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Hot Chip

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 18 août 2022

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Trois ans après A Bath Full Of Ecstasy, Hot Chip reviennent avec un nouvel album. Freakout/Release démontre que, près de vingt ans après sa formation, ce groupe continue d'inventer et d'innover avec un disque d'une grande richesse musicale à la fois dans la continuité et différent des précédents travaux du combo. Entretien avec les très doués et charmants Alexis Taylor et Joe Goddard.

L'enregistrement de votre nouvel album a été réalisé dans le studio que vous avez monté il y a peu. Vous avez construit celui-ci du fait du COVID-19 ou en prévision de vos futures sorties ?

Un peu des deux. Nous avons fondé ce studio durant la pandémie en vue de plusieurs projets. Nous avons créé cet album dans le studio de manière collective, ce qui n'a pas toujours été le cas. Chacun des membres de Hot Chip été très impliqué dans la création de ce disque.

Ce fut un travail encore plus collectif que d'habitude ?

Tout à fait. Le travail s'est fait de manière très cool, certains morceaux sont arrivés très rapidement. C'est agréable quand des titres arrivent aussi vite.

Cela signifie-t-il que le disque a été facile à écrire et enregistrer ?

Il y a toujours des moments où nous sommes indécis face à des morceaux mais cela n'a pas été un disque stressant à réaliser. Nous avons pensé en faisant cet album aux Beastie Boys qui avaient leur studio à Los Angeles et où leurs amis venaient les voir et jouaient au basket. Il y avait cette atmosphère dans le studio quand nous avons créé l'album.

A propos des Beastie Boys, vous avez dit que leur morceau Sabotage, que vous reprenez parfois en live, a imprégné ce disque...

Même si l'album ne sonne pas comme Sabotage, nous avions en tête cette approche punk pour ce disque. Cela a été une bonne chose pour nous que de reprendre ce titre avec cette pure énergie punk. Cependant nous n'avons jamais pensé à mettre cette reprise dans l'album.

Je trouve vos deux derniers albums plus organiques que ceux d'avant. Il y a dans A Bath Full Of Ecstasy une vibe disco et dans celui-ci une vibe soul...

C'est vrai. La soul nous a toujours influencés. Il y a une vraie batterie sur cet album, ce qui donne ce côté organique dont tu parles.

L'album est très positif, même si les paroles sont sombres...

Tout à fait. Nous aimons la mélancolie, ces morceaux disco avec une voix féminine qui parlent d'amours perdus, ce genre de trucs.

Les paroles parlent d'éléments tant personnels que sociaux...

Tu as raison : on ne peut pas séparer ces deux éléments. Nous essayons de parler de choses de la façon la plus universelle qui soit.

Vous avez choisi Down comme premier single tiré de l'album. Pour quelles raisons ?

Je ne sais pas si c'est le premier morceau que nous avons écrit, mais il est arrivé rapidement. Nous étions très satisfaits de ce titre. Nous avons trouvé qu'il serait une bonne introduction pour ce disque. C'est un bon titre qui permet de bien entrer dans l'album.

Il y a plusieurs guests dans l'album : Soulwax, le rappeur canadien Cadence Weapon et Lou Hayter. Comment et pourquoi les avez-vous choisis ?

Soulwax jouent des titres clubs avec une énergie rock. Cela convenait parfaitement aux morceaux de l'album. Nous les connaissons depuis longtemps. Ils sont devenus des amis. Avec Lou, nous avons pensé à la perspective qu'elle pourrait donner au morceau. Quant à Cadence, il a fait notre première partie au Canada il y a longtemps. Il était disponible au moment où nous avons enregistré le disque et nous avions envie de collaborer avec lui.

Ce disque est dansant et va dans plein de directions musicales différentes, avec des dynamiques diverses...

C'est vrai. Cela n'a pas été fait consciemment. Nous avons voulu un disque qui sente la liberté. Ces directions différentes viennent peut-être du fait que nous avions du temps devant nous quand nous avons réalisé cet album. L'enregistrer dans notre propre studio nous a donné encore plus de possibilités.

Votre précédent album avait été produit en partie par Philippe Zdar. J'imagine que sa disparition a été un choc pour vous ? Vous avez été parmi les derniers artistes à collaborer avec lui...

Nous avons été l'un des derniers groupes avec lesquels il a travaillé, effectivement. Les sessions avec lui avaient été fantastiques. Nous aurions aimé retravailler avec lui un jour. Cela a été une tragédie. Nous aimions bosser avec lui car il avait une culture musicale incroyable.

Vous partez en tournée bientôt ?

Oui, et nous jouerons à Paris à l'Olympia le 8 octobre prochain. Nous sommes très heureux de cette date à venir.

Vous avez toujours été populaires, chez nous, en France...

Nous apprécions cette relation particulière que nous avons avec la France. Nous avions joué à Paris quelques jours après les attentats de 2015. Notre concert ce soir-là était très émotionnel et cela a rendu les choses encore plus fortes entre nous et votre pays. Nous avions travaillé avec Kitsuné pour le premier album. Et puis il y a eu aussi cette collaboration avec Philippe. Nous avons plein d'amis à Paris.