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Slowdive
Squid

Paris, YOYO - Palais de Tokyo - 14 novembre 2023

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Au YOYO - Palais de Tokyo, tout est beau et majestueux : de l'attente face à la Tour Eiffel, à l'entrée par un escalier graffé. Dans la salle nous nous sentons comme dans un écrin, privilégiés d'avoir obtenu une invitation. La soirée est organisée et filmée par ARTE Concert, le parti pris est d'avoir de vraies prestations, alors certes il y a trois caméras sur une scène qui n'est déjà pas très grande et deux autres un peu en retrait dans la fosse, pas très grande non plus, mais nous les oublions vite.

Sacrée affiche ce soir pour la dixième édition avec deux groupes qui ont sorti des albums qui vont figurer dans de nombreux palmarès de l'année. D'un côté, le second de Squid, O Monolith, dans la classe de ceux qu'on attend au tournant après un premier essai très réussi. De l'autre, celui de Slowdive, dans un autre style et une catégorie différente, celle des groupes sur le (re-)retour dont on redoute un nouvel opus qui risque de décevoir. Mais il fait parfois faire confiance à ses héros, everything is alive est excellent. Avant ces monuments britanniques, les français de The Psychotic Monks ont l'honneur/lourde tâche d'ouvrir.

Jenny Beth, dans son introduction, s'assure que le public est bien chaud. Personne ne cache sa joie, le spectacle peut commencer. C'est la première fois que je vois en concert The Psychotic Monks, un groupe bien déjanté, qui montre à ceux qui en doutaient encore, qu'il est possible de faire du rock en France, à condition de chanter en anglais ! Le groupe parisien a développé sa propre recette qui mélange beats electro entrainants et... du bruit. Sur les premiers morceaux, les deux guitares servent de générateurs de distorsions, alors que la batterie assez claire balance une rythmique techno. La voix, selon qui chante, est beuglée/criée.
C'est sombre, puissant et j'aime l'idée que cela passe à la télévision. D'ailleurs, ça pogote pas mal aux premiers rangs, ça fera de belles images. Le public venu pour Slowdive ne semble pas s'en offusquer. Les morceaux plus calmes sont aussi plus musicaux, et ne sont pas moins intenses pour autant. L'apport d'une trompette reste original, même si deux des trois groupes présents ce soir en jouent, c'est encore loin d'être un courant majoritaire. Leur musique vient de leurs tripes, c'est personnel même si cela rappelle les artistes bizarres et théâtraux des années 80 (Virgin Prunes, Throbbing Gristle...).

La fierté chauvine va vite passer. Dès les premières notes de Squid, nous passons à un autre niveau de musicalité. Il y a aussi de la trompette et un gros beat, mais la comparaison s'arrête là avec les Psychotic Monks. Sur scène, le quintet de Brighton donne une dimension plus organique et funky à ses morceaux que sur album, le tout avec une formation classique : des claviers, une basse, deux guitares avec des tas d'effets, une batterie, mais aussi des percussions, une trompette et un violoncelle qui ressemble à un X-Wing. A "seulement" cinq sur scène, il faut que les musiciens soient polyvalents pour reproduire la richesse de leurs compositions.
Ils ont joué une centaine de concerts depuis que je les ai vus à Rock en Seine en 2022, et je trouve que leur jeu s'est affiné et que leur charisme a décuplé. Avec un batteur/chanteur, rien de plus naturel que la rythmique soit le fil conducteur des morceaux pour accrocher le public. Une fois pris dans leurs filets, les différentes parties plus ou moins dissonantes qui se superposent finissent de nous séduire. Le groupe ne cache pas sa joie et le public danse dans une ambiance plus joyeuse que leur musique n'aurait pû le laisser présager.

Quand Slowdive montent sur scène, ils semblent aussi là pour s'amuser et régaler leur public. C'est leur premier concert à Paris depuis six ans, et il n'est pas sûr que le jeune public du premier rang ait pu les voir à l'époque. Pas sûr non plus que tout le monde ait été assez rapide pour acheter une place pour leur Cigale à venir en 2024 qui s'est vendue très vite. Ce showcase en est d'autant plus important pour les personnes qui ont la chance d'être là.
Ils entament sur le très planant Shanty, extrait de leur dernier album, pour se mettre dans l'ambiance et enchaînent tout de suite par des classiques de leurs tous débuts, Catch The Breeze et Avalyn. Rachel Goswell distribue des sourires, Neil Halstead a le symbole de la paix sur sa guitare : le shoegaze de Slowdive, même avec des guitares abrasives, reste pacifique et diffuse un sentiment de paix qui fait gentiment planer le public.
Dans une extase générale, le public est ravi d'entendre ses morceaux préférés et le groupe leur joue des titres qu'ils ont écrit il y a trente ans, quand ils avaient leur âge, instants d'éternité. Cela fait littéralement planer deux spectateurs qui finissent en crowd surfing, faisant bien rigoler Rachel Goswell. Le set se termine au final sur 40 Days, la setlist laissait planer le doute (même le doute planait ce soir) avec la possible Golden Hair, la reprise de Syd Barrett qu'ils jouent pourtant régulièrement.

Ce sont donc les échos de 40 Days qui m'accompagneront dans la remontée vers le parvis du Palais de Tokyo.

setlist
    SQUID
    Swing (In A Dream)
    Undergrowth
    Leccy Jam
    G.S.K.
    After The Flash
    Paddling
    The Blades

    SLOWDIVE
    shanty
    Catch The Breeze
    Avalyn
    Souvlaki Space Station
    Sugar For The Pill
    Slomo
    kisses
    Alison
    When The Sun Hits
    40 Days
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