bdrmm

Véritable révélation de l'année 2020, notamment avec un excellent premier album, Bedroom, paru sur le label Sonic Cathedral, les anglais de bdrmm sont de retour avec leur nouveau disque : I Don't Know. Celui-ci étant cette fois édité par Rock Action Records, le label des écossais de Mogwai, on s'attendait donc à un disque à tendance shoegaze encore plus noisy que le précédent, d'autant plus que le premier simple annonciateur de sa sortie, It's Just A Bit Of Blood, nous laissait présager une fois encore d'un son bien électrique derrière son bit électronique.

L'intensité de ce morceau, le son des guitares, la voix claire, le rythme pendant près de cinq minutes nous enchantent littéralement. Et bien évidemment, tout cela nous donne furieusement envie de découvrir le reste du contenu de cet album. Aussi, dès l'entame de Alps, on se demande si on découvre bien le même groupe, voire le nouveau disque de bdrmm. L'intro ambiant, suivie du tempo et des mouvements électro de la composition, nous donnent plutôt l'impression d'écouter un morceau d'Orbital plutôt que du groupe de Hull. Cependant, cette entrée en matière est de haute volée et Alps s'avère au final furieusement addictif. Première claque de ce disque ! Be Careful qui lui fait suite, second simple précurseur de I Don't Know, est également une surprise de taille. La mélodie issue de la basse de Jordan Smith est absolument incroyable et peut évoquer Nude de Radiohead. Sur un rythme à la Massive Attack et des guitares classieuses, la chanson nous entraîne dans une mélancolie planante. Il faut reconnaitre que ce début d'album est assez stupéfiant. Loin d'être un copier-coller de leur premier effort, cette première partie nous surprend par sa très grande qualité.

We Fall Apart, dernier morceau de la première face du disque, nous pénètre de sa noirceur. Froide avec ces longues boucles obsédantes, entre psychédélisme, minimalisme et noisy pop, la composition est magnifiquement structurée, notamment avec son final bordélico-noisy. Après cela, il fallait au moins une plage apaisante pour nous remettre de nos émotions, tant I Don't Know s'avère musicalement riche. C'est ce que bdrmm nous offrent avec Advertisement One et son piano délicat. Ce titre vient vraiment séparer les deux faces du disque. La première où le groupe dévoile les différentes facettes de son identité musicale, et une seconde où il déploie leurs compositions d'une manière beaucoup plus classique. En effet Hidden Camera, Pulling Stitches et la superbe A Final Movement ont toutes cette même homogénéité, celle de cultiver une forme de rêverie et de mélancolie, qui ne sont nullement déplaisantes bien au contraire, mais qui s'avèrent tellement moins surprenantes que tout ce qui figure dans la première moitié du disque où les morceaux nous entraînent à chaque fois dans des univers très différents.

Sans atteindre le statut de chef d'œuvre, I Don't Know est un album de très bonne facture et bdrmm confirme tout le bien que l'on pensait déjà d'eux avec Bedroom. Peut-être attendions nous un peu trop de ce disque ou nous a-t-il beaucoup trop surpris dans sa première moitié pour continuer sur la même cadence pendant quarante--et-une minutes. Cela n'empêchera pas ce second album de tourner régulièrement sur nos platines pendant tout l'été, et au-delà.