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Black Honey

A Fistful Of Peaches

Black Honey - A Fistful Of Peaches
Chronique Album
Date de sortie : 17.03.2023
Label : Foxfive Records
45
Rédigé par Adonis Didier, le 14 mars 2023
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A Fistful Of Peaches, "Une poignée de pêches" en Version Française. Qu'on se le dise tout de suite, Black Honey mettent les pêches où ils veulent, et c'est souvent dans la gueule. Les trublions du rock lourd, glamour, et mélodique sont de retour, et le tour qu'ils s'apprêtent à nous jouer s'annonce tout sauf mauvais.

Ceux que l'on avait découverts il y a maintenant sept ans à travers un rock-western aussi agréable qu'improbable semblent avoir enfin terminé leur métamorphose entamée au contact de Mike Kerr, bassiste chanteur de Royal Blood, dont l'influence avait propulsé le son Black Honey originellement lo-fi vers un bourdon fuzzy et pop, radio calibré et aguicheur comme pas deux, les lèvres couvertes de gloss rouge cerise. L'album éponyme se tenait le cul entre deux chaises, tiraillé entre le western et Madonna, Written And Directed troquait lui la mélodie contre la brutalité policière sans discernement, et tapait un peu partout sans vraiment savoir pourquoi. Ce troisième effort, en plus de représenter l'œuvre la plus honnête et personnelle de leur frontwoman Izzy « Bee » Baxter Phillips, semble pour sa part avoir enfin trouvé la plénitude sonore que l'on espérait du groupe depuis des années, à mi-chemin entre le dirigeable et le plomb (dans la cervelle).

L'écoute à peine lancée, le papillon sort de sa chrysalide des gants de boxe au bout des pattes, Charlie Bronson laisse Izzy Bee décharger toute sa rage derrière un riff à la lourdeur d'un pick-up blindé éclatant la façade d'un bureau de poste. Le fuzz est présent, les problèmes de médocs, envies suicidaires, et tendances psychotiques aussi. Comme dit plus haut, cet album est une porte défoncée menant aux tréfonds des pensée et de l'âme d'Izzy B. Phillips, et la personnalité de la chanteuse et guitariste est une véritable épreuve, de celles qui méritent d'être vécues. Une entrée en matière poursuivie par Heavy, mélange idéal de ce que sont les deux premiers albums de Black Honey. Le constat est clair, le cocktail parfaitement dosé, la chanson roule sur l'auditeur, la densité sonore du refrain avance et broie tout sur son passage, dans un élan mélodique sublimant la puissance, miel noir et sucré appliqué sur des cordes vocales écorchées par un cran d'arrêt rouillé jusqu'à l'os.
Vous pensiez vous en sortir aussi facilement ? Le groupe va déployer la même formule de Up Against It jusqu'à I'm A Man, des couplets drivés par la batterie et la voix d'Izzy Bee, avant que les cordes électriques ne viennent embraser les refrains de nos canaux auditifs, ne laissant aucun répit, aucun endroit où se cacher de l'envie de hurler et de se jeter contre les murs. Une formule empruntée aux Pixies et à Nirvana, « britishisée », qui culmine sur OK dans un océan de douceur brisée, amour fusionnel et douloureux mettant le feu partout où il passe avec les meilleures intentions du monde. « I just want you to be OK » hurle-t-on en espérant s'en convaincre, alors que l'on sait très bien que Roméo et Juliette ne finissent jamais bien.

Nobody Knows calme le jeu, le monde se fait vaporeux, la voix d'Izzy Bee, lointaine, se déforme dans les rides de l'eau perturbée par sa peine, dans les vagues de chaleur qui montent à travers la distorsion. Tombstone en remet une couche dans la lourdeur et les riffs de mammouth couplés à l'influence de Blondie, une influence qui colle à la peau du groupe depuis toujours. Le voyage sur la route de la psyché torturée de la chanteuse prend fin à Bummer... et dire que Black Honey nous avaient gardé une telle beauté en guise de ciao bye bye. Le titre de l'album est une référence au western de Sergio Leone, Pour Une Poignée de Dollars, et sa fin est un au revoir dans le soleil couchant, une page finale de cette nouvelle histoire des quatre cowboys de Brighton, un vitrail de cathédrale peint par des perdants et des nullos, auquel l'horizon rougeoyant offre l'éclat et la couleur de la victoire sur leur chienne de vie. Ainsi, Bummer est sans aucun doute l'une des plus belles chansons de cette nouvelle année, et la conclusion parfaite à l'album le plus complet de l'un des groupes les plus doués de sa génération.

Tout ça pour une poignée de pêches, douze pour être exact, douze pêches en colère qui misent bout à bout forment un album à l'honnêteté désarmante, à la puissance émotionnelle et musicale rare, précieuse. Deux fois six coups de revolver, la fumée du canon pousse les portes du saloon dans la cité du rock anglais. Il y a un nouveau shérif en ville, et de sa bouche coule un miel complètement noir.
tracklisting
    01. Charlie Bronson
  • 02. Heavy
  • 03. Up Against It
  • 04. Out Of My Mind
  • 05. Rock Bottom
  • 06. Cut The Cord
  • 07. OK
  • 08. I'm A Man
  • 09. Nobody Knows
  • 10. Weirdos
  • 11. Tombstone
  • 12. Bummer
titres conseillés
    OK, Charlie Bronson, Bummer
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