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Warmduscher

Paris, Maroquinerie - 13 mai 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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Un lundi soir à la Maroquinerie de Paris. Plutôt agréable avec le temps ensoleillé qui persiste et votre chroniqueuse totalement reposée suite à cette petite semaine « off » niveau concerts (« il faut lever le pied de temps en temps » me répète mon médecin, mais lui évoque les boissons alcoolisées...). Alors, quel magnifique pied de nez que de nous rendre à la rue Boyer pour la septième édition de Verte est La Nuit, soirée dédicacée à « la liqueur fabriquée à la distillerie d'Aiguenoire à Entre-deux-Guiers en Isère, en plein cœur du massif de la Chartreuse, sous la supervision des moines de la Grande Chartreuse ». Précisons-le, de couleur verte.

Mais ce n'est pas notre petit penchant pour le doux nectar qui nous attire ce soir, c'est bien le retour dans la capitale de Warmduscher, que nous avions quittés à l'orée de la pandémie en cet étrange mois de mars 2020 à la Gaîté Lyrique. Quatre années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, nous y rendant malgré les prémices du virus et motivée par les nombreuses écoutes de Tainted Lunch, excellent troisième album paru fin 2019, gorgé d'électro rock un poil libidineux, ce qui pour un des nombreux rejetons de la Fat White Family semble plus que naturel.
Nous avons depuis patienté avec la sortie en 2022 de At The Hotspot, nouvel opus un peu plus sobre mais toujours onctueusement enrobé de cette teinte disco-rock très 70s, évidement parfaitement mixé car sous les commandes de Joe Goddard et Al Doyle de Hot Chip. C'est donc avec de furieuses envies de « shaker notre booty » que nous nous rendons dans le 20ème arrondissement, en déclinant la proposition pourtant alléchante d'une nouvelle rencontre « guitares et Beaujolais » proposée par les Libertines au Trabendo.


Une fois n'est pas coutume, nous ouvrirons notre compte-rendu avec quelques mots sur la première partie non UK de cette soirée placée sous les volutes chargées de la liqueur iséroise, soit Les Atlantides. Ces derniers n'ont pourtant rien de commun avec le look moines d'abbaye, les quatre membres arborant costumes et masques de catcheur mexicain, brillants de mille feux et nous proposant durant une bonne demi-heure un rock ska très années 50, aux effluves de Cadillac et de BO entre Pulp Fiction séquence Uma Thurman / John Travolta et bal de fin d'année des parents de Marty Mcfly dans Retour vers le Futur premier épisode. Avec une bonne humeur extrêmement communicative, les musiciens qui nous expliquent venir plus du centre commercial Atlantis à Nantes que du continent perdu, nous permettent de nous mettre sérieusement en jambe avec leur set digne d'un des meilleurs orchestres de mariage. On danse, on swingue, on rigole et c'est là le plus important.


Passons maintenant au plat de résistance, soit le retour à Paris de Warmduscher. Avec un concert à Petit Bain malheureusement annulé lors de la sortie de leur dernier album en 2022, on pouvait craindre un manque d'écho et une salle bien vide. On ne saura pas vraiment si c'est bien l'aura décadente du groupe qui fait encore mouche ou les nombreux invités du sponsor qui ont permis de remplir la salle et on s'en fichera royalement car c'est dès les premières notes qu'unanimement les présents se mettent à se dandiner fiévreusement. Nous retrouvons alors sur scène vêtus de combinaisons noires ornées du logo du groupe Clams Baker Jr. au chant, Benjamin Romans-Hopcraft à la basse, Adam J. Harmer à la guitare, Marley Mackey (fils tout aussi talentueux que son papa, le regretté Steve Mackey, bassiste de Pulp) au clavier et Bleu Ottis à la batterie. Les plus érudits sont déjà familiers avec quelques-uns de ces noms, certains membres se baladant de-ci de-là entre Fat White Family (que l'on attend de pied ferme à la Cigale prochainement), Paranoid London et Insecure Men. Les plus néophytes quant à eux en prennent plein les yeux dès le départ quand Clams Baker Jr se met à bondir sur scène tout en déclamant les paroles délirantes de Tainted Lunch, The Salamender ou du brûlant Midnight Dipper, débutant le set sur les chapeaux de roues.

Forte de quatre albums, la formation protéiforme assure ce soir un service quatre étoiles en brassant large dans toute sa discographie, nous remettant en tête certains morceaux que nous avions, depuis 2015 et Kakhi Tears, un peu oublié. Garnie de dix-huit morceaux, la setlist est déroulée sans une seconde de répit, en mode rouleau-compresseur, menée par les cris, râles et autres baragouinages de leur leader court sur pattes mais irradiant de charisme. Selon les goûts on préfèrera le blues rock de The Sweet Smell Of Florida et 1000 Whispers issus de Whale City, le glam et le disco rutilants de Hot Shot et Wild Flowers provenant de At The Hotspot, ou comme votre chroniqueuse, si vous aimez à vous rouler allègrement dans le stupre, vous opterez pour Midnight Dipper et Disco Peanuts issus du peu farouche Tainted Lunch.


Le groupe ne se repose pas uniquement sur ses lauriers, ce dernier nous présentant trois inédits qui n'annoncent que du bon. Avec un tel menu, la fosse communie très rapidement, passant de dancefloor à mosh pit en quelques morceaux, accueillant en son sein Clams que se laissera noyer dans la masse micro à la main, lunettes de soleil de cador toujours sur le nez, mais qui réussira dans son entrain à les égarer, nous permettant ainsi pour la première fois de percevoir son regard bleu azur !

Une heure et quinze minutes montre en main, un set court et puissant, qui s'enchaînera aussi vite qu'une salve de mitraillette disco-punk, amusant et extrêmement jouissif, c'est là tout le talent de Warmduscher. Le groupe sortira également tout en sueur et heureux comme un pape de cet accueil parisien, conscient que nous étions restés fort longtemps sans nouvelles et surtout motivés pour remettre ça le plus rapidement possible. A défaut d'avoir pu goûter au vert de la liqueur à l'honneur ce soir, c'est plutôt rougeoyant de bonheur que nous sortons de la Maroquinerie, une telle dose de fun un lundi soir étant des plus appréciables.
setlist
    Tainted Lunch
    The Salamander
    Midnight Dipper
    Wild Flowers
    Hot Shot
    Burner
    Fashion Week
    Staying Alive
    1000 Whispers
    Lady Eggs
    Eight Minute Machines
    Out Of Body
    Disco Peanuts
    Double Vision
    Standing On The Corner
    I Got Friends
    Oscar Wilde
    The Sweet Smell Of Florida / Big Wilma
photos du concert
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