George Ezra

Gold Rush Kid est le troisième album de George Ezra, et au vu du succès rencontré au Royaume-Uni par les premiers singles qui en ont été extraits, nul doute que ce nouveau disque va une nouvelle fois cartonner outre-Manche – rappelons que ses deux premiers albums ont chacun atteint le sommet des charts britanniques. En France, ce songwriter ne déchaîne pas autant les passions, et autant l’écrire tout de suite, si George Ezra ne passe pas en rotation lourde sur RTL2 ou Chérie FM avec les singles extraits de Gold Rush Kid, c’est qu’il ne percera jamais sous nos contrées.

Parce que cet album est totalement calibré pour les radios et/ou les playlists type « écoutons un truc cool pendant le barbecue ». Dès le premier titre, Anyone For You (Tiger Lily), on voit où Ezra veut nous emmener. Batterie électronique en mode aseptisée, chœurs rajoutés au refrain histoire de bien faire comprendre qu’il faut chanter à ce moment-là, le gimmick de piano omniprésent, un break à la – horreur – Ed Sheeran en mode « guitare acoustique étouffée juste ce qu’il faut »... Ce n’est pas un mauvais morceau en lui-même – et en plus la ligne de basse est assez énorme, mais il manque cruellement de personnalité.

Green Green Grass souffre du même mal, même si, il faut le reconnaître, la rythmique funky fait ce qu’il faut. Gold Rush Kid démarre comme un morceau de Charlie Winston, avant de lorgner curieusement vers le I'm Going Down de Springsteen. Là encore, pas une mauvaise chanson, mais qu’on a déjà entendue des dizaines de fois chantée par d’autres. Sur Manila, un espoir apparaît avec un démarrage piano/voix sympathique. Manque de pot, une rythmique vaguement R’n’B vient saloper le tout, avant une catastrophe auditive absolue, à savoir un solo de guitare électrique au son atrocement compressé, d’ailleurs Eddie Van Halen lui-même s’en est retourné dans sa tombe.

Fell In Love At The End Of The World est frappée du même syndrome, en revanche Don’t Give Up (rien à voir avec le morceau de Peter Gabriel) s’en sort plutôt bien, avec une production pour une fois pas trop mammouthesque. Malheureusement Dance All Over Me qui suit se plante dans les grandes largeurs, avec un refrain sonnant comme une illustration sonore de « Recherche appartement ou maison », c’est dire le niveau. Et puis... le petit miracle. Après cette épreuve, trois morceaux de suite assez dépouillés, sans artifice, mettant en avant le beau grain de voix de George Ezra. Une contrebasse par-ci, un piano par-là, un violon de temps en temps... C’est mignon comme tout. Pas de quoi se relever la nuit non plus mais clairement, I Went Hunting, In The Morning et Sweetest Human Being Alive sont des chansons qui sonnent enfin de façon correcte. Mais cette amélioration n’est que passagère : on repasse sur NRJ avec Love Somebody Else, puis l’album se conclut par The Sun Went Down, ballade vaguement gospel à la fin de laquelle des oiseaux font cui-cui.

En résumé, Gold Rush Kid vous comblera si vous recherchez un album à mettre sur l’enceinte Bluetooth au bord de la piscine ou sur la plage. Mais au vu de tout le barouf fait autour de George Ezra, on attend (beaucoup) mieux de lui...