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Paris, Point Éphémère - 3 novembre 2023

Live-report par Emmanuel Stranadica

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En à peine deux albums qu'on peut qualifier de majeurs, bdrmm ont su démontrer combien ils tenaient la route. Après Bedroom, un premier essai shoegaze/cold wave paru en 2020, le groupe a sorti cette année I Don't Know où l'électronique vient davantage se mélanger à des guitares toujours aussi incisives. C'est dans un Point Ephémère affichant complet depuis juillet que les Anglais se sont produits ce vendredi soir. Dans un lieu bien entendu plein comme un œuf, avec un public assez diversifié, sous-entendu pas uniquement jeune, on sentait une belle excitation à retrouver sur scène le groupe qui avait ouvert pour Mogwai à la Salle Pleyel dans la capitale en mai l'année dernière.

En guise de première partie, ce sont les Lyonnais de Luje qui lancent les débats. Pas facile d'ouvrir lorsqu'un groupe est aussi attendu par son audience, cependant les cinq musiciens s'en sortent plutôt bien. Alternant morceaux pop assez punchy, parfois groovy, les Français défendent avec talent leur album Raving Track paru en début d'année. Influencé par le psychédélisme de TOY ou les guitares de Foals, le groupe joue souvent vite et fort pour notre plus grand plaisir. Ils s'octroient même une escapade soul le temps d'un tout nouveau morceau. Au final, quarante minutes de très bonne facture avec un final percutant que Luje ont présenté à un public relativement conquis par leur prestation.


Un changement de plateau s'opère avec les membres de bdrmm qui teasent certains de leurs morceaux à venir pour le grand plaisir du public. Une trentaine de minutes plus tard, c'est au son d'Angel de Massive Attack que les quatre musiciens entrent sur scène. Ryan Smith, chanteur et guitariste, lance le bonsoir à l'audience avant que le groupe n'entame Alps, morceau d'ouverture d'I Don't Know. Joe Vickers le guitariste, casquette vissée sur la tête, s'amuse à bidouiller ses pédales à genou, apportant davantage de larsen que sur le disque sur la partie très électro du morceau. On sent la tension monter progressivement jusqu'à l'arrivée d'un déluge d'électricité où le groupe se lâche d'emblée. Ça démarre et ça joue fort. Be Careful s'enchaine après un interlude instrumental concluant le premier morceau du concert. Le groove est de mise avec notamment le jeu de basse de Jordan Smith. La bande de Hull va une fois encore envoyer du lourd à la fin de ce morceau avant de continuer d'interpréter chronologiquement les titres de I Don't Know. Sur We Fall Apart et son côté psychédélique rappelant TOY, les décibels vont grimper jusqu'à 119. Autant dire que le groupe joue vraiment très fort...

Gush constituera le premier retour vers leur précédent disque : Bedroom. Batterie martiale, son cold wave et tension perceptible au travers de boucles qui servent à sublimer la chanson sont les ingrédients principaux de ce morceau. Le groupe, ravi d'être sur scène, continue à distiller les morceaux de son dernier album. Surgit alors Three, titre paru sur un 45 tours très limité (ainsi qu'en digital) quelques mois avant la sortie de I Don't Know. La chanson sonne davantage dub, la mélodie est pesante notamment avec cette batterie qui écrase tout sur son passage. Elle précède A Final Movement, ultime plage de leur second album dont l'immense tristesse évoque un plongeon vers le fond de l'océan. La chanson vient toutefois un peu apaiser toute cette énergie et cette puissance déversées pendant près d'une heure.


Mais le concert ne s'arrête pas là, bdrmm nous emportent à nouveau grâce à un Push/Pull au final absolument fantastique. Mud, récent single inédit, nous est offert sur scène. Sur ce titre plus synthétique que les autres compositions, Ryan Smith délaisse à cette occasion sa guitare pour un passage au clavier. La chanson est de très bonne facture. S'ensuivent ensuite le couple Happy/(Un)Happy, extrait du premier album, celles-ci étant interprétées sans concession, le groupe se lâchant littéralement et nous gratifiant d'un joli foutoir sonore. Port, oppressante au possible, vient conclure de façon magistrale un concert maîtrisé de bout en bout part les quatre musiciens.

Ryan Smith aura paru très touché et vraiment heureux de ce concert parisien. On le comprend, car bdrmm ont vraiment été impériaux pendant une heure et vingt-cinq minutes sans break (ndlr : le rappel initialement prévu sur la setlist ne verra jamais le jour). Puissant, énergique, et même sonique, le concert des Anglais a comblé le public, incluant Martin Bulloch, batteur de Mogwai, présent pour l'occasion. Une séance de rattrapage est d'ores et déjà prévue en février à Petit Bain, toujours à Paris, pour ceux qui n'ont pas pu assister à cet évènement. Ceux qui y souhaitent y retourner sont évidemment les bienvenus !
setlist
    ALPS
    BE CAREFUL
    IT'S JUST A BIT OF BLOOD
    WE FALL APART
    GUSH
    HIDDEN CINEMA
    PULLING STITCHES
    THREE
    A FINAL MOVEMENT
    PUSH/PULL
    MUD
    HAPPY/(UN)HAPPY
    PORT
photos du concert
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