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Hot Chip

Freakout/Release

Hot Chip - Freakout/Release
Chronique Album
Date de sortie : 19.08.2022
Label : Domino Records
45
Rédigé par Franck Narquin, le 16 août 2022
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Dans la série High Fidelity, adaptée du film lui-même adapté du livre culte de Nick Hornby, Zoe Kravitz demande à sa collègue si elle veut aller voir Hot Chip ce soir et s'entend répondre : « Ben non, on n'est plus en 2006 ». Si la vanne est bonne, elle n'en est pas moins infondée car même s'il est difficile d'atteindre tous les quatre matins les sommets de The Warning ou de One Life Stand, les productions du groupe demeurent depuis près de vingt-ans d'un niveau presque sans égal sur la scène britannique. La sortie sur Domino Records de leur huitième album, Freakout/Release, annonce même un retour en grande forme des londoniens qui devrait ravir les fans de la première heure mais aussi séduire les éternels sceptiques, où devrais-je dire les pisse-froids qui n'ont jamais eu la chance d'assister à leurs démentes prestations scéniques.

Down fixe d'emblée la ligne directrice d'un album aux textes plus sombres et plus politiques qu'à l'accoutumé mais à la musique toujours aussi solaire et irrésistiblement dansante. Construit autour d'un sample de More Than Enough de Universal Togetherness Band, pépite funk du début des années quatre-vingt, le morceau groove sévèrement tandis que les paroles bien plus lugubres font référence à Shining (« All work and no play makes Jack a dull boy »). Après avoir fait de la reprise de Sabotage des Beastie Boys un classique de leur setlist, Hot Chip font désormais de l'œil à Intergalatic, autre standard du trio mythique de Brooklyn, sur le titre Freakout/Release. Épaulés par Soulwax, ces producteurs belges hyperactifs dont on ne compte plus les remixes et collaborations avec les plus belles machines à danser de la planète, de LCD Soundsystem à New Order (on vous recommande d'ailleurs chaudement le remix dantesque de vingt minutes de Blue Monday paru en début d'année), les anglais explorent leur côté viriliste sur ce morceau ou se tutoient électro-rétrofuturiste et guitares furibardes. Un poil bourrin, Freakout/Release s'avère tout de même sacrément addictif.

Sur Eleanor et Broken, Hot Chip renouent avec leur veine plus classique faites de mélodies pop et de production électronique, à la fois légères et mélancoliques, avant que Not Alone n'offre un moment de calme avec son electronica subtile et pointilliste à la Four Tet portée par la voix de tête d'Alexis Taylor. On a du mal à croire Hot Chip quand ils nous disent qu'il est Hard To Be Funky tant le funk infuse une bonne partie des titres de l'album et tout particulièrement cette petite pépite à la nonchalance chaloupée qui donne envie de se prélasser tout l'été au bord de la piscine. Les couplets semblent sortir de la bande originale de Virgin Suicides, le refrain d'un compilation électro-funk de 1983 et le « rap » final de Lou Hayter (ex-New Young Pony Club) du premier album de Neneh Cherry. Difficile de faire plus cool. Il faut pourtant vite troquer le maillot de bain pour les Repetto car Time, morceau déchirant, aussi désespéré que prêt pour le dancefloor, nous invite à passer la nuit à danser avec des larmes dans les yeux.

Placé juste après ces deux grands morceaux, Miss The Blues fait pâle figure, rate sa cible et ne semble être ici que pour faire le nombre, un peu comme Danilo Pereira au Paris Saint-Germain. La déception est de courte durée grâce à The Evil That Men Do, doux morceau de soul jusqu'aux deux-tiers avant un final explosif à base de piano répétitif, de voix grésillantes et d'un couplet enlevé du rappeur canadien Cadence Weapon. Les rois de l'électro-pop ne font ensuite preuve d'aucune culpabilité pour rendre un hommage très appuyé aux productions du jeune Prince sur Guilty. Aussi surprenant que jubilatoire, le résultat ravira le p'tit clou qui sommeille en vous. Out Of My Depth, morceau à tiroir typique de productions d'Hot-Chip vient clôturer en beauté ce nouvel opus.

Hot Chip semblent avoir trouvé une fontaine de jouvence avec leurs collaborations et orientations funk, soul et hip-hop sans toutefois dénaturer ni perdre leur pâte unique tellement identifiable. Après vingt ans de carrière et huit albums, les anglais semblent toujours frais comme des gardons et inspirés comme jamais. Les papys du dancefloor ne sont pas près de céder leur trône et nous vous conseillons de garder encore quelques forces pour danser avec eux cet automne lors de leur très attendu concert à l'Olympia de Paris.
tracklisting
    1. Down
  • 2. Eleanor
  • 3. Freakout/Release
  • 4. Broken
  • 5. Not Alone
  • 6. Hard To Be Funky (feat. Lou Hayter)
  • 7. Time
  • 8. Miss The Bliss
  • 9. The Evil That Men Do (feat. Cadence Weapon)
  • 10. Guilty
  • 11. Out Of My Depth
titres conseillés
    Down - Hard To Be Funky - Time
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