précédent travail, ici, les membres se sont réellement imprégnés de cette envie de partir loin que tout le monde partage après cette année et demie improbable, nous offrant un disque qui remplit son office d'entertainer.