Crows ont tout pour faire le buzz. De grandes chansons, c'est un bon début, et un premier album sorti sur le label d'IDLES, puis un deuxième sur Bad Vibrations, tout nouvelle structure issue d'un tourneur qui coorganise le Wide Awake Festival, ce qui se fait de mieux comme festival pour la scène actuelle. Il n'est pas étonnant que leur premier groupe soit un groupe qui assure sur scène.
Tout file à un train d'enfer chez Crows, et malgré le bruit, la batterie garde les éléments en place pour que les mélodies apparaissent clairement. Dans un style issu du live, les intros sont minimales, et en trois mesures on est souvent au cœur de la chanson pour que le chant commence. Le groupe utilise la pression comme méthode de travail, et il a décidé d'enregistrer son nouvel album dans la foulée de la tournée promotionnelle pour le premier, en janvier 2020... Très vite mis au repos forcé pour cause de pandémie globale, leur plus long break depuis leur formation en 2015 a été source d'une immense frustration.
Cette frustration a pris le relais sur celle générée par la délicieuse ambiance de Brexit qui avait accompagné leurs débuts. Boostées à la frustration, leur rage n'en est que plus grande, aboutissant à un album dans le pur prolongement du premier, mais avec une inspiration rafraîchie qui leur permet de creuser le sillon d'un style tirant vers la tendance lourde du post-punk (IDLES, Fontaines D.C.) avec un vernis sombre (Black Rebel Motorcycle Club, Brian Jonestown Massacre).
De ce merveilleux chaos, où rien n'est à jeter, se détachent des morceaux qui devraient devenir des classiques du genre, comme l'imparable enchaînement entre Moderation et Healing. Beware Believers fait partie de ces albums tellement sombres qu'ils vous donnent la pêche !