Warmduscher

Vous en avez assez de cette avalanche de mauvaises nouvelles faites de virus, de crise économique et écologique, de guerres d'un autre siècle et de cérémonies télévisées qui tournent au catch ? Tout d'abord, déconnectez-vous de vos réseaux sociaux puis venez plonger sans retenue dans le nouvel album de Warmduscher At The Hotspot, amalgame farfelu de Fat White Family, Paranoid London, Insecure Men, Mutado Pintado, Childhood et The Moonlandingz dont le leitmotiv est de toujours faire passer le plaisir avant tout. Quelle que soit la situation.

Faisant suite au délicieux Tainted Lunch de 2019, la formation menée par le cowboy anglais Clams Baker Jr prend le parti d'un retour aux sources plus funky tout droit inspiré du milieu des années 70, décennie faite de chic, de glam et de délires vestimentaires délicieusement agressifs pour les yeux. Dan Carey n'étant pas disponible pour ce quatrième opus, une nouvelle collaboration des plus prestigieuse s'est alors amorcée avec Joe Goddard et Al Doyle de Hot Chip aux commandes. Le résultat rend ainsi hommage au meilleur de la disco funk et, Hot Chip oblige, les beats electro viennent saupoudrer l'intégralité des morceaux pour ainsi les cranter dans notre encore jeunot vingt-et-unième siècle.


Le disque étant le fruit d'une longue et interminable série de retrouvailles (donc de beuveries) entre les membres du groupe suite au premier confinement, on sent une forte envie de renouer avec le simple plaisir de jouir de tous les petits plaisirs que la vie peut nous offrir. Et pour ce faire, on nous susurre tout du long des onze pistes le thème clé de l'album, « hotspot », dont on devine qu'il appelle à autre chose qu'à la méditation.
De nouveau avec At The Hotspot, l'entrée en matière se fait avec une petite introduction narrée cette fois ci par Buck Angel (ndlr : acteur et producteur trans américain de films pornographiques) inspirée de la comptine « This Little Piggy » qui est évidement largement détournée.

S'en suit le titre d'ouverture Hotshot, énorme bombe funk qui n'a rien à envier aux bandes originales de la Blaxploitation. Le mot d'ordre est lancé, et c'est muni d'une patine fortement groovy que le tracklisting nous promène un peu dans le temps à l'image de Baby Toe Joe, hymne à la « coolitude » absolue, parfois avec des accents plus disco comme sur Wild Flowers et parfois avec des beats plus mécaniques comme sur Fatso. Ainsi, la passerelle entre les années 70 et 80 est largement franchie et le mélange des genres est impeccable.


La patte electro dance de Hot Chip s'impose sur Twitchin' In The Kitchen et Super Cool, et nous retrouvons les guitares garage et toujours crasseuses qui restent la marque de fabrique de Warmduscher dans le très sexy Five Star Rated et le déjanté Double Vision.

Comme avec Whale City et Tainted Lunch, Warmduscher ne se bornent jamais à un style. Ils sont d'ailleurs l'antithèse de tout ce qui se veut prévisible, tant l'énergie qui suinte littéralement des pores de ce nouvel album déclenche en nous une fièvre qu'on ne peut soigner que sur un dancefloor ou au sein d'un fosse de salle de concert. Fort heureusement, un détour par Petit Bain à Paris le 7 mai prochain est prévu, en espérant que Warmduscher reviendront rapidement pour prêcher leur rock funkadelic plus vastement en France malgré tout ce qui nous tombe sur la tête depuis ce début d'année chaotique, car comme le clame Barker lui-même « Fuck it all motherfucker I'm going straight to the hotspot ».