Slowdive

Six ans après avoir effectué leur grand retour discographique, Slowdive reviennent avec un nouveau disque : everything is alive. Celui-ci a été amorcé dès 2018 par Neil Halstead qui n'a eu cesse de travailler dessus pendant quasiment trois ans à partir de nombreuses idées de morceaux. Les décès à deux mois d'intervalle de la mère de Rachel Goswell et du père de Simon Scott en pleine épidémie de COVID-19 ont forcément eu un impact sur le disque. En conséquence, dans quelle direction musicale le groupe s'est-il engagé ? Eléments de réponse ci-dessous.

kisses, le premier extrait dévoilé au mois de juin, nous entraine vers cette facette pop et mélancolique que les membres de Slowdive ont parfois produits au cours de leur carrière. Cette fois la chanson s'avère un peu plus entrainante que d'accoutumée avec notamment ce côté irrésistible navigant entre l'adolescence et les premiers baisers échangés. On se dit alors que ce cinquième album des Britanniques va être plus catchy que les précédents. Cependant le groupe va continuer à brouiller les pistes en distillant d'autres extraits d'everything is alive. A commencer par skin in the game et sa mélodie langoureuse, suivi, il y a peu, de the slab, morceau puissant, rageur et profondément sombre (qui peut d'ailleurs un peu rappeler le son de Black Hearted Brother, le projet parallèle de Neil Hastead) auquel le groupe ne nous avait pas vraiment habitués. Cet éventail de morceaux affiche déjà une certaine tendance assez éclectique de l'humeur musicale qui figure sur les huit compositions de ce nouveau disque. Cependant toutes les facettes du Slowdive version 2023 ne sont dévoilées sur ces trois pistes. De plus l'une d'elles occupe pourtant une place de choix sur cet album : l'ambient.

shanty, la plage d'ouverture, débute avec un passage électronique assez déroutant pour le fin connaisseur du groupe. Ce n'est que lorsque les guitares commencent à rugir, puis que la batterie, la basse et le clavier génèrent une atmosphère parfaitement mélancolique sur laquelle les voix de Rachel Goswell et de Neil Hasltead viennent enfin se poser, que plus aucun doute n'est permis, c'est bien à Slowdive que nous avons à faire. Cette entame d'album est vraiment parfaite et affiche clairement la mutation entre ce qu'était le groupe et ce qu'il est devenu.
Après un tel morceau à quoi peut s'attendre ensuite ? prayer remembered est un instrumental magnifiquement orchestré s'apparentant à un plongeon dans une abime. Jamais ennuyeuse et follement subtile cette plage ambiante est un bijou à connotation sacrée. On peut d'ailleurs la relier à andalucia plays, autre petit bonheur minimaliste qui nous entraine une fois encore dans des espaces lumineux et inconnus. A côté de ces grands moments de béatitude, on trouve également alife, une autre pop song particulièrement réussie qui devrait séduire les amateurs de kisses. Enfin chained to a cloud, une des chansons favorites de Rachel Goswell sur cet album, s'avère également synthétique, comme la plage d'ouverture, et nous séduit tout au long de ses sept minutes.

everything is alive constitue donc un retour magistral de Slowdive. Celui-ci sublime l'album du come-back paru en 2017. Merveilleuses de bout en bout, passionnantes, osées et addictives, ces huit compositions sont un véritable trésor immensément précieux. Aura-t-il fallu attendre plus de trente-ans pour que le groupe sorte enfin son chef d'œuvre ? C'est bien possible. On peut en tout cas avoir une certitude, on tient bien là l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand, disques de l'année 2023.